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L'air patibulaire... des colonnes de justice de Plourin

Fourches de Plourin | ©Moreau.henri / Wikimedia Commons / CC-BY-SA
Expression française Exécution Fourches patibulaires de Plourin

Direction Plourin (29) et ses fourches patibulaires, pour aborder une célébrissime expression française...

Avoir une mine, un air patibulaire… c’est afficher un air louche, inquiétant.

Mais saviez-vous que cette expression venait du Moyen Âge et de ses effrayantes fourches patibulaires, des gibets servant aux pendaisons ?

Fourches... antiques

Elles tiennent leur nom du latin patibulum, de pateo (« exposer »).

Latin, Antiquité… oui, ces fourches (ou colonnes de justice) ne datent pas du Moyen Âge !

Dictionnaire de la conversation et de la lecture indique à l’article « Fourches patibulaires » que leur origine remonte aux Romains : un individu condamné aux verges était « attaché à un morceau de bois qui se terminait en fourche ; sa tête était fixée à l’extrémité, et dans cet état on le fouettait jusqu’à ce qu’il expirât. »

Corbeaux et cabarets

Les fourches patibulaires désignent un gibet formé de plusieurs colonnes de pierre, sur lesquelles repose une poutre de bois, à l’horizontale.

On pendait les condamnés à cette poutre. Les corps, laissés à la vue des gens pendant des semaines, se faisaient petit à petit picorer par les corbeaux.

On plaçait ces gibets en hauteur, en dehors de la ville, sur un mont, une colline.

Leur vue devait glacer le sang et avoir un effet dissuasif. Voyez un peu : commettez un crime, et vous y serez pendu !

Pourtant, malgré l’odeur de putois crevé qui s’en dégageait et leur air sinistre (d'où notre expression), les gens venaient en masse boire des chopes, dans les cabarets qui pullulaient autour.

Vous ne me croyez pas ? On a retrouvé les vestiges d’une taverne, sur l’emplacement du gibet de Creuë, à Vigneulles-lès-Hattonchâtel (55) !

Une question de nombre

Le droit de fourches patibulaires n’appartenait qu’aux seigneurs haut-justiciers.

Le nombre des colonnes des fourches indique donc la qualité du seigneur qui le faisait construire : Archives d’anthropologie criminelles indiquent que l’on doit compter 6 piliers pour les comtes, 4 pour les barons ou les vicomtes, 3 pour les châtelains.

Le plus célèbre !

Le plus célèbre gibet se trouvait à Paris : le gibet de Montfaucon, proche de l’actuelle place du Colonel-Fabien.

C’est le ministre de Philippe le Bel, Enguerrand de Marigny, qui le fait construire... avant lui-même d’y être pendu !

Une truie, des fourches !

Les fourches servaient à pendre des criminels, oui.

Mais on y exposait également les condamnés exécutés ailleurs, précise le Dictionnaire raisonné de Viollet-le-Duc : les corps des décapités, par exemple, étaient mis dans des sacs.

On y pendait même des animaux, surtout des cochons : ces pauvres bêtes ont beaucoup été condamnées, au Moyen Âge. Leur crime ? Boulotter les petits enfants !

Et si l’on pendait les hommes avec leur vêtement, on habillait aussi les animaux menés au gibet : en 1386, une truie reconnue coupable d’avoir tué un enfant est pendue, vêtue d’un habit d’homme...

Zoom sur les fourches de Plourin

On trouve encore à quelques endroits en France des vestiges de fourches patibulaires, comme ici à Plourin (29).

Le site officiel de la mairie indique que ces fourches ont été découvertes en 1963 dans un champ, en plusieurs morceaux, puis déplacées et remontées en 1992 à leur endroit actuel.

Elles datent du milieu du 16e siècle, elles ont été mises à terre pendant la Révolution : on comprend pourquoi, vu qu’elles représentaient le symbole de l’autorité du seigneur…

C’est en tous cas assez impressionnant, vous ne trouvez pas ?

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !