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Joséphine de Beauharnais et Bois-Préau : une noyade opportune !

Quand : 1796 - 1814

Bois-Préau : statue de Joséphine | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA
Château Joséphine de Beauharnais Napoléon Ier Domaine de Bois-Préau

Le fief d'une grande abbaye

Au début de son histoire, Bois-Préau est un petit fief et son étang appartenant à la grande abbaye de Saint-Denis.

Il s’appelle bois Béranger, en 1230, dans le cartulaire de Saint-Denis.

Jusqu'à ce qu’un certain Frédéric Léonard l'achète en 1696. Il est imprimeur et libraire ordinaire du roi.

Dès 1697, il fait construire une maison entourée d'un jardin et de nombreuses pièces d’eau alimentées par des sources.

Un domaine de 17 hectares... à peu près la taille que fait le parc actuel !

Bois-Préau

Bois-Préau | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA

La dame Julien et son petit paradis sur terre

Après être passé entre plusieurs mains (dont Garnier, le maître d'hôtel de la reine Marie Leszczynska), Bois-Préau passe dans celles du banquier Louis Julien, en 1774.

A sa mort en 1796, sa fille Anne-Marie s’y installe. Elle se plaît énormément, dans ce petit paradis agrémenté de son très joli parc...

Pour rien au monde, celle qui avait passé la cinquantaine (et qui, disait-on alors très vulgairement, était une vielle fille), ne le quitterait !

Même quand un certain Bonaparte propose de lui racheter. Oh ! Le premier consul avait-il une idée, derrière la tête ?

Oui ! Agrandir le domaine voisin de La Malmaison, qui appartient à son épouse Joséphine, qui y passe le plus clair de son temps !

Bois-Préau : le château

Bois-Préau : le château | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA

Noyade dans le parc !

Mais la demoiselle Julien est têtue, dites donc.

Elle refuse à chaque fois, fermement, malgré les offres plus que généreuses de Bonaparte.

Jusqu'à ce jour du 8 mars 1808, où l'on retrouve la dame... noyée, dans l’une des pièces d’eau du parc de Bois-Préau !

Alors qu’elle rendait une simple petite visite à ses blanchisseuses.

Bois-Préau : une pièce d'eau

Bois-Préau : une pièce d'eau | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA

Ferme et résolue ?

Ça, c’est ce que dit la tradition. Mais la vérité ?

Mlle Avrillion, première femme de chambre de Joséphine de Beauharnais, est catégorique, sur la mort de Mlle Julien, qu’elle qualifie de « volontaire » !

Car avant de commettre l’irréparable, cette dernière avait laissé une lettre, dans sa chambre.

Elle y expliquait à sa famille « la résolution qu’elle avait prise de se détruire, afin que l’on ne pût accuser personne de sa mort. »

Bois-Préau

Bois-Préau | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA

Un geste causé par la folie ?

Voilà toute l'histoire...

Le 8 mars 1808, Mlle Julien trouve un prétexte, pour échapper à ses amis qui l’accompagnaient ordinairement, et s’en va seule au milieu des ombrages du parc.

Là, dans l'une des pièces d’eau qui existe encore de nos jours, elle se jette dans la plus grande d’entre elles.

Inquiets de ne pas la voir rentrer en fin d’après-midi, ses amis partent à sa recherche. Quand on retrouve son corps... c’est trop tard !

Mlle Avrillion explique :

« Nous n’avons jamais su quelle cause avait pu porter Mlle Julien à cet acte de désespoir. Elle avait passé l'âge des passions; elle jouissait d'une fortune plus qu'aisée ; n'ayant jamais été mariée, on ne pouvait lui supposer des chagrins domestiques; elle était aimée, considérée de tous les habitants de Rueil, dont plusieurs la connaissaient par ses actes de bienfaisance ; ne trouvant point à sa fatale détermination de motif plausible, on l'attribua à un moment d'aliénation mentale. »
Bois-Préau

Bois-Préau | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA

Napoléon revient à la charge

Quelle que soit la cause de la mort de la pauvre dame Julien, il faut bien avouer… que cela faisait les affaires de Napoléon, devenu empereur !

Figurez-vous que les héritiers de la célibataire endurcie se disent enfin prêt à vendre Bois-Préau.

Oui, mais à un prix supérieur à la valeur réelle…

Même Bonpland, l’intendant de Malmaison, essaie de dissuader Joséphine de son achat !

Il évoque des glaces « hors d’état de servir », qui ont toutes « perdu leur tain par l’extrême humidité de la maison », des parquets « d’un goût très antique, tous hors d’usage »…

Bois-Préau : l'intérieur du château

Bois-Préau : l'intérieur du château | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA

Bois-Préau enfin acheté !

Joséphine s’en fiche ! Elle n’en démord pas. Elle veut Bois-Préau !

En septembre 1809, Napoléon lui écrivait d’ailleurs :

« La maison de la vieille fille ne vaut que 120 000 francs, ils n'en trouveront jamais plus. Cependant je te laisse maîtresse de faire ce que tu voudras, puisque cela t'amuse ; mais une fois achetée, ne fais pas démolir pour y faire quelques rochers. »

Trois semaines après leur divorce, le 15 décembre 1809, Napoléon fait parvenir à Joséphine 200 000 francs, pour acheter Bois-Préau.

Chose faite en début d'année 1810.

On fait détruire la séparation entre les deux parcs de Malmaison et Bois-Préau, afin de ne former qu’un seul et même domaine.

Bois-Préau : l'intérieur du château

Bois-Préau : l'intérieur du château | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA

La fonction de Bois-Préau

Joséphine loge tout le personnel de La Malmaison, à Bois-Préau.

On y compte une trentaine de chambres, dont six appartements à l’étage, notamment réservés à Claude Horeau, docteur du couple impérial, ou à l’intendant Bonpland.

  • Au rez-de-chaussée, une bibliothèque contient plus de 7500 livres ;
  • au premier étage se trouve un cabinet d’histoire naturelle.
Bois-Préau : l'intérieur du château

Bois-Préau : l'intérieur du château | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA

Un soin tout particulier pour le parc

Mais tous les soins de Joséphine se portent sur le parc, avec d’importants travaux commencés en 1813.

Petite particularité : les 30 ouvriers sont choisis parmi les habitants les plus pauvres de Rueil, travail qui leur assurait « du travail et du pain. »

La mort de Joséphine en 1814 stoppe net tous travaux d'aménagement à Bois-Préau, principalement ceux du parc.

Le fils de l’impératrice, le prince Eugène, prendra grand soin du domaine, jusqu'à sa propre mort en 1824.

Sources

  • Jules Jacquin. Rueil, La Malmaison. 1845.
  • Bernard Chevallier. Malmaison : château et domaine des origines à 1904. RMN, 1989.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !