Folie et rotonde
Le parc Monceau d’aujourd’hui a été aménagé sur un vieux jardin...
Sur l’ancienne folie de Chartres, construite pour le duc d’Orléans Louis-Philippe entre 1769 et 1773 !
Une folie, c’est le mot à la mode à l’époque pour le gratin, pour ne pas dire « maison de campagne. »
Une maison « dans les feuilles », puisque folia désigne la feuille en latin. D’où « folie. »
D’ailleurs, sur le boulevard de Courcelles, on voit une grande rotonde. C’est le pavillon de Chartres !
Construit en 1787 par Ledoux.
Le lieu où les gardiens du mur des Fermiers Généraux ont leur bureau, au rez-de-chaussée et au 1er étage...
Tandis que le duc d’Orléans y aménage une petite pièce cosy au 2e, d’où il a une très belle vue.
Ça, c’est le livre Connaissance du vieux Paris (J. Hillairet, 1954) qui nous le dit.
Et en 1778, le duc commence par planter des arbres sur son terrain, avec dans l’idée de se faire un chouette petit jardin à l’anglaise.
Caféiers et lanternes de cristal
Il charge Carmontelle, peintre et paysagiste, de créer un parc... enchanté.
À l’époque, la balade emmène d’un portique chinois à une galerie couverte qui dessert plusieurs pavillons : le Transparent, le Bleu...
Ensuite, des serres chaudes, puis une fausse grotte où l'on peut se reposer, gardée par un faune tenant une torche dans chaque main.
Une petite rivière passe à côté, au milieu de l’herbe folle et des fleurs.
Viennent ensuite : la Pyramide égyptienne, le jardin Jaune, la tente Tartare, le temple de Marbre, la vigne italienne, le bosquet de la Balançoire...
Une des galeries, dit Histoire anecdotique des barrières de Paris (Alfred Delvau)
« est garnie d’un sable fin et rouge et remplie d’arbres en fleurs tout l’hiver, comme lilas, vigne de Judée, noyers des Indes, bananiers, palmiers, cerisiers, caféiers, thés, cannes de sucre, etc. De distance en distance sont des lanternes de cristal suspendues à leurs rameaux. »
Dans une grotte, le duc donne des dîners.
Il tire un cordon pour que des musiciens, cachés dans une pièce invisible au-dessus, jouent et que les notes, « pénétrant dans cet endroit par les lézardes de la roche qui en forme la voûte, viennent surprendre agréablement les convives et semblent être produits par les prestiges de la féerie. »
La Naumachie de Catherine de Médicis
Mais voilà la Naumachie. Que l’on voit encore aujourd’hui !
Il s'agit du grand bassin ovale entouré d’une colonnade.
Colonnade qui vient de la chapelle Notre-Dame-de-la-Rotonde, construite par Catherine de Médicis.
Accolée à la basilique Saint-Denis, elle devait abriter le tombeau de Henri II (son mari) et le sien. La chapelle avait été détruite en 1719.
La colonnade tire son nom de la naumachie, ce spectacle de combat naval dont raffolaient les Romains...
Mais bon : de la folie du duc, il ne reste plus grand-chose.
À cause du percement du boulevard Malesherbes en 1860, qui ampute le parc.
Et depuis les aménagements de l’ingénieur Alphand, qui a transformé le parc tel qu'on le voit aujourd’hui.