Le 19 juin 1464, Louis XI signe, dans le beffroi de Lucheux, cet édit qui organise les postes aux chevaux, en France.
Le beffroi
Alors, ce beffroi dans lequel le roi Louis XI a signé l’édit, rapporte la tradition ?
Le site officiel du tourisme dans la Somme indique qu’il s’agit du plus ancien beffroi-porche du Nord de la France : il date de la fin du 14e siècle (vers 1380), ajoute le site officiel de la commune de Lucheux.
L’édit de Lucheux
La poste n’est pas une création du roi Louis XI, mais plutôt une réorganisation, une amélioration.
Avant elle, au 14e siècle, les messageries royales transportent déjà les courriers en parcourant 150 kilomètres par jour, dit le livre Louis XI de Lydwine Scordia (2015).
Des relais, des chevaux
Le roi Louis XI organise donc la poste aux chevaux. Son principe ?
Des relais de poste, sortes de stations construites de distance en distance avec, à disposition des courriers royaux, des chevaux « frais ».
L’édit de Lucheux (Luxies à l'époque) décide ainsi qu’il soit
« mis et établi spécialement sur les grands chemins de son royaume de quatre en quatre lieues, personnes stables, et qui feront serment de bien et loyalement servir le roi, pour tenir et entretenir quatre ou cinq chevaux de légère taille, bien enharnachés et propres à courir le galop. »
Ces personnes, placées sous l’autorité d’un grand maître, sont appelées « maîtres coureurs ».
L’édit interdit, sous peine de mort, l’utilisation de ces chevaux « pour porter d’autres ordres que ceux du roi » !
La poste évolue
Dès 1470, ajoute le livre Louis XI de Lydwine Scordia (2015), un réseau de « chevaucheurs » part de Tours et s’étend jusqu’à Arras, Bordeaux ou Lyon, avec des relais toutes les 7 lieues.
De quoi permettre au roi d’être renseigné sur les avancées des armées ennemies, en temps de guerre, « dans un délai de 20 à 24 heures » !
Ensuite, une poste d’État (encore réservée à l’élite) voit le jour en 1576, grâce à un édit du roi Henri III.
Puis, en 1597 et 1603, Henri IV établit « la poste aux lettres » pour les particuliers, avant qu’en 1623, les premiers courriers ordinaires ne circulent de Paris à Bordeaux et de Lyon à Toulouse...
Un édit authentique ?
L’édit de Lucheux serait en fait… un faux ! Eugène Vaillé, l’historien de référence concernant la poste française, aurait démontré que l’édit était un faux, apparu au 17e siècle.
Certains mots, certaines tournures utilisés, ne colleraient pas avec le langage du 15e siècle...
Attention : cela ne veut pas dire que Louis XI n’a pas amélioré le système postal français et institué les relais aux chevaux.
La preuve : la nomination, en 1479, d’un sieur Robert de Péan, en tant que « contrôleur des chevaucheurs de l’écurie du roi », pour le contrôle des relais de poste aménagés le long des routes.
Ce qui pose question, c’est l’authenticité de l’édit lui-même... avec, finalement, un doute sur le lieu de sa rédaction et de sa signature.
En tous cas, il semble que la petite histoire a, elle, retenu le beffroi de Lucheux !
Sources
- Ernest Delamont. Notice historique sur la poste aux lettres dans l'antiquité et en France. 1870.
- Josette Desrues. En coche, en tram, en bus : le Paris-Saint-Germain. Presses Franciliennes, 2005.
- Camille Allaz. Histoire de la poste dans le monde. Éditions Pygmalion, 2013.
- Maurice Block. Dictionnaire de l’administration française. 1856.