Hugues de Berzé, poète et croisé
Et aussi
Les tops
Quand : 1150 - 1220
Vous vous souvenez ? On avait déjà rencontré un poète de langue d’oc, au château d’Hautefort (24) : Bertran de Born.
Voilà son pendant bourguignon, un peu moins virulent, peut-être, plus mélancolique...
Son nom ? Hugues de Berzé, chevalier croisé au XIIe siècle qui participe à la 4e et à la 5e croisade... mais il est aussi trouvère à ses heures perdues !
On lui doit la Bible au seigneur de Berzil (Berzé), écrit à Constantinople et qui dénonce les travers religieux et la décadence des hommes de son époque.
Oh, oui, Hugues n’est « ni clerc ni lettré », mais il a fait la guerre, parcouru le monde, aimé des dames, bref, a bien vécu et s’est forgé une expérience hors pair :
« Cil qui plus voit, plus doit savoir Quiconque a beaucoup vu, Doit avoir beaucoup retenu. »
Ça, c’est lui qui le dit... Il a fait la Croisade, est entré dans Constantinople avec le roi Beaudoin, a vu tous les changements (les 4 empereurs déchus et tués en moins de 2 ans)... et goûté à mille richesses :
« Et quand nous eûmes bientôt mis Sous nos pieds tous nos ennemis, Et nous fûmes de pauvreté Hors, plongés en la richesse, Aux émeraudes, aux rubis,
« Et aux pourpres et aux samis, Et aux terres et aux jardins, Et aux beaux palais marberins, Alors nous mimes Dieu en oubli. »

Le château de Berzé | ©pjacquet / CC-BY-SA
Une fois revenu dans son fief bourguignon, Hugues repense à sa vie, où il a fait « mainte oiseuse, mainte folie ».
Il compose des chansons d’amour, mais aussi des chants sur les croisades et sur les chevaliers.
Des chevaliers loin de l’image irréprochable qu’on leur prête !
Non, des bêtes sauvages dont il dénonce les mœurs dissolues, des bêtes allant jusqu’à rançonner les pauvres gens !
Il n’épargne personne, et constate les choses bien amèrement :
« Certains d'entre nous sont usuriers, les autres larrons ou meurtriers, les autres sont plein de luxure, et les autres de démesure. »
Sources
- Charles Lenient. La satire en France au Moyen Age. 1883.
- Abbé Henry. Histoire de la poésie : poésie française au Moyen Age. 1855.