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L'enfance d'Henri de Toulouse-Lautrec au château du Bosc

Quand : 1864

Toulouse-Lautrec (H. Rachou, 1883) | ©Didier Descouens / Wikimedia Commons / CC-BY-SA
Château Henri de Toulouse-Lautrec Château du Bosc

Naissance à Albi : les parents sont... cousins

Henri Marie Raymond de Toulouse-Lautrec Monfa naît le 24 novembre 1864 à Albi, dans l’hôtel particulier que sa famille possède.

  • Son père ? Il s’agit du comte Alphonse de Toulouse-Lautrec Monfa ;
  • sa mère, la comtesse Adèle Tapié de Celeyran.

Côté paternel, on descend, en ligne directe, des puissants comtes de Toulouse, qui dirigent le Languedoc entre le 8e et le 13e siècle.

Oui, mais, deux minutes, vous savez quoi ? Adèle et Alphonse sont cousins au premier degré !

Oh, cela se faisait alors, dans les grandes familles nobles : cela évitait la dispersion des patrimoines… bref !

C’est cette union consanguine (ce n’était pas la première, dans la famille) qui malheureusement va engendrer une maladie génétique chez le futur peintre, connue depuis sous le nom de pycnodysostose.

Albi

Albi | ©Lynn Rainard / Flickr / CC-BY-SA

Lou poulit, « joli bébé »

On baptise le petit Henri bébé Lou poulit : « joli bébé », en occitan !

La petite cousine du futur peintre le décrit comme « un robuste bébé au teint très chaud, avec des yeux câlins couleur de châtaigne. »

Mignon, oui... mais tyran « au salon comme à l’office, dès quatre ou cinq ans ! »

Son ami, le critique d’art Thadée Natanson, le dépeint comme

« un enfant volontaire, pour un rien pourpre de colère. Câlin dès qu’on lui cède. Capricieux, affectueux. Ses dons exceptionnels, la tendresse de sa mère en font et feront à jamais un insupportable, mais attachant enfant gâté. »
Château du Bosc

Château du Bosc | ©Krzysztof Golik / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Des jours paisibles au château du Bosc

Le petit Henri grandit entre Albi et Rodez, au château familial du Bosc.

Son enfance et paisible, heureuse, entourée de toute la famille, dans un joli cadre verdoyant. Il y reviendra plus tard, une fois adulte, passer bien des étés !

Mais quelles sont les journées-types, au Bosc ?

Après la messe dans la chapelle du château, Henri et ses cousins prennent leur petit déjeuner vers 8 heures, avec toute la famille, puis les hommes partent à la chasse.

Henri, quand il ne dessine pas, rend visite aux chevaux ou aux chiens, avant d'aller jouer avec ses cousins dans le jardin.

On se retrouve pour la veillée, devant la grande cheminée du salon, où là encore, Henri dessine tout son soul.

Chapelle du château

Chapelle du château | ©Thérèse Gaigé / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

La passion du dessin

Hé oui ! Très tôt, le futur peintre dessine, au château du Bosc, comme partout où il se trouve.

Croque avec talent tout ce qui passe sous ses yeux. Les chevaux, surtout, que son père l'emmène voir aux champs de course, à la chasse, au cirque. Le petit monte d’ailleurs dès l'âge de 4 ans.

Ses parents engagent alors René Princeteau, grand peintre animalier qui lui apprend les rudiments du dessin.

Il faut dire que son père, ancien officier de cavalerie, adore la chasse et les chevaux. Le dessin aussi, qu’il pratique en amateur, tout comme l’oncle Charles ! On voit de qui Henri tient !

Mais bientôt, un orage allait balayer ce paisible ciel bleu, régnant sur le château du Bosc...

Château du Bosc

Château du Bosc | ©Krzysztof Golik / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Une vie brisée, la maladie se déclare

Depuis l'âge de 10 ans, Henri souffre d'un problème osseux. Malgré les cures thermales que sa mère Adèle l’emmène faire régulièrement, dans les Pyrénées.

Bientôt, en mai 1878, un accident frappe le jaune garçon de 14 ans. Accident qui va le laisser lourdement handicapé.

Pourtant, c’est une chute banale : il glisse sur un parquet et se casse le fémur gauche. Les os n'arrivent pas à se ressouder.

Sa mère l'emmène faire une énième cure pyrénéenne à Barèges, rien n'y fait. Pire, Henri refait une chute en glissant dans un ruisseau asséché, et se brise l'autre jambe !

On se rend bien compte qu'il y a un problème, même si la médecine de l'époque ne permet pas encore de mettre un mot sur le mal du jeune garçon, que l’on sait aujourd’hui d’origine génétique.

En tous cas, à partir de ses 14 ans, Henri ne grandira plus, atteignant péniblement, à l'âge adulte, la taille d'1,52m.

Adèle de Toulouse-Lautrec (H. de Toulouse-Lautrec, 1883)

Adèle de Toulouse-Lautrec (H. de Toulouse-Lautrec, 1883) | ©Didier Descouens / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Convalescence au château du Bosc

Henri, au château du Bosc notamment, les deux jambes brisées, doit s’aliter.

Alors, pour passer ce temps terriblement long, le cœur brisé, car ne pouvant plus monter à cheval, il peint. Frénétiquement.

« Dire que si mes jambes avaient été un peu plus longues, je n'aurais pas fait de peinture ! » dira-t-il un jour, devenu adulte.

Une carrière artistique, soutenue par sa mère

Sa mère s'était bien rendu compte de la passion de son fils pour l’art. Bien qu'a l'époque, artiste ne soit pas une carrière, dans une famille noble, elle supportera financièrement son fils jusqu'au bout.

Les deux seront toujours très proches. Les deux ? Quid du père ? Le couple s’était séparé en 1868, pour incompatibilité d'humeur ! C'est Adèle qui élève son fils.

La première œuvre majeure d’Henri, en 1883, représente d'ailleurs sa mère !

Dès 1881, sur les conseils de Princeteau, elle envoie son fils se former dans un atelier à Paris.

Mais Henri reviendra toujours au Bosc, voir sa famille, avec qui il est très proche, notamment cette mère dans les bras desquels il mourra en septembre 1901, à seulement 37 ans...

Sources

  • L'enfance du peintre Henri de Toulouse Lautrec au château du Bosc. Documentaire réalisé par Serge Vincent, produit par l'Association pour la sauvegarde du Vieil Albi, 2013.
  • Toulouse-Lautrec, l'insaisissable. Documentaire réalisé par Gregory Monro. ARTE France, 2019.
  • Henri de Toulouse-Lautrec - Les Grands Maîtres de la Peinture. Documentaire réalisé par Thierry Bruant, Gilbert di Nino et al. 2013.
  • Théodore Duret. Toulouse-Lautrec. 1920.
  • Paul de Lapparent. Toulouse-Lautrec. 1927.
  • Collectif. La vie des grands peintres impressionnistes et Nabis. Albin Michel, 1964.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !