Le musée des arts
Ce musée a été aménagé en 1833 dans l'ancien hôtel de Villeneuve-Marignan, construit entre 1740 et 1750 par Jean-Baptiste et François Franque.
Cette belle maison se trouve rue Joseph-Vernet, anciennement rue Calade : la calade en Provence désigne une voie pavée de galets ronds provenant de la Durance ou du Rhône !
Mais que voit-on dans ce musée ? Peintures flamandes, objets d'art médiéval et de la Renaissance, orfèvreries espagnoles, peintures françaises du 16e au 20e siècle avec Géricault, Corot, Vigée-Lebrun, Corneille de Lyon, Le Nain, Parrocel, Vernet, Hubert Robert, Chassériau...
Il reste de l'ancien hôtel quelques belles pièces de réception : le hall d'entrée, l'escalier et la méridienne : une petite pièce dédiée au repos, en boiseries et stucs typiques du 18e siècle.
Ajoutez à cela le superbe portail d'entrée réalisé par Noël Biret, qui a légué sa collection de ferronnerie au musée, en 1916 !
Le musée a été fondé par Esprit Calvet, professeur à la faculté de médecine de l'université d'Avignon, qui lègue ses collections et ses livres à la ville.
Un premier fonds alimenté par d'autres pièces, au 20e siècle...
Qui est Calvet ?
Touche à tout !
Esprit-Claude-François Calvet, issu d'une vieille famille de magistrats originaire de la région toulousaine, naît le 24 novembre 1728.
Il fait ses études chez les Jésuites d'Avignon jusqu'à l'âge de 15 ans.
Là, il part étudier à Lyon puis à Paris. Étudier quoi ?
Car son cœur balance entre l'Histoire et la médecine...
Finalement, il décide de faire des études de médecine à Montpellier, pour ensuite venir vivre à Avignon.
Spécialisé dans l'étude de l'anatomie, il écrit de colossales mémoires portant à la fois sur la médecine, la chimie, la physique, l'archéologie, la botanique...
Esprit curieux, le sieur Calvet ! Tout l’intéresse.
La collection d'Esprit
Mais c'est surtout un grand collectionneur qui voulait depuis très longtemps une grande et belle bibliothèque.
Celle-ci compte près de 5 000 volumes, qu'il léguera avec toutes ses collections à la ville d'Avignon ! Bref !
On a dit qu'Esprit s'est installé à Avignon.
Il y travaille à l’hôpital Sainte-Marthe en tant que médecin-en-chef.
Mais en 1752, il s'est trop fatigué les yeux à parcourir ses vieux manuscrits. Il doit se reposer un peu.
Pendant sa convalescence, il peint, écrit des poèmes, s'occupe de classifier et thésauriser la flore du Vaucluse.
Il collectionne aussi les médailles et réunit 12 000 pièces en tout !
Résultat, les têtes couronnées et le gratin de l'époque veulent visiter les collections d'Esprit.
L'usure guette
À la Révolution, Esprit se voit contraint de vendre une partie de sa collection, pour vivre. Un déchirement...
Mais il n'a pas le temps de ressasser sa tristesse, le tumulte révolutionnaire le rappelle à la réalité !
Il doit soigner les blessés qui affluent en masse dans les hôpitaux de la ville. Esprit se fatigue vite.
Il doit se retirer, usé, pour finalement mourir à Avignon le 25 juillet 1810.
La popularité des collections de Calvet ne faiblit pas, même après sa disparition.
À tel point que la ville ne tarde pas à aménager le musée.
Stendhal en dira en 1837 :
« Il règne en ce lieu une tranquillité profonde qui m’a rappelé les belles églises d’Italie ; l’âme, déjà à demi séparée des vains intérêts du monde, est disposée à sentir la beauté sublime. »