Jeanne d'Arc secrète : balade insolite en France

Jeanne, Mehun-sur-YèvreJeanne, Mehun-sur-Yèvre | ©Anecdotrip.com

Jeanne d’Arc (1412-1431) ? C’est l’histoire d’une petite paysanne de Lorraine pendant cette guerre médiévale qui déchire le pays en deux, Français contre Anglais.

Pour remettre son roi à sa place sur son trône, la voilà à la rescousse !

Allez, on vous emmène à la découverte de la France de Jeanne, entre secrets, mystères et anecdotes !

SOMMAIRE

1 - Jeanne et la guerre de Cent Ans : quel bazar !

2 - Jeanne, qui es-tu ?

3 - Les reliques de Jeanne

4 - Les 9 vies de Jeanne : mythes et vérités

5 - Itinéraire sur les pas de Jeanne d’Arc


Jeanne et la guerre de Cent Ans : quel bazar !

Qui veut le trône ?

Allez, attaquons avec le contexte ! La guerre de Cent Ans. Pas de panique, je vous ai bien prémâché la chose.

Donc ! De 1337 à 1453, pendant 115 ans, Anglais et Français se déchirent sur notre bonne vieille terre de France.

Boudiou ! Mais pourquoi donc ?! Parce qu’à l’époque, c’est le bazar : Valois Français et Plantagenêts Anglais s’opposent.

Depuis 1328, Philippe VI est roi. Oui, le dernier Capétien direct, Charles IV le Bel, vient juste de passer l’arme à gauche. Sans héritier, il laisse le trône à son cousin Philippe.

Une situation bancale ! Ce n’est pas nous qui le disons : car en 1337 déboule le cousin de Philippe, le roi Edouard III d’Angleterre.

Et qu’est-ce qu’il fait, celui-ci ? Il revendique le trône de France ! Ben tiens... c’est le fils d’Isabelle de France, la fille du roi Philippe le Bel, après tout !

Une crise de rois, la population qui crève de faim, les épidémies... tout fout le camp et s’accumule : voilà en tous cas le début de la fameuse guerre de Cent Ans.

Un roi dingo, une Isabeau pas réglo...

Les guerres s’enchaînent. La France, en sous effectif, vit 3 sales défaites face aux Anglais : Crécy, Poitiers, Azincourt. On est loin des futures victoires de Jeanne... ben oui, et Jeanne, alors, dans tout ça ?

Tout commence en 1420, lorsque la reine Isabeau de Bavière fait signer un traité au roi en place : Charles VI le dingo, son mari, incapable de régner, car dément.

Tenez-vous bien : ledit traité précise que le dauphin Charles VII (son propre fils) est un bâtard (oui, peut-être né de sa coucherie avec son amant Louis d’Orléans), il ne peut donc pas porter la couronne.

En plus de renier son fils, Isabeau la vipère vend carrément la France à l’ennemi avec ce traité... Et voilà Henri V roi de France et d’Angleterre... marié à une des filles d’Isabeau.

Jeanne à la rescousse

Mais c’est n’importe quoi !! Des Anglais sur le trône, et puis quoi encore ? Mais tiens, où se trouve le vrai roi ? Je veux dire Charles VII ?

Le « soi-disant dauphin Charles » comme dit l’ennemi, vit terré à Bourges d’où il contrôle le sud du pays, dans son tout petit « royaume » entouré de fidèles et de sa loyale garde d’Ecossais (on rappellera l’amitié sans faille des Ecossais à la France et leur haine farouche des Anglais).

Alors ? C’est bien lui, le roi légitime, non ? Oui... c’est là que Jeanne intervient pour le hisser sur le trône. Et pour bouter les Anglais hors de France, aussi !

Jeanne, qui es-tu ?

Les parents de la Pucelle

Le père de Jeanne, Jacques d’Arc, vient de Ceffonds en Champagne. Sa mère Isabelle Romée, de Vouthon (Romée car elle avait fait le pèlerinage à Rome). Tous deux sont d’honnêtes laboureurs. Jacques, Catherine, Pierre et Jean, voilà leurs autres enfants.

Ca, c'est ce que dit l’histoire.

Mais Jeanne s’appelle-t-elle vraiment d’Arc ? Garde-t-elle vraiment les moutons ?

