La bataille de Mons-en-Pévèle : canicule et attaque éclair

Stèle de la PaixStèle de la Paix | ©Pierre André Leclercq / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

La stèle de la Paix commémore la féroce et brève bataille de Mons-en-Pévèle.

Le contexte

18 août 1304. On étouffe, sous les armures. Les bouches sont sèches, les esprits ensuqués.

La chaleur est écrasante.

Philippe le Bel va attaquer les Flamands à Mons-en-Pévèle…

Au début de cette histoire, on a le comte de Flandre Guy de Dampierre qui voudrait rendre ses territoires indépendants.

Tout comme Édouard Ier d’Angleterre, duc d’Aquitaine, qui s’affranchirait bien de toute vassalité avec le roi de France…

Vous pensez bien, les deux s’allient, contre Philippe le Bel !

Celui-ci envahit le comté de Flandre en 1297, installe des garnisons dans toutes les cités.

Le roi anglais ne bouge pas le petit doigt pour aider la Flandre : pire, il conclue une alliance avec Philippe le Bel.

La Flandre se retrouve seule contre tous...

Une Flandre où le roi de France impose bientôt le gouverneur Châtillon.

Des émeutes finissent par éclater, la nuit du 17 au 18 mai 1302, à Bruges, rapport aux lourds impôts : les hommes de Châtillon se font massacrer.

Les représailles ? Les Français les attaquent à Courtrai, en 1302. C’est la bataille des Éperons d’or.

Un massacre de chevaliers français, pris au piège dans leurs lourdes armures, dans la boue collante et glacée du champ de bataille.

On ne voit plus que les éperons dorés des morts, qui jonchent le sol…

Puis en août 1304, c’est la revanche à Mons !

Le champ de bataille à MonsLe champ de bataille à Mons | ©Paul Hermans / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Au cœur de la bataille !

Pluie de pierres et chaleur torride

À Mons, les Flamands se sont retranchés derrière un rempart de deux rangées de chariots liés les uns aux autres et de palissades, « afin que nul ne les pût transpercer ni envahir sans grand péril. »

Ils espèrent attirer les Français et les faire attaquer…

Mais Philippe et son armée se contentent de les harceler toute la journée « par de fausses alarmes », à coup de pluie de pierres et de flèches.

Le soir, les Français avaient réussi à mettre en déroute une partie de l’ennemi. En plus, ils sont parvenus à rompre une partie de la palissade et à piquer les vivres des Flamands.

Il fait une chaleur torride. Les Flamands ont une soif terrible, mais rien à boire. Rien à manger non plus, d’ailleurs.

Assoiffés, affamés, rôtis sous la canicule d’août, tués par les machines de jet des Français, il faut une pause.

On se concerte :

« Beaucoup de Français, croyant, pour les messagers qu’ils avaient vus aller d’un camp à l’autre, que la paix fût du tout faite et réformée, se désarmèrent et s’épandirent ça et là ; car il croyait qu’il n’y aurait point de bataille de jour-là. »

Les Flamands en profitent alors à la nuit tombée pour attaquer l’armée du roi. La tente de celui-ci est forcée...

Attaque éclair sur la tente du roi

Philippe le Bel voit plusieurs chevaliers se faire massacrer à ses pieds !

Il se ressaisit vite : il attrape une masse de fer, agrippe les rênes de son cheval, et se jette dans la mêlée.

Compacte ! Grouillante ! Hurlante et sanglante !

Philippe se fait désarçonner, blesser, amocher.

Il manque de se faire tuer par une charge terrible et compacte de Flamands : il ne porte pas son hoqueton semé de fleurs de lys, on ne l’avait pas reconnu !

Ses deux écuyers le remettent en selle, mais à peine sur son cheval, une nouvelle charge violente le fait vaciller.

Un Flamand arrive à blesser le roi à la cuisse, avec une longue pique.

Le cheval s’emballe : d’un bond puissant, il fonce vers d’autres montures et entraîne son cavalier au loin, hors de la mêlée.

« Je pense que Dieu eut non seulement pitié du roi, mais de notre Flandre, à qui de bien plus grandes calamités étaient réservées si le roi de France avait succombé », écrit le chroniqueur flamand Jacques de Meyer.

Pfiou… il s’en est fallu à un crin de cheval pour que le roi meurt.

Au milieu des râles de douleurs et d’armes qui s’entrechoquent, la cavalerie française réussit à repousser l’ennemi. Enfin.

Les Flamands abandonnent le champ de bataille et mettent le cap sur Lille.

On fait les comptes

On évoque le nombre de 14 000 Flamands qui se font tuer, cette journée à Mons-en-Pévèle.

La défaite est rude.

Le 23 juin 1305, on signe la paix d’Athis, qui taxe lourdement les Flamands et annexe les villes flamandes de Lille et Douai.

Philippe le BelPhilippe le Bel | ©The British Library / Public domain

La visite

Que reste-t-il de la bataille de Mons-en-Pévèle, aujourd’hui ?

La Voie du Reste

Ce chemin porte ce nom à cause du « reste » des combattants flamands, qui se replient vers Lille, après la victoire des Français.

La plaine de Sec-Mont

Selon les historiens (et le site officiel de la mairie de Mons-en-Pévèle), cette plaine a servi de champ de bataille.

Les Flamands occupent alors les pentes de la colline, les Français sont campés au prieuré de Faumont.

La stèle de la Paix

Elle a été aménagée en 2004, pour les 700 ans de la bataille.

Le bouclier et l'épée plantée en terre côtoient la fleur de lys unie au lion flamand.

La statue de Notre-Dame de la Poterie

Tout commence lorsque les Brugeois font, au cours de la bataille de Mons-en-Pévèle, le vœu de porter chaque année à Notre-Dame de la Poterie, abbaye brugeoise, un cierge, s’ils rentraient chez eux en vie.

Promesse honorée chaque année depuis 1304.

Et le 23 août 1992, les Brugeois offrent une réplique de cette statue à la commune de Mons-en-Pévèle. La boucle était bouclée...

À voir aussi la plaque commémorative, située derrière la statue !

Sources

  • Edward Le Glay. Histoire des comtes de Flandre. 1886.
  • A. E. C. Dareste de La Chavanne. Histoire de France : depuis les origines jusqu'à nos jours (tome 2). 1874.
  • Henri Martin. Histoire de France. 1860.
La plaque commémorativeLa plaque commémorative | ©Havang(nl) / Wikimedia Commons / CC0
Notre-Dame-de-la-PorterieNotre-Dame-de-la-Porterie | Notre-Dame-de-la-Poterie | ©PX1222 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA