Pour créer son mythique Fantôme de l’Opéra, l’écrivain Gaston Leroux s’est inspiré d’une légende et de plusieurs faits divers troublants, survenus ici, à l'Opéra Garnier...
Le Fantôme de Leroux
Entre fantastique et enquête policière, le roman publié en 1910 met en scène Erik, musicien défiguré se cachant derrière un masque, qui hante l’Opéra et tourmente ceux qui y travaillent, machinistes comme artistes.
Un fantôme, enfermé dans les sous-sols de l'Opéra pour l’éternité...
Certains affirment avoir vu son visage déformé, ses traits hideux... tout sauf humains.
Le fantôme tombe amoureux de la belle héroïne, la chanteuse qui, tous les soirs, joue sur scène.
Son amoureux la sauve des griffes du fantôme qui l’a enlevée et ce dernier pourra enfin trouver la paix.
Faits divers troublants à l'Opéra
À la base de ce best-seller, il y a plusieurs faits divers qui se sont déroulés au cours du 19e siècle, au cœur de l’Opéra même.
Tout commence avec cet accident...
Faust et le lustre fatal
20 mai 1896. 2000 personnes assistent à la représentation de Faust quand soudain, le contrepoids du lustre géant (près de 8 tonnes) se brise et s'écrase sur la salle.
Sans explication. L’accident fait une seule malheureuse victime.
Et dire que pour éviter l’accident, justement, ledit lustre était retenu par plusieurs câbles...
En tous cas, l’accident inspire Gaston Leroux pour son Fantôme de l’Opéra !
On lit dans la première partie, au chapitre 8 :
« D’un commun mouvement, ils levèrent la tête au plafond et poussèrent un cri terrible. Le lustre, l’immense masse du lustre glissait, venait à eux. Décroché, le lustre plongeait des hauteurs de la salle et s’abîmait au milieu de l’orchestre, parmi mille clameurs. Ce fut une épouvante, un sauve-qui-peut général. Il y eut de nombreux blessés et une morte. Le lustre s’était écrasé sur la tête de la malheureuse qui était venue ce soir-là, à l’Opéra, pour la première fois de sa vie. Elle était morte sur le coup et le lendemain, un journal paraissait avec cette manchette : Deux cent mille kilos sur la tête d’une concierge ! »
On murmure même que la pauvre victime occupait le siège numéro 13...
Série noire !
Le lustre n'est que le premier accident d’une série noire !
Car dès son inauguration en janvier 1875, l’Opéra Garnier est victime d’une série d’accidents inexpliqués.
Déjà, un machiniste est retrouvé pendu : Revue et gazette musicale de Paris (tome 12, 1855) précise que l’homme, un certain Joseph Buquet, était alcoolique et suicidaire. Buvant de l’eau-de-vie avec des collègues, un soir, il lève son verre et lance « C’est le dernier. »
Ensuite, une danseuse tombe d’une galerie : on la retrouve écrasée sur la 13e marche du grand escalier, qui depuis, parait-il, est éraflée.
Puis, en 1896, l’accident du grand lustre, que l’on vient de voir.
Et puis, à suivre, l’histoire terrible du jeune pianiste...
Le pianiste défiguré
Dans les sous-sols de l’Opéra, on retrouve un jour un squelette. Une victime des troubles de la Commune de Paris de 1871, les sous-sols de l’Opéra ayant servi de prison.
Oh ! Aurait-on mis la main sur le Fantôme ?
Pas tout à fait, mais Gaston Leroux s’inspire de ce squelette, couplé à un fait divers tragique : l’incendie de la salle parisienne Le Peletier, en 1873.
Le brasier brûle atrocement un jeune pianiste au visage et tue sa fiancée.
Traumatisé et défiguré, il se réfugie dans un bassin sous l’Opéra Garnier...
Deux étranges métiers
Mais Leroux évoque aussi des choses bien réelles, dans son roman !
À l'image de ces deux étranges métiers pratiqués à l’Opéra Garnier, pourtant véridiques !
Le premier ? Le « fermeur de portes » ! Actif dans les coulisses, il évite que les courants d’air n’enrhument les chanteuses lyriques !
L’autre, c'est le « tueur de rats. » Ces petites bestioles pullulent dans l’Opéra et font des dégâts colossaux.
On appelle alors un type qui promet l’éradication totale. Effectivement, après plusieurs passages, plus un rongeur ne cavale !
Il révèle son secret : un parfum de son invention, auquel les rats ne peuvent résister. Il suffisait de les attirer avec, pour les mener dans une cave où il les noyait…
Conclusion
La légende, le fantasme, la réalité se retrouvent, à l'Opéra Garnier !
Pourquoi ne pas y venir et prendre la loge numéro 5, que le Fantôme se serait réservé ?
Pour y percer, qui sait, le mystère.
Depuis 2011, un petit panneau indique sobrement sur la porte « Loge du Fantôme de l'Opéra. »
Leroux indique que l'une des colonnes qui l'encadre est creuse, permettant au Fantôme de se glisser dans ladite loge par un système de trappe secrète...
Sources
- François Caradec. Guide du Paris mystérieux. Éditions Tchou, 1976.
- Didier Decoin. Dictionnaire amoureux des faits divers. Éditions Plon, 2014.