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Joseph Terray, l'abbé vide-gousset au château de La Motte-Tilly

Quand : 1748 - 1778

Joseph Terray par A. Roslin | Austrian National Library (ÖNB) / Public domain
Château Château de la Motte-Tilly

Il a l’air sympathique, l’abbé Joseph Terray, avec son œil qui frise, sur ce portrait signé Alexandre Roslin ?

Mais, c’est qu’il en a déclenché des haines, pourtant, le ministre des finances de Louis XV...

Terray ? Il fait construire le château actuel de La Motte-Tilly, en 1754 !

Abbé libertin... et Vide-Gousset !

L'ascension du petit gars du Rhône

L’histoire de Joseph ?

C’est celle du fils d’un paysan du Rhône, devenu subitement riche grâce à l’héritage de son oncle, médecin de la princesse Palatine (épouse du frère de Louis XIV).

Un oncle qui a fait fortune grâce à de juteuses opérations financières...

Joseph devient abbé et évêque, même s’il n’est pas vraiment porté sur la religion. Non, le libertinage, cela lui va bien !

Protégé par la favorite du roi (La Pompadour), Joseph gravit les échelons dans le petit cercle très fermé de Versailles.

Il devient contrôleur général des Finances en 1769, puis ministre d’État un an plus tard. Pas mal !

Les gens à l’époque le décrivent comme un bosseur acharné.

Mais sa politique est brutale. Hé, il faut renflouer les caisses vides de l’État !

Le peuple se met à le surnommer Vide-Gousset... du nom du gousset, la poche où l'on mettait ses sous.

À cause des impôts qu'il impose, bien trop lourds !

Impayables, les fêtes de Louis XV ?

Joseph démissionne avec l’avènement de Louis XVI, en 1773.

Vous savez quoi ?

À l’occasion des fêtes organisées pour le mariage de Louis XVI et Marie-Antoinette, Louis XV fait à Terray : « Alors, vous les trouvez comment, mes fêtes ? »

Joseph répond : « Impayables ! »

Oui : Louis XV n'a jamais payé les fournisseurs.

Et plus de 10 ans après, ces derniers réclamaient encore leur dû !

Étalon des putains, bourreau de la France : la retraite de Joseph à La Motte

Après sa démission, Joseph se retire à La Motte-Tilly, terre qu'il a achetée en 1748 et où il fait construire le château actuel.

Mais le retour en Champagne ne se fait pas en douceur... Ses Mémoires disent :

« Il courut de grands risques à Choisy, où il était allé passer le bac pour se rendre à sa terre de La Motte, sans y être précisément exilé. À peine y fut-il entré que beaucoup de monde s’amassa sur le bord de la rivière et cria : « - Batelier, jetez à l’eau ce b... de prêtre ! » Il en eut une frayeur telle, que tirant sa bourse et la jetant aux mariniers, il les conjura de le faire aborder bien vite et de le soustraire à la fureur de la canaille. »

Et même après sa mort en 1778, ça continue... Une satire dit :

« Épitaphe de l’abbé Terray, enterré à sa terre de la Motte. 1778. Le grand abbé Terray, le dieu de la finance, l’étalon des putains, le bourreau de la France, est donc enfin trépassé. Ce prêtre a tellement toujours aimé la cotte, Que pour dernier asile, il a choisi La Motte. »

Dans l'intimité de Terray à La Motte

Joseph Terray vit avec son frère Pierre, à La Motte-Tilly.

On ne se refuse rien : les deux frères ont leur propre aile.

Il y a des cheminées et des poêles en faïence dans toutes les pièces.

Et les cuisines ont été aménagées loin, dans les communs, pour éviter le bruit et les odeurs de repas qui mijotent...

Pratique : les plats passent par la « galerie à la romaine » (qui fait communiquer le château avec les communs) jusqu’à l’office, et arrivent à la table des frères, dans la salle à manger !

En 1758, Pierre part : Joseph se retrouve seul à La Motte.

Il re-décore tout, refait les jardins, aménage une orangerie, des serres chaudes et une melonnière !

Voilà : dites-vous qu’en visitant La Motte-Tilly, vous entrez dans le quotidien de Joseph Terray.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !