Gaudérique fait tomber la pluie à Saint-Martin du Canigou
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Le laboureur et le déluge
Non, non. Ce n'est pas une blague. Gaudérique fait tomber la pluie ! Mais qui c’est, ce saint ?
Un saint très local, puisque vénéré dans le coin de Perpignan et de Saint-Martin-du-Canigou, et plus généralement dans le Roussillon.
Il a vécu au IXe s, dans l’actuelle petite commune de Saint-Gaudéric (11). Son métier ?
Laboureur ! On dit qu’il fait tomber la pluie, rapport à une vieille tradition qui dit qu’un jour que Gaudérique se trouve à labourer son champ, une tempête horrible avec tonnerre et éclairs se déchaîne brutalement.
Il se met à prier.
Aussitôt, le flot de flotte s’écarte de son champ et de lui... tandis que la campagne autour se fait inonder.
Danse de la pluie
Mais une autre tradition liée à l’eau dit la chose suivante.
Dès qu’il y avait une bonne grosse sécheresse, hop, on trimballait les os du saint dans son reliquaire, en procession.
Pour faire tomber la flotte ! Mieux qu’une danse indienne de la pluie...
D’ailleurs, pendant une procession organisée pour stopper la canicule, l’évêque de Toulouse voit qu’une source miraculeuse jaillit soudain à l’endroit où ils ont posé le reliquaire de Gaudérique.
Cambriolage de relique dans l'air
Mais comment les reliques de Gaudérique atterrissent au Canigou ?
C’est le comte de Cerdagne et de Conflent Guifred II et sa femme Guisla qui fondent l’abbaye.
Le comte a bien vu le « succès » de l'abbaye voisine de Cuxa !... et ce sont des moines de Cuxa, d'ailleurs, qui viennent s'installer au Canigou !
L'évêque d'Elne consacre l'église en 1009. L'achèvement de la construction des bâtiments suit peu après.
Mais le comte veut des reliques, pour son abbaye ! Parce des reliques, ça attire du pèlerin.
Et qui dit pèlerinage dit... argent. Ouais, mais les reliques, ça tombe pas du ciel.
Non. A l’époque, on les vole. Une pratique super courante, alors !
Guifred dépêche donc quelques hommes à Toulouse, en 1014, pour y voler des reliques.
N’importe lesquelles, hein.
Ses hommes entendent parler des ossements d’un certain saint Gaudérique... Ça fera l’affaire.
Le biographe anonyme du saint dit que ses os reposaient à Saint-Sernin, et que la grille qui les protégeait était plus facile à briser que celle des autres églises.
Ils attendent la nuit pour revenir en douce voler les reliques...
Hop ! Guifred fait construire une petite chapelle juste à côté de l'église du Canigou, pour les exposer.
Notre homme enrichit ainsi considérablement l'abbaye et même après sa disparition, les dons continuent d'affluer.
Et la pluie de tomber sur le Canigou ?
Sources
- Adrien Salvan. Histoire générale de l'église de Toulouse. 1857.
- François Font. Histoire de l'abbaye royale de Saint-Martin du Canigou. 1903.