Elle dit à son procès n’avoir jamais gardé aucune bête de quelque poil que ce soit. Elle s’occupe juste des chevaux de son père, qu’elle monte à l’occasion (tiens donc, ça augure du bon pour la suite).

En fait, elle s’appelle Jeannette, et pas d’Arc, mais Romée comme maman, car dans le temps au pays, les filles prenaient le nom de leur mère. Jeanne d’Arc est donc née Jeannette Romée...

Il parait qu’il existe un « livre de Poitiers », où a été consigné tout ce qu’a dit Jeanne pendant son procès, tout, son identité, ses secrets... un livre détenu par le Vatican qui refuse bizarrement qu’il soit rendu public... encore une légende ?

Y’a qu’un cheveu sur la tête de Jeanne : à quoi ressemble la Pucelle ?

La colle : à quoi ressemble Jeanne ? On n'a aucun portrait officiel d'elle... mais des témoignages, beaucoup.

  • Elle a une allure élégante, mais un peu mâle dit un témoin.
  • Des cheveux noirs et ronds sur une tête rentrée dans les épaules : eh oui, la coupe au bol de l’époque, « à l’écuelle » comme on dit alors. Désolée messieurs, la Pucelle n’a pas une longue crinière blonde, comme on l’a trop représentée...
  • Des yeux clairs, bleus probablement.
  • Derrière l’oreille droite, une tache rouge que n’arrivent pas à cacher ses cheveux. Ils doivent être rudement courts, ces tifs !
  • En parlant de tifs... Saviez-vous que Jeanne inclut un de ses cheveux dans le cachet de cire rouge d’une lettre écrite pour les gens de Riom ?... Une lettre où elle demande des vivres et de l’argent : on y voyait la signature de Jeanne, le tout scellé d’un gros cachet rouge avec un cheveu noir collé dans la cire.


    Etrange ? Non : c’était la coutume de l’époque, de laisser dans la cire une marque corporelle comme la trace d’un pouce... La lettre existait encore au milieu du XIXe s. Mais aujourd’hui, lettre et cheveu ont bel et bien disparu.

  • Enfin, on apprend que Jeanne est « belle et bien formée », dit son compagnon d’armes Jean d’Aulon (le coquin a vu sa poitrine et ses jambes nues) a « des seins qu’elle avait beaux », dit le duc d’Alençon : roooh, le cochon ! Nooon, il l’a juste vue torse nu en train de faire panser ses blessures...


Mais attention, hein : tous disent n’avoir ressenti aucune tentation... Jeanne, c’est comme un ami, pour eux ! Côté caractère, Jeanne déborde d’énergie (trop, parfois).

Elle parle peu, aussi : « Quand elle était sans harnois, elle était moult simple et peu parlant » rapporte un témoin.

« Selon moi, elle ne savait rien, hors le fait de guerre » dit son hôtesse à Bourges, Marguerite de Touroulde.

La langue de Jeanne

Un coup, Jeanne parle un français impeccable, celui de la cour, un coup elle a un accent lorrain à couper au couteau. Alors, qu’on se mette d’accord : elle parle le français, mais avec son accent lorrain.

D’ailleurs, Vaucouleurs et Domrémy font partie du royaume de France, à l’époque, alors...Elle dit « ti » pour « toi », prononce « ch » le « j ». On le sait car dans une lettre qu’elle dicte, « joyeux » devient « choyeux » : celui à qui elle dicte tique, puis biffe le deuxième...

Les 9 vies de Jeanne : mythes et vérités

Bon, mais alors : qui est vraiment Jeanne d’Arc ? Encore aujourd’hui, on ne sait pas vraiment. Un mythe, un mystère, une énigme de l’Histoire ! Plusieurs choix :

Jeanne ou la piste Claude des Armoises

Jeanne a survécu et a mené une vie tranquille en Lorraine (voir l’article sur le château de Jaulny). FAUX !

Jeanne ou la piste royale

Jeanne était de sang royal, ça explique beaucoup de chose. FAUX !

Eh oui. Ca vous en bouche un coin ? Une version dit que Jeanne serait la fille de la reine Isabeau de Bavière et de son amant Louis d’Orléans.

Mais voilà pourquoi Jeanne semblait aussi bien connaître la cour et ses usages... On la confie tout bébé à la famille d’Arc à Domrémy.

Voilà autre chose ! Elle va grandir sous le ciel de Lorraine pendant qu’on propage l’idée qu’une pucelle envoyée de Dieu va venir sauver le royaume...

Tout Domrémy devait savoir l’identité de l’enfant, mais personne n’a rien dit. On les a payés pour se taire, ou quoi ? Allez, on arrête, on sait aujourd’hui que la théorie de la Jeanne au sang royal est totalement fausse.

Jeanne et Yolande de mèche

Bon, mais pourquoi, tout ça, alors ? Jeanne aurait été l’instrument de Yolande d’Aragon, la belle-doche de Charles VII : elle va se servir d’une vieille prophétie d’une folle illuminée, Marie Robine, qui dit que la France perdue sera sauvée par une pucelle.

On ne sait pas comment, mais Yolande d'Aragon va jouer un rôle dans « l’apparition » de Jeanne : imaginez, une envoyée de Dieu, rien de tel pour flanquer la pétoche à l’ennemi et le déstabiliser. Et ça a marché...

Jeanne en fait n’a joué qu’un tout petit rôle dans la Guerre de Cent Ans. Elle est surtout là pour redonner espoir aux Français dans des temps si sombres, dans une France ensanglantée et calcinée complètement envahie par l’ennemi anglais...

La victoire à Orléans, par exemple, c’est surtout grâce à l’écrasante supériorité numérique des armées du roi de France...

Simple paysanne ou vraie guerrière ?

Donc Jeanne est vraiment une fille du peuple, simple paysanne, qui manie les armes comme personne. Bizarre, non ?Parce qu’en quelques mois, la petite paysanne : se fait recevoir à Vaucouleurs par le seigneur de Baudricourt qui lui donne escorte, épée et un messager royal ; déboule chez le roi de France à Chinon qui aussitôt la reçoit, sans méfiance.

Elle le rencontre pour la première fois, est à l’aise comme si elle avait passé toute sa vie à la cour, tutoie le roi au bout de 5 minutes ; on lui donne des privilèges dignes de princes de sang.

Elle traite ces mêmes princes comme de vieux copains, traitant même Dunois de bâtard (il l’est, oui, mais personne ne l’appelle jamais comme ça, hormis les plus grands dignitaires) ; elle chevauche, manie les armes avec une dextérité folle, impressionne même les soldats les plus aguerris.

Elle n’a eu aucun entraînement et la voilà qui se bat comme un homme après des années d’entraînement. Elle se fait stratège, conseille les tacticiens les plus avisés ; elle est jeune, jolie, bien faite : ses compagnons d’armes le disent tous, mais ils la respectent.

De vieux soudards dont la vie n’a été faite que de tueries et de viols, face à une Jeanne aussi blanche qu’un lis... Ben oui, Jeanne était une vraie pucelle, jusqu’au bout, ça c’est véridique !

Dévotion ou traumatisme ?

Et concernant les voix, pas de débat, on est rationnel : épilepsie, maladie mentale, tout ce que vous voulez. Point barre ! Quoi ? Vous dites que Jeanne est cinglée ?

Meuh non, on n’a pas dit ça...Elle est complètement dingue de religion, en revanche, quasi fanatique : dès les premières manifestations des voix, elle arrête ses jeux d’enfants, son travail aux champs, fuit les gens pour se tourner toute entière vers la religion

Sa dévotion n’a aucune limite, elle ne fait que prier, entend chaque jour la messe et passe ses journées couchée sur la pierre des églises de Domrémy.Il ne faut pas oublier le contexte, surtout : la guerre de Cent Ans. Cette sale guerre, partout, cette guerre partout autour d’elle qui se mêle à ses rêveries et ses jeux innocents.

Le sang, la violence, ses relents de mort et de désolation, les nuits passées sans dormir à attendre le pire... ça vous fatigue un brin les nerfs !


Les reliques de Jeanne


A Chinon, il est un bocal de reliques qui fait fureur. Un certain Ernest Tourlet en parle pour la première fois en 1895...Alors étudiant à la Sorbonne, le jeune Ernest sympathise avec un étudiant en pharmacie, Noblet, qui vient d’emménager dans le même immeuble. Noblet travaille dans une vieille pharmacie rue du Temple, mais celle-ci doit déménager.

