Jean-Denis Cochin, fondateur de l'hôpital qui porte son nom, repose à Saint-Jacques-du-Haut-Pas

Cochin, son portrait et sa plaque funéraire à St-Jacques-du-Haut-PasCochin, son portrait et sa plaque funéraire à St-Jacques-du-Haut-Pas | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Une plaque, sous les dalles du chœur, marque l'emplacement d’une tombe : celle du plus célèbre curé de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, Jean-Denis Cochin, mort en 1783.


Cochin ? Comme l’hôpital parisien du 14e arrondissement, tout proche de Saint-Jacques ? Tout juste ! La fondation de l’actuel hôpital Cochin en 1780, c’est lui !

À l'origine de l'hôpital Cochin ? Les poumons des carriers du faubourg Saint-Jacques

Plus qu’un prêtre (Denis a été curé de Saint-Jacques-du-Haut-Pas les 26 dernières années de sa vie), Cochin se consacre tout entier au sort des plus pauvres de ses paroissiens.


Car à l'époque, de nombreux ouvriers habitent le faubourg Saint-Jacques. La grosse majorité travaille dans les carrières de pierres, qui pullulent dans le quartier.


Ces pauvres ouvriers, en plus de leurs terribles conditions de travail, souffrent tous de maladies pulmonaires. Sans compter les accidents quotidiens ! Aucun hôpital ne les prend en charge, excepté l'Hôtel-Dieu, au centre de Paris... pas vraiment la porte à côté !


Denis, lui, côtoie cette misère depuis belle lurette : il faut dire qu’il y est né, dans le quartier Saint-Jacques, en 1726... Mais il n’en peut plus. Alors, en 1780, il claque tout son petit pécule pour fonder un hôpital, situé rue du Faubourg-Saint-Jacques.


On pose la première pierre en septembre 1780. Pas en grande pompe, comme on le fait d’habitude. Non ! C’est très touchant : deux pauvres gens, un homme et une femme, s’en chargent, avec les outils utilisés par le petit Louis XIV, pour poser la première pierre du Val-de-Grâce voisin.


Et attendez : l’hospice en question s’appelle d’abord « Hospice de la paroisse de Saint-Jacques-du-Haut-Pas », pour devenir tout simplement (nom qu’il porte encore aujourd’hui)... hôpital Cochin, en 1802 !


Au début, l’hospice compte 38 lits. Mais la fondation de Denis Cochin ne va faire que s’agrandir : elle annexe en 1902 son voisin l’hôpital Ricord (fondé en 1792, dédié aux maladies vénériennes), puis la Maternité de Port-Royal (ancienne et célébrissime abbaye du même nom) et enfin l’hôpital Tarnier, fondé en 1881.

La petite anecdote qui va bien

Denis Cochin est un vrai papa, pour tous les pauvres gens du faubourg Saint-Jacques. La preuve ? Cette anecdote personnelle datant de sa jeunesse, qu'il aimait bien raconter lui-même, en souriant...


Le paternel du tout jeune Denis, ancien conseiller d’État, lui donne 2 louis par mois, qu'il peut dépenser comme bon lui semble. Mais quand on s’appelle Cochin et quand on se préoccupe plus des autres que de soi-même... oui, vous avez deviné : Denis donne tous ses sous aux plus pauvres.


Alors souvent, à la moitié du mois, il n’a pratiquement plus rien... les gens le savent bien et ne lui demandent rien. Sauf... qu’un jour, une de ses paroissiennes, mère de famille, rapplique, désespérée.


Son mari n’a plus de travail, plus de revenus, ses enfants sont malades, cela fait 2 jours qu’ils n’ont rien mangé. « Pitié, aidez-moi ! » sanglote-t-elle.


Denis rougit. Bredouille. Désolé, il n’a rien ! La dame soupire qu’elle sait bien, qu’il a déjà tout donné, mais... Peut-être que le bon Dieu aura mis quelque chose dans ses poches ? Denis sourit, et touche machinalement l'une de ses poches... qui tinte... quoi ? Il y a 2 écus, dedans ! Denis les donne à la dame, bien sûr, tout gêné. Cette dernière croit qu’il a menti...


Le soir, de retour à son séminaire de Saint-Sulpice, Denis raconte son histoire. Un collègue se lève, rit, et lui dit qu’il s'est juste trompé de pantalon en s'habillant, il lui a pris le sien, avec ses sous dans une poche !


Le père de Denis lui donne de quoi rembourser son ami, plus 4 écus par mois, au cas où l’envie de faire de nouveaux « miracles » le prenait...

Où trouver Denis Cochin à Saint-Jacques-du-Haut-Pas ?

À Saint-Jacques-du-Haut-Pas, on peut voir un portrait de Cochin (18e siècle), ainsi que 2 plaques funéraires : une moderne sur les dalles du chœur, qui rappelle que l’épitaphe originale de Cochin se trouvait devant l’autel.


Mais la pierre, très usée, a disparu quand on a changé les dalles à cet endroit. Les descendants de Denis Cochin l’ont remplacée par une inscription latine, fixée sur le mur à côté de la sacristie.