L'empoisonneuse en série Marie Besnard et l’incendie du château de Montpensier

Y a t-il un rapport entre l'incendie du château médiéval de Montpensier, non loin de Loudun, et la célébrissime affaire de la supposée empoisonneuse en série, Marie Besnard ? C'est en tous cas ce que semble insinuer le propriétaire du château, le sieur Massip !

L'affaire Marie Besnard ?

La France de l'après guerre s'est enflammée, passionnée déchaînée pour ce fait divers. Du jamais vu ! Pour cause, l'histoire est digne d'un bon polar, écoutez...

Marie Besnard est accusée, en 1949, d’avoir empoisonné à l’arsenic 12 personnes, dont son second mari, Léon Besnard. Tout cela se déroule à Loudun, en plein Poitou.

Après 3 procès (1952, 1954 et 1961), celle que l'on surnomme la « bonne dame de Loudun » est acquittée en décembre 1961, faute de preuves concluantes. Ce qui en fait l'une des grandes énigmes judiciaires du 20e siècle.

Le château de Montpensier, d'un roi de France à un gentleman farmer excentrique

Le 17 octobre 1948, le château de Montpensier est en train de brûler ! Si ce n'est pas malheureux, lui qui avait tout vu, du haut de son grand âge... Car ce fier château date de la fin du 15e siècle, propriété d'un Bourbon qui avait épousé, tenez vous bien, Jeanne de Valois : la fille légitimée du roi Louis XI et d'une de ses maîtresses...

En 1948, c'en est fini, du sang royal : c'est un certain Auguste Massip qui est propriétaire du vieux château. La cinquantaine bien entamée, il a été ingénieur, parti en Amérique du Sud construire des routes, avant de rentrer en France juste avant la guerre. Il achète le château à Montpensier, où il s'installe en parfait gentleman-farmer haut en couleur. Ses voisins le qualifient... d'illuminé !

En tous cas, l'incendie détruit quasiment tout. Et au milieu des ruines fumantes, Massip fulmine. Il a déjà son coupable en tête : Marie Besnard !

Massip est remonté contre Marie Besnard ! C'est elle qui a allumé l'incendie

Bien sûr que c'est elle, la Besnard ! Elle est venue se venger ! De quoi ? La lettre que Massip avait envoyée au procureur de la République, en novembre 1947 ! Il y écrivait que la dame Pintou, employée des postes, amie et locataire des Besnard, lui avait raconté ceci : Léon Besnard lui avait confié avant de mourir avoir vu sa femme Marie verser un liquide dans sa soupe. Un Léon mort d'une soi disant crise d'urémie... Massip, après recherches, se rend compte que les symptômes de l'urémie sont aussi ceux d'un empoisonnement à l'arsenic !

Massip écrit illico au procureur afin de faire part de ses doutes. Mais l'affaire est vite classée : les gendarmes signalent que « M. Massip est un illusionné qui a la manie d'écrire à n'importe quelle autorité, même au président de la République, pour y exprimer sa pensée » !

En attendant, Massip reste convaincu que Marie Besnard a empoisonné Léon, et qu'en plus, elle a brulé son château pour se venger...

Le vrai coupable ?

Marie Besnard est entendue pour l'incendie du château de Montpensier, mais les charges ne sont pas suffisantes pour l'inculper.

Mais alors, cet incendie ? Qui l'a allumé ? Les enquêteurs identifient les deux coupables : les deux fils d'un des domestiques du châtelain, 5 et 7 ans. Ils ont déclaré le feu bêtement, avec des allumettes dans des fanes de haricots...

La suite de l'histoire, pour Marie Besnard

Pour Marie Besnard, ce n'était pourtant que le début de ses problèmes. Car après l'histoire de l'incendie du château, la rumeur enfle à Loudun, sur cette histoire d'empoisonnement. Un juge diligente l'exhumation du corps de Léon Besnard, le 11 mai 1949. On y retrouve... de l'arsenic !

3 procès, s'étalant sur plus de 10 ans, attendent la dame de Loudun. Elle est accusée du meurtre de Léon, mais aussi de 11 autres personnes de sa proche famille.

Marie Besnard est acquittée en 1961. Les soupçons planeront toujours autour d'elle, jusqu'à sa mort en 1980.

Quid du château de Montpensier, après cette histoire ?

Après le passage d'Auguste Massip, et l'incendie accidentel qui l'a ravagé, le château de Montpensier est laissé pendant des décennies à l'état de ruine. Il est racheté puis progressivement restauré.