Son employeur fait le tri et décide de lui donner un meuble rempli de vieux bocaux poussiéreux : tu parles d’un cadeau ! se dit Noblet, zieutant le truc plutôt imposant qui va à peine rentrer chez lui.

Mais les deux amis décident de nettoyer le meuble et commencent à étudier les bocaux. Et sur l’un d’eux, ils voient écrit... « Restes trouvés sous le bûcher de J. d’Arc. » Miiiince ! Woah, la trouvaille ! Des reliques de Jeanne ?

Ils n’en reviennent pas.Mais avec la guerre de 1870, les 2 amis se perdent de vue. Jusqu’à ce qu’un jour, Noblet revoit finalement Tourlet qui vit à Chinon, et lui propose de lui donner le bocal : les reliques de Jeanne à Chinon, ce sera mieux, non ?

Et en 1893, des experts examinent enfin le contenu. On a 3 restes dedans : un bout de côte humaine brûlée, un os long d’animal, un os plat de chat (quand on brûlait quelqu’un pour sorcellerie, comme Jeanne, on jetait au feu un chat avec.

Le tout enveloppé dans un linge daté du XVe s, plus un bout de bois qui pourrait être celui avec lequel le bourreau a allumé le bûcher de Jeanne ! Woah... Mais on sait qu’elle a été brûlée 3 fois et que ses restes ont été jetés dans la Seine par le bourreau... Alors, cette côte ? Léaki ? Le résultat tombe en 2007 : l’os appartient à une momie égyptienne...


Itinéraire sur les pas de Jeanne d’Arc

Allez, on vous emmène sur les pas de la Pucelle, chez elle en Lorraine mais aussi en Touraine et en Ile-de-France. Pour découvrir des lieux pleins de mystères et de secrets... C’est parti !

Eglise Saint-Rémy de Domrémy-la-Pucelle (88)

Quoi ? : Le baptême de Jeanne

Notre-Dame de Bermont, à Greux (88)

Quoi ? : La Vierge de Jeanne et le vœu de sauver la France

Basilique du Bois-Chenu, à Domrémy-la-Pucelle (88)

Quoi ? : Jeanne, ses voix... et l’arbre des Fées.

Château de Vaucouleurs (55)

Quoi ? : Le départ de Jeanne pour Chinon... et son exorcisme !

Jeanne exorcisée avant son départ pour sa grande mission. Des fois que le Diable l’enverrait !

Abbatiale de Lagny-sur-Marne (77)

Quoi ? : Jeanne fait des miracles !

Jeanne, des miracles ? Bah oui, ça nous étonne qu’à moitié, c’est une sainte en même temps...

Sainte-Catherine de Fierbois (37)

Quoi ? : L’épée de Jeanne

Une épée mythique d’où Jeanne tire toute sa puissance... elle vient de là, en Touraine !

Cathédrale de Toul (54)

Quoi ? : Le mariage loupé de Jeanne

Jeanne d’Arc ? Mariée ? Ben, on croyait... ne croyez plus rien et venez en apprendre plus près de la cathédrale de Toul.

Château de Gien (45) et remparts de Château-Thierry (02)

Quoi ? : Jeanne chasse la maîtresse d'un de ses soldats ; la Pucelle pète son épée, de rage, sur le dos d'une prostituée.

Jeanne, les femmes de mauvaise vie, ça lui sort par les trous de nez. On va voir comment elle s’en débarrasse, dans ces deux villes !

Château de Sully-sur-Loire (45)

Quoi ? : Jeanne échappe de peu à une tentative d’assassinat !

Le conseiller La Trémoille, qui mène le roi Charles VII à la baguette et joue sur tous les tableaux pour s’enrichir (surtout du côté des Anglais) voit d’un sale œil l’arrivée de la Pucelle... qui pourrait contrecarrer ses plans ! Et s’il la jetait du haut d’une tour, à Sully ?

Château de Jaulny (54)

Quoi ? : Claude des Armoises, l’autre Jeanne d’Arc ?

Où on apprend que Jeanne ne serait pas morte à Rouen et comment on la retrouve mariée dans un château de Lorraine...