La Fronde s'invite au château de la Vigne

Claire-ClémenceClaire-Clémence | ©Public domain

Visite surprise !

1650. Jean de Scoraille, le seigneur de La Vigne, reçoit Claire-Clémence de Maillé-Brézé, l'épouse du Grand Condé.

Elle est venue avec toute sa petite cour et son fils, le jeune duc d’Enghien.

Elle allait vers le Limousin et ensuite à Bordeaux, pour tenter de faire libérer son mari, retenu prisonnier par Mazarin : c’est en effet l’époque de la Fronde !

La Fronde, ce grand bazar qui va durer 4 ans, pendant la minorité du jeune Louis XIV, quand guerre avec l’Espagne et impôts trop lourds exaspèrent tout le monde...

Les « grands » du royaume, eux, en ont après Anne d’Autriche (mère de Louis XIV, la régente) et le cardinal Mazarin.

Jean de Scoraille aussi est un ligueur. Alors, ce jour-là, avec la dame de Maillé-Brézé, on se comprend...

Claire de Maillé-Brézé

Claire-Clémence de Maillé-Brézé nait au château de Brézé (49) en 1628.

Son oncle le cardinal de Richelieu la marie à 13 ans à Louis de Bourbon, le futur Grand Condé.

Pour l’instant, il a 20 ans, il est encore duc d’Enghien.

Mais Claire ne va connaitre que des malheurs.

On la dit folle comme sa mère (c’est à prouver) et complètement idiote (sa belle-famille l’a enlevée de chez les siens, pour totalement négliger son éducation).

C’est uniquement pour une histoire de politique qu’on les marie, elle et Louis, son père à lui voulant rentrer dans les petits papiers de Richelieu !

La pauvre, tout le monde se moque d’elle, y compris à un bal où on lui met d’énormes talons, car elle est vraiment toute petite : ça ne rate pas, elle tombe !

La voilà risée de la Cour : courage, Claire, ce n'est pas fini !

Une fin tragique

Méprisée par son mari, humiliée par sa belle-famille, elle lui est pourtant toute dévouée...

Surtout quand il se retrouve enfermé pendant la Fronde, lui, le chef des Frondeurs, enfermé par Mazarin le nouveau cardinal, maintenant que Richelieu est mort.

Elle va tout faire pour le libérer, mais rien à faire : Condé purge sa peine à Vincennes.

Il la remercie, en 1671... en l’enfermant au Château-Raoul (36), à la suite d’une sombre histoire d'adultère supposé avec un valet, un certain Duval : l’affaire tombe bien, il peut se débarrasser de cette petite dinde, enfin.

La pauvre femme meurt dans sa prison berrichonne une vingtaine d’années plus tard.

Personne ne répond présent pour l’enterrement, on ne sait même pas où on l’a inhumée, exactement...

Source

  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.