La gare de Carlux : Doisneau, le Périgord et les congés payés

De 1937 à 1939

R. Doisneau (1947)R. Doisneau (1947) | ©Ur Cameras / Flickr / CC-BY

C'est un lieu unique, en France. Le seul espace d'exposition permanente consacré à un monstre de la photographie populaire et humaniste : Robert Doisneau (1912-1994). Mais pourquoi dans une ancienne gare, en plein Périgord, à Carlux ?


Tout part d'une photo ! Celle prise à l'été 1937 par le jeune Doisneau, 25 ans, alors photographe industriel chez Renault. On y voit son épouse Pierrette et 3 de leurs amis, attendant sur le quai.

Gare de CarluxGare de Carlux | ©Père Igor / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

C'était le temps des tous premiers congés payés, institués par le Front Populaire, en 1936... comme des millions d'autres Français, Doisneau en profite ! Cap sur le Lot et la Dordogne voisine, où il pose valises et objectif. Le Périgord, une belle terre dont il tombe illico amoureux.


En 1939, il se rapproche de la célèbre agence Rapho. Il se rêve depuis toujours photographe indépendant... Le patron, Charles Rado, l'encourage dans sa voie, mais lui déconseille de démissionner ! Le salaire gagné chez Renault est bien trop confortable pour être négligé, surtout pour un indépendant...

Gare de CarluxGare de Carlux | ©Cramos / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Doisneau est finalement licencié... pour retards répétés ! Avec les indemnités de licenciement, il achète un nouvel appareil photo et retourne voir Rado. Qui lui demande : quels sont ses projets professionnels ? Doisneau a dans l'idée de partir l'été en Dordogne, faire du canoë, et de réaliser un reportage. Rado est ravi : c'est un beau sujet dont la presse est friande, surtout s'il immortalise les sites préhistoriques et les habitants !


Doisneau prendra ainsi en photos le gouffre de Padirac, la Roche-Gageac, les ateliers de fabrication des foies gras de la marque salardaise Rougié... Il apprend même le début de la Seconde Guerre Mondiale alors qu'il photographie la célèbre grotte des Eyzies ! Fin du reportage, fin de l'insouciance... Doisneau remonte à Paris où il est mobilisé. Mais il reviendra sans cesse dans son cher Périgord, pour immortaliser ses paysages et ses habitants.

Sources

La DépêcheRobert Doisneau photographe du LotLa Dépêche, ladepeche.fr, 21/04/2004

Isabelle-Cécile Le MéeInterview de Francine Deroudille par Isabelle-Cécile Le Mée, « Copyright Doisneau / Rapho »Revue Situ (n°36, 2018)