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La galerie Colbert : concurrence, ministre et cocotiers

Quand : 1826

La galerie | Mbzt / CC-BY
Rue Quartier Galerie Colbert de Paris

Une triste histoire de concurrence

Pauvre passage Colbert !

Il voit le jour en 1826, pour concurrencer sa voisine, la belle galerie Vivienne, née 3 ans plus tôt.

Malgré l’ouverture de plusieurs boutiques de mode et des librairies, il ne prend pas, contrairement à sa concurrente.

Paris ou le livre des Cent-et-Un explique :

« Ce sont deux frères jaloux, rivaux, envieux, se donnant la main pour se la déchirer, les traîtres ! Uniformes par leur parallélisme, ils rejettent tout autre rapport de confraternité. Avides l’un et l’autre d’une supériorité qu’ils se contestent réciproquement. Voyez-vous bien : le passage Vivienne reproche à son confrère l’aristocratie de ses allures, au milieu d’un quartier de travailleurs, et celui-ci rétorque l’argument en lui jetant au nez la vulgarité de son goût pour les bas étages de l’industrie. »

La galerie Colbert a toujours été trop calme, comparée à l’animation foisonnante des boutiques de la galerie Vivienne...

Colbert s'invite dans le passage

La galerie Colbert se construit en 1826 sur l’ancien hôtel Colbert, à l’angle de la rue des Petits-Champs.

Tenez, quand on parle du loup : au-dessus de nos têtes, au niveau du porche d'entrée de la galerie, Colbert nous accueille sur une peinture murale.

Colbert ? Le ministre de Louis XIV, qui donne un coup de pêche à l'économie moribonde du pays.

Il fonde des manufactures partout : glaces de Saint-Gobain, manufactures de draps, etc. Des produits de luxe qui s'exportent.

Regardez ! Que tient-il dans ses mains ?... l'acte de constitution de l'Académie française !

Il montre de son autre main le caducée de Mercure, le dieu du Commerce.

Et dans la rotonde, des stucs rappellent les fonctions occupées par Colbert : l’ancre de marine, entre autres, car il a développé la marine royale !

Les cocotiers et les amoureux

Venez voir la rotonde, la partie de la galerie qui fait le plus d’effet !

Avec son grand dôme de verre, si lumineux... et son ancien candélabre, dont la forme faisait penser à un cocotier.

« Le candélabre qui l’éclaire ressemble à un cocotier au milieu d’une savane », dit Paris ou le livre des Cent-et-Un.

« Autour de lui ont campé les prêtresses de la lingerie et de la parfumerie. J’en ai bien vu des générations de lingères passer et s’éteindre autour du candélabre. »

Oui, les jeunes femmes venaient attendre leurs amoureux, sous la douce lumière pailletée du cocotier...

Plus de cocotier, aujourd’hui, mais une statue de femme en bronze du 19e siècle. Qui attend et semble presque s’ennuyer !

Car aujourd’hui, après avoir échappé à la destruction, le passage n'héberge plus que le restaurant du Grand Colbert et les cours de l’Université Descartes...

Sources

  • Patrice de Moncan. Guide des passages de Paris. Éditions Le Mécène, 2011.
  • Jacques Hillairet. Connaissance du vieux Paris. Éditions Princesse, 1963.
  • Guides Bleus Paris. Hachette, 1994.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !