Une ferme-modèle
Colbert, déjà, s’étonnait de la pauvreté des laines fournies par les troupeaux français. Les manufactures du royaume s’approvisionnaient à l’étranger, surtout en Espagne. On essaie en même temps d’améliorer les races indigènes, en vain...
D’Angiviller, gouverneur du domaine de Rambouillet et membre de l'Académie des Sciences, décide enfin de s’atteler à la création d’une ferme-modèle à Rambouillet. Chose faite en 1785 !
Les moutons espagnols
D’Angiviller conseille ensuite au roi, Louis XVI, de s’adresser au roi d’Espagne Charles III, afin obtenir la cession d’un grand troupeau de mérinos. Une race rustique réputée pour sa robustesse et sa laine incroyablement douce...
En 1786, l’Espagne cède 383 bêtes : 42 béliers, 334 brebis, 7 « moutons conducteurs. » Sans oublier les chiens !
Un véritable périple
Le cortège part du sud de l’Espagne avec 5 bergers et un « majoral » : il passe les Pyrénées, remonte lentement la France…
Après 119 jours de voyage éprouvant, tout ce petit monde arrive enfin à Rambouillet, le 12 octobre 1786. Une vingtaine de bêtes n’arrive jamais sur place, morte pendant le périple.
Un froid meurtrier
Les Espagnols ayant assuré aux Français que les bêtes étaient habituées à vivre en plein air et qu’une bergerie les rendraient claustrophobes, on n'avait rien préparé, pour l'arrivée des mérinos.
Sauf que le climat espagnol n’a rien à voir avec celui de l’Ile-de-France ! Il faut au début un peu se battre, pour que tous les moutons ne meurent pas de froid… 35 ne passent pas le premier hiver.
Une acclimatation réussie
Les bergers, dépités, persuadés que toutes les bêtes allaient y passer, veulent rentrer chez eux. Bon, il faut dire qu'on les avait rudement mal logés, au fond du domaine de Rambouillet, dans des masures sinistres longtemps connues sous le nom de Vieilles Bergeries. Dès le printemps 1787, nos bergers quittent Rambouillet, la France…
Les moutons ? Oh ! Ils résistent et finissent même par s’acclimater. Mieux, le troupeau s'agrandit ! La race des mérinos de Rambouillet est unique, on ne l’élève qu’ici : elle est toujours gérée par la Bergerie nationale.
En 2019, on comptait 180 femelles et 20 mâles, soit deux fois moins qu'en 1786 !
Sources
- La page Conservation et expérimentations sur le site internet officiel de la Bergerie Nationale.
- Article Ferme et bergerie royales de Rambouillet. L'Illustration (tome 7). 1846.
- Léon Bernardin. La bergerie de Rambouillet et les mérinos. Mémoires de la Société d'agriculture de France (volume 133). 1889.