Eudes de Pesmes, le loup coupable

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Assis au-dessus des eaux vertes de l'Ognon, les toits couleur potiron et les murs blancs du château naissent au 10e siècle, à une époque où invasions hongroises et guerres rythment la vie quotidienne.

Les puissants sires de Pesmes sont à l'origine de sa fondation de la forteresse.

Une vie faite de guerres, mais aussi de drôles de coutumes, dont certaines nous paraissent aujourd'hui complètement folles...

Par exemple, celle de faire des procès aux animaux. Pour tout et n’importe quoi. N’importe quoi, oui, surtout !

Mises en accusations, simulacres de procès, condamnations à mort le plus souvent... les choses allaient vite.

C’est le cas d’un loup du « bois des Clefs, atteint et convaincu d’avoir étranglé la mule du curé de Pesmes. »

On vient l’attacher aux fourches patibulaires de la ville (une sorte de grand gibet), quand, au moment de rendre son dernier soupir, le loup se met à parler d’une voix d’homme, rauque et haletante !

Il déclare se nommer Eudes, feu seigneur baron de Pesmes, mort depuis des lustres, « coupable de plusieurs larcins et mort déconfès. » C’est-à-dire... sans confession.

Eudes avoue alors tous ses péchés d’une traite, et charge son arrière-petit-fils de rendre le bois des Clefs, qu’il avait en fait volé à une dame du voisinage.

Le rejeton refuse sec, disant qu’un loup n’avait rien à dire. Et la dame spoliée n'a pas eu non plus son mot à dire !

Source

  • Charles Thuriet. Traditions populaires de la Haute-Saône et du Jura. 1892.