L'ancien sanatorium de Pen-Bron : quand on soignait la tuberculose avec de l'air iodé et des bains de mer

De 1887 à 1970

Pen-BronPen-Bron | ©Jibi44 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Traiter la tuberculose grâce aux sanatoriums

Derrière cette jolie façade se cache l'histoire de l'ancien sanatorium de Pen-Bron, centre de santé qui accueille, entre 1887 et les années 1970, enfants et adolescents atteints de tuberculose.


Un sanatorium, c'est un centre médical spécialisé dans le traitement des différentes formes de tuberculose. On y traite les patients à base de cures d'air pur et de soleil, de bains de mer, loin de la pollution et des miasmes des grandes villes...


Connue depuis l'Antiquité, la tuberculose (aussi appelée phtisie) fait des ravages au 19e siècle. Touchant toutes les classes sociales, elle atteint particulièrement les milieux ouvriers et défavorisés, où promiscuité, insalubrité et malnutrition favorisent la contamination. Un vaccin ne sera mis au point qu'en 1921... alors en attendant, seul le sanatorium permet la guérison !

Pen-BronPen-Bron | ©Musée de Bretagne / Public domain

La fondation de l'hôpital

On doit la fondation du sanatorium de Pen-Bron à Hippolyte Pallu (1833-1921). Cet ancien officier, devenu inspecteur aux Enfants-Assistés, a fait de la lutte contre la tuberculose le but de sa vie. Il entend donner un cadre de vie sain aux petits tuberculeux, souvent issus de milieux défavorisés, vivant dans des conditions insalubres. À l'époque, on connaît bien les bienfaits du climat marin et du grand air, sur la santé des tuberculeux.


Pallu, soutenu par l'Assistance Publique, voit son projet de fonder un sanatorium se réaliser, en 1887. Son choix s'est porté sur un bel et vaste site entouré par la mer, à La Turballe : Pen-Bron. Au début, il s'installe dans les bâtiments existants, une ancienne conserverie de sardines.


Le beau bâtiment principal de l'hôpital, commencé en 1891, est inauguré en 1906. Le site s'agrandit ensuite grâce aux nombreux dons, avec l'ajout d'une chapelle, notamment.

Pen-BronPen-Bron | ©Musée de Bretagne / Public domain

Les malades : air iodé, bains de mer et huile de foie de morue

Entre temps, le 8 septembre 1887, Pen-Bron accueillait son premier malade : René Guillot, 9 ans. Le pauvre petiot souffre d’une atteinte tuberculeuse de la hanche. Il se mourait littéralement, à l’hospice de Tours... 7 mois de soins plus tard au sanatorium de Pen-Bron, il était guéri !


Ainsi, entre l'ouverture en 1887 et 1891, 675 petits patients passent par le sanatorium. Ils viennent des hospices civils de Nantes, Rouen et Paris pour la majorité, issus de familles modestes voires très défavorisées. Le plus jeune a 4 ans, les plus âgés 20 ans.


Les jeunes malades bénéficient de deux heures de classe par jour, avant de profiter de la vie au grand air. Des lits à roulettes permettent aux plus souffrants, qui doivent rester alités, de sortir des dortoirs et de profiter de l'air et du soleil.


Les nombreux médecins présents sur place leur font alterner les traitements : bains de mer, frictions au savon noir, huile de foie de morue l'hiver, solutions iodées...


Voici une carte postale d'époque, où l'on voit les jeunes « pensionnaires » en pleine recréation :

Pensionnaires de Pen-BronPensionnaires de Pen-Bron | ©Musée de Bretagne / Public domain

L'émouvant petit cimetière

Ce qui rend le site de l'ancien sanatorium particulièrement émouvant, c'est la présence d'un petit cimetière.


On y voit les tombes des enfants et adolescents emportés par la tuberculose, ainsi que les sépultures de quelques religieuses, qui se sont occupés d'eux. Ils avaient entre 4 ans et 20 ans.

Cimetière de Pen-BronCimetière de Pen-Bron | ©Jeanne Menjoulet / Flickr / CC-BY

Quel avenir, pour l'ancien sanatorium ?

Après de nombreuses vicissitudes, le sanatorium se voit transformer en 1981 en centre de rééducation. Mais, ne répondant plus aux normes modernes d’accessibilité, il ferme en 2017. Le site de Pen-Bron est vacant ! Ses beaux bâtiments commencent à se dégrader.


De nouveaux aménagements, actés en 2024, vont comprendre entre autres un hôtel et un écomusée. Ce site historique sera en principe épargné, sans nouvelles constructions, ni démolitions majeures...


Date estimée de fin de réhabilitation ? 2030. Affaire à suivre !

Sources

Michel OriotAu centre marin de Pen Bron, le miracle est permanent depuis 135 ansOuest-France, ouest-france.fr, 17/08/2022

AnonymeHôpital de Pen-Bron, pour le traitement des débilités des deux sexesLibrairie Mellinet & Cie, 1891