Le roi Alexandre Ier de Yougoslavie débarque à Marseille en visite officielle.
Le cortège s’engage sur la Canebière, lorsqu’un terroriste tire sur la voiture présidentielle...
Le contexte
La visite a pour but de raffermir les liens unissant France et Yougoslavie. Il faut se serrer les coudes. Pourquoi ?
L’Europe est au plus mal : l’Allemagne d’Hitler et l’Italie de Mussolini font de plus en plus peur, on craint une guerre !
Une nouvelle guerre... mondiale ?
En plus, la Yougoslavie a une frontière avec l’Italie.
Que peut faire la Yougoslavie sur le grand échiquier politique et militaire, se demande la France ?
Accueillons le roi Alexandre Ier, pour en parler.
Le roi a un pressentiment
Le roi a embarqué de Zelenika en Montenegro. Sans son épouse, la reine Marie de Roumanie !
Elle craint le mal de mer : elle prendra le train au dernier moment...
Au moment de monter à bord, on lance au roi : « Vous allez trouver en France quarante millions d’amis ! »
Le roi répond : « Et peut-être aussi quelques-uns de mes ennemis les plus acharnés »...
Aaaah... Alexandre se sent menacé : il a échappé quelques mois plus tôt à une tentative d’assassinat, chez lui.
Des rumeurs d’attentat se sont multipliés, en plus, au cours des derniers jours, à Marseille.
Pourtant, il refuse d’enfiler un gilet pare-balles sous sa chemise, qui le gênait dans ses mouvements. Quand on sait qu’il va être touché à la poitrine...
L'arrivée du roi à Marseille
Ça y est ! Le roi vient d'arriver !
Le ministre des Affaires étrangères, Louis Barthou et le ministre de la marine, François Pietri, accueillent la délégation yougoslave.
Marseille doit accueillir le roi, qui doit ensuite se rendre à Paris : il ne va rester que quelques heures seulement, ici en Provence.
On a prévu un goûter dans les salons de la préfecture, servi par l'épouse du préfet.
On a également prévu de faire visiter la ville au roi. Ce qui inquiète celui-ci, qui paraît très tendu. On le rassure...
16h15... l'heure du crime
Tout le monde prend place dans la voiture noire dont la capote est grande ouverte, prête à se rendre à la préfecture.
Le convoi s'achemine lentement hors du port et s'engage vers la Canebière, grouillante de monde. Du jamais vu !
À 16h15 pétantes, un homme surgit de la foule et se précipite vers la voiture en hurlant « Vive le roi », en faisant feu avec son pistolet automatique qu’il porte à sa ceinture.
Le roi, touché à la poitrine, meurt quelques minutes après, dans la préfecture.
Barthou, touché par les tirs des policiers, meurt à son tour.
L’assassin, lui, aura vidé son chargeur, cramponné à la voiture, avant que la foule ne vienne le lyncher...
Ce qu'il reste de l'assassinat aujourd'hui
Une plaque se trouve sur le lampadaire au niveau du n° 9 de la Canebière - Place du Général-de-Gaulle, à l'endroit exact où l'assassin a frappé.
À voir aussi le monument commémoratif au roi et à Barthou, au croisement des rues de Rome et Paul-Peytral (réalisé en 1938).
Sans oublier... les masques mortuaires des deux victimes, conservés au musée d'Histoire de Marseille.
Une malheureuse première
Il s'agit de l'un des premiers meurtres de l’Histoire filmé en direct, diffusé le lendemain même de l'attentat par les actualités cinématographiques, sans aucune censure.
Voici la vidéo en question...
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Qui est l’assassin ?
Il s’appelle Vlado Tchernozemski, un révolutionnaire bulgare membre d’une organisation révolutionnaire : ils revendiquent le rattachement à la Bulgarie de territoires macédoniens que détient la Yougoslavie.
Après le crime de Marseille, après le lynchage par la foule, il est traîné au poste de police, le corps presque réduit en miettes, piétiné, meurtri de coups de sabre. Il y meurt 19 heures après.
Sa dépouille ? Enterrée dans un endroit tenu secret...
Épilogue
En plus des deux victimes, Alexandre Ier et Barthou, 4 personnes ont été atteintes mortellement.
On aura en prime 10 blessés, dont quatre qui décèderont de leurs blessures par balles perdues.
Dont la toute jeune Yolande Farris, 19 ans, serveuse dans une brasserie voisine...
Le fils d'Alexandre Ier, Pierre II, succède à son père. Comme il est mineur, le cousin de feu le roi prend la régence du pays.
Un pays qui vit ses dernières années : Pierre sera le tout dernier roi yougoslave, avant la prise de pouvoir par les communistes, qui abolissent la monarchie en novembre 1945.
Sources
- Jean-Pax Méfret. 12 assassinats qui ont changé l'Histoire. Pygmalion, 2013
- Philippe Faner. Il y a 80 ans, l'assassinat du roi de Yougoslavie sur La Canebière. La Provence, laprovence.com. 09/10/2014.
- Jacques Pradel. Les grandes affaires criminelles pour les Nuls. Éditions First, 2019.