
Le pavillon d'accueil, c'est ce bâtiment qui accueille le public, à l'Assemblée nationale : il se situe à droite des célèbres colonnades de la façade donnant quai d'Orsay. Il doit sa construction en 1887 à un événement bien particulier !
Ferry, un homme politique impopulaire, déjà attaqué une fois !
Un attentat vient d'avoir lieu au Palais-Bourbon ! La victime ? Jules Ferry (1832-1893) ! Ce célèbre homme politique est notamment connu pour ses réformes éducatives (école laïque, gratuite et obligatoire) et sa politique coloniale impérialiste.
En 1887, c'est une figure très controversée et de plus en plus impopulaire, déjà victime d'une tentative d'assassinat en 1883.
Tour à tour député, ministre (Affaires étrangères, Instruction publique), président du Sénat (record du mandat le plus court, 21 jours !), Ferry vient d'échouer à l'élection présidentielle de décembre 1887 : on lui a préféré Sadi Carnot...
Trois balles tirées !
Le 10 décembre 1887, un homme de 43 ans, blond, petite barbe, demande à parler à Jules Ferry, dans la grande rotonde du Palais-Bourbon. Oui, à l'époque, on y entre comme dans un moulin : n'importe quel quidam peut aller et venir à sa guise...
Le sieur se présente en donnant sa carte de visite, au nom d’Édouard Hervé, directeur du journal Le Soleil. Alors qu'il vient de donner une lettre à Ferry et que celui-ci la décachette, l'homme lui tire trois balles, à bout portant ! Ferry vacille, blessé à l'épaule et à l'aine, mais superficiellement.

Un fou paranoïaque ?
La foule se jette sur l'individu, manquant de le lyncher ! L'assaillant s'appelle Aubertin. Inventeur de profession, ce Lorrain souffrant de délire de persécution s'est mis dans la tête de tuer Ferry. Il raconte d'ailleurs avoir tué un tyran, déclarant faire partie d’un groupe de 20 patriotes, tous bien décidés à éliminer Ferry !
Il est très vite déclaré fou par les médecins qui le suivent, à l'asile où il est détenu : jugé irresponsable de ses actes, il échappe à un procès.
Des lésions qui entraîneront la mort de Ferry des années plus tard
Alors oui, l’attentat échoue lamentablement. Ferry n'est pas mort. Mais... les blessures qui paraissaient superficielles ont en fait entraîné des lésions qui ont endommagé le coeur : Ferry meurt d’un infarctus du myocarde le 17 mars 1893, à l'âge de 60 ans.
Lui qui avait déclaré le lendemain de l'attentat à la presse : « Je vais aussi bien que possible, j’ai dû être trempé dans le Styx » !
Le pavillon d'accueil du public, construit après cette tentative d'assassinat
En 1879, il était déjà question de faire construire une salle d’attente pour les visiteurs, afin de séparer l’entrée des députés de celle du public.
C'est cet attentat contre Jules Ferry qui accélère le projet ! La réalisation est confiée à l'architecte Edmond de Joly. Ce bâtiment, toujours aujourd'hui, accueille le public, à droite des célèbres colonnades de la façade du palais.
Mais jusqu'à quand ? Le projet de construction d'un pavillon plus moderne (prevu pour 2028) a été annoncé par le Palais-Bourbon, en juin 2025. Il remplacera l’actuel pavillon de 1887, voué lui... à la destruction. Un pan de l'histoire du 19e siècle qui s'apprête peut-être à disparaître ?
Sources
David CarretteLa République sous haute tension : trois balles pour Jules FerryLe Journal de Saône-et-Loire, lejsl.com, 22/12/2013
CollectifHistoire et PatrimoineSite officiel de l'Assemblée nationale, assemblee-nationale.fr