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La légende du château de Hierges

Château de Hierges | ©Raimond Spekking / Wikimedia Commons / CC-BY-SA
Château Légende Château de Hierges

La légende

Le comte de Rethel a trois filles, promises aux trois fils du seigneur de Hierges, leur voisin.

Le triple mariage a lieu. Tout va bien ? Presque, à un détail près, et de taille : les trois jeunes hommes avaient promis d’aller combattre en Terre Sainte…

Ils laissent la garde de leur château de Hierges à leurs épouses.

La séparation est terrible, les larmes coulent, sans fin. Mais le temps finit presque toujours par atténuer toutes les peines, non ?

En plus, les dames n’ont à la fin plus aucunes nouvelles de leurs maris.

Jusqu’au jour où elles ouvrent les portes du château, qu’elles avaient l’habitude de laisser fermées, à trois hommes de la province.

Trois soi-disant chevaliers qui leur rendent les hommages, comme il se doit.

Mais les bougres ont une idée derrière la tête… et bientôt, par une nuit que l’on dit orageuse, les trois femmes finissent par se laisser aller… elles trompent leurs maris !

Cela tombe mal : quasi au même moment, les trois chevaliers étaient sur le chemin du retour. L’armée des Croisés avait repris Jérusalem sur les Sarrasins...

Sauf qu’ils ne les retrouvèrent jamais.

Au cœur de cette nuit noire comme l’encre, un châtiment divin avait changé les trois femmes en trois énormes rochers, au bord de la Meuse, condamnées à pleurer éternellement.

Ces rochers existent toujours : ce sont les Dames de la Meuse.

Surgies au milieu des bois couleur de mousse profonde, les Dames sont d’énormes blocs de roche calcaire, tapis dans un méandre de la Meuse.

Les Dames de la Meuse

Les Dames de la Meuse | ©Pda1766 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Une version poétique de la légende

Une version plus poétique existe, parue dans Revue d’Ardenne et d’Argonne (première année, 1893-94), signée H. Dacremont :

« Un beau matin d’amour, le comte de Rethel en son manoir reçut trois preux, les fils de Hierges. Les trois filles du comte étaient trois blondes vierges, qui promirent aux preux un amour immortel. Avant leur pauvre amour, les trois preux sur l’autel avaient juré d’aller combattre en Palestine. Ils partirent un soir, la croix sur la poitrine, à leurs dames laissant la garde du castel. L’amour chasse l’amour, quand l’oubli se prolonge, l’amour félon chassa l’amour juré. Mais voilà qu’une nuit dans le castel muré, une terreur passa comme un horrible songe. Dans le ciel noir immense, il planait des lueurs. De la terre profonde, il montait des clameurs. Dans l’enfer où pleurait une lugubre plainte, les croisés avaient pris Jérusalem la Sainte. Tandis que dans les bras de leurs amants peureux les dames du castel ont trahi les trois preux, autour du Saint Sépulcre à la lueur des cierges sont ensemble à genoux les trois preux fils de Hierges. Mais de dure façon le Seigneur les vengea, sans pitié pour toujours la nuit même il changea les dames du castel en trois roches énormes qui dressent à jamais leurs trois spectrales formes. Sur la Meuse depuis tristement nuit et jour que renaissent les fleurs, qu'elles s’ouvrent ou meurent, les dames du castel, les traîtresses d’amour, immobiles rochers, éternellement pleurent. »

Source

  • Henri Bardy. Article Les dames de Meuse et les dames d'Entreporte dans Revue géographique internationale (tome 20). 1895.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !