
En deux mots !
C'est dans cette grotte au bord du paisible lac du Bourget qu'Alphonse de Lamartine (1790-1869) passe de longs moments en 1816, accompagné d'un de ses plus grands amours, puis désespérément seul...
Un amour et un lac qui lui inspireront son plus mythique poème, Le Lac (1820), paru dans le recueil des Méditations poétiques ! C'est un succès, qui lui ouvre les portes de la célébrité. C'est une oeuvre qui marque également la naissance du romantisme en France.
La situation du jeune poète, en 1816
Lamartine, en 1816 ? Ce n'est pas encore LE brillant poète, figure du romantisme ! Il a 26 ans, il a quitté un poste de garde du corps du roi Louis XVIII et vit au château familial en Bourgogne.
Sa situation financière est précaire, sa santé fragile, il n'a pas de travail. Il a écrit quelques petites choses, oh, trois fois rien... il se cherche encore, dans tous les sens du terme !

Que fait Lamartine en Savoie ? La genèse
Lamartine arrive à Aix-les-Bains, en Savoie, en octobre 1816, afin de soigner une maladie hépatique et un spleen qui ne le quitte pas.
Un jour, de retour d'une de ses excursions dans la région, il sauve une jeune femme de la noyade, Julie Charles, sur la lac du Bourget : elle se trouvait sur une barque qui avait chaviré.
Un coup de foudre réciproque les enlève et bouleverse leur vie à jamais. Et ça tombe bien, ils sont hébergés au même endroit, dans la pension du docteur qui les soigne tous les deux à Aix (elle souffre d'une tuberculose naissante).

La grotte de Bourdeau
Les deux jeunes gens visitent les environs, passent tout leur temps ensemble... mais chut, en toute discrétion ! La dame de 32 ans est mariée.
Et pour le poète, c'est le lac du Bourget qui a sa préférence. Tout particulièrement cette grotte situer à Bourdeau, avec sa crique de sable donnant sur l'immensité bleue et calme du lac. C'est une petite cavité creusée au pied du mont du Chat, dans le massif du Jura.
Leur idylle dure un court mois. Car la demoiselle, dont la tuberculose ne semble pas vouloir guérir, doit rentrer se reposer à Paris. Elle s'y éteint en 1817.

« Ô temps, suspends ton vol ! »
Lamartine, brisé par la mort de sa bien aimée, revient un an exactement après, sur les lieux de leur belle histoire, en octobre 1817. Le souvenir de ses visites avec Julie lui déchire le coeur, mais lui inspire l'un des plus célèbres poèmes de la littérature française : Le Lac (1820).
Vous savez ? Celui qui commence par « Oh temps ! suspends ton vol... » C'est terriblement beau, c'est grand, universel ! Ça parle d'un amour éphémère et fragile, balayé par le passage du temps, alors que tout autour, la nature n'a pas bougé, comme indifférente... le romantisme dans toute sa splendeur !
Lamartine prie le lac du Bourget de garder à jamais le souvenir des instants heureux passés avec Julie. Face à la brièveté de la vie...
Voilà en tous cas Lamartine, à 30 ans, qui accédait, avec ce chef-d'oeuvre du romantisme, au rang des plus grands de la littérature française...
Sources
François IslerLac du BourgetÉditions La Fontaine de Siloé, 2004