De quand date la première minute de silence en France ?

Arc de Triomphe, vers 1900Arc de Triomphe, vers 1900 | ©Rijksmuseum / CC0

À chaque drame, catastrophe ou disparition de personnalités publiques, en France, chacun est invité à observer un moment de recueillement : la bien connue minute de silence. Bien connue, oui... mais d'où vient cette tradition ? Depuis quand la respecte-t-on en France ?


C'est au Portugal que la minute de silence naît en 1912. Enfin... les 10 minutes de silence ! Le 10 février de cette année-là, le ministre brésilien des Affaires étrangères meurt de maladie. L'annonce de la disparition de cet homme très apprécié des Portugais est un choc ! Très apprécié, car il avait été le premier à reconnaître la République portugaise, née après le coup d'État militaire contre la monarchie de Manuel II. Le Parlement décide donc de suspendre sa séance 30 minutes et d'observer le plus grand silence pendant... 10 minutes.


Les Britanniques adoptent à leur tour cette tradition en 1919, pour célébrer l'Armistice. Mais, bon, 10 minutes, c'était bien trop long... on réduit la durée à 2 minutes ! Nos voisins d'outre Manche avaient-ils été inspirés par les Portugais ? Mystère ! Bref. Revenons à nos moutons.


Car quid de la France ? La toute première minute de silence tricolore a lieu à Paris, devant l'arc de Triomphe, le 11 novembre 1922. Elle vient commémorer l'armistice de la Première Guerre Mondiale. À 11h et 11 minutes très précisément !

Avant celà, on célébrait la fin du conflit en faisant sonner le glas dans les églises et tirer des coups de canons. Mais par une loi votée quelques jours plus tôt (24 octobre) et promulguée par le président du Conseil Raymond Poincaré, le 11 novembre devenait jour férié et rendait un hommage national aux soldats morts pour la patrie.


Le quotidien socialiste Le Populaire rapporte (ironiquement) ceci, le lendemain de cette première commémoration officielle de 1922 :

« Sur la proposition d’on ne sait quel spirituel personnage, à moins que ce soit sur celle d’un journaliste à court de copie, il avait été décidé qu’à 11 heures, chacun observerait une minute de silence, sans doute pour bien se pénétrer des joies patriotiques que nous réserve la prochaine dernière. »

Au début, en France, on réserve la minute de silence à la célébration de l'Armistice, avant de voir son usage s'étendre à d'autres célébrations.

Sources

Benoît KermoalLa loi sur le 11 novembre a 100 ansFondation Jean Jaurès, jean-jaures.org, 10/11/2022