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Dans l'église de Vivonne, Ravaillac a la vision qui devait le conduire à l'assassinat d'Henri IV

En avr. 1610

RavaillacRavaillac | ©Rijksmuseum / CC0

Le fanatique Ravaillac a assassiné Henri IV... vous aussi, c'est ce que vous avez appris sur les bancs de l'école ? Hé bien... le célèbre régicide ne serait en fait que le bras armé d'un complot ! Car ils sont nombreux, ceux qui ont voulu la peau du bon roi Henri IV ! Marie de Médicis son épouse, son cousin l'archiduc Albert d'Autriche... Mais bref, c'est une autre histoire !

Ravaillac en route vers sa funeste destinée à Paris

Fin avril 1610, un homme solitaire entre dans l'église Saint-Georges de Vivonne, non loin de Poitiers. Il entend s'y reposer un peu. C'est que le chemin, depuis sa ville natale d'Angoulême, a été fatigant !


François Ravaillac (car c'était bien lui) y était né en 1577. Catéchèse sans argent, instable mentalement, élevé dans la haîne des protestants, il souffre d'hallucinations de plus en plus fréquentes.


À Angoulême, partout l'on racontait que le pape et le roi Henri IV allaient entrer en guerre. Pour Ravaillac, le bon catholique, c'est trop. Il fallait arrêter le roi : tous les moyens seraient bons. Voilà pourquoi il a quitté Angoulême pour la capitale. Mais Ravaillac attend juste, pour agir... un signe du Ciel. Il va l'avoir à Vivonne !

Église de VivonneÉglise de Vivonne | ©Peter Potrowl / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

La vision de Ravaillac à l'intérieur de l'église

Alors qu'il prie dans l'église de Vivonne, son regard se pose sur un tableau, représentant saint Georges contre le dragon. Devant la toile, un étrange visage, une « figure de Maure », apparaît soudain ! Qui le dévisage en silence, intensément.


Pour Ravaillac ce pauvre fou, c'est le signe tant attendu. Il faut aller combattre le dragon, tel saint Georges... Henri IV !


Lors de son procès, Ravaillac raconte qu'il lui avait semblé voir la tête d'un Maure placée dans un triangle :

« Comme il voulait conserver la forme exacte de cette apparition en la traçant aussitôt sur le papier, il pria un peintre, logé avec lui, de lui prêter son écritoire qui était justement en forme de triangle, et il se trouva que ce peintre avait aussi le portrait d'un Maure. Étonné de cette rencontre, il se persuada que ce Maure, partout présent à son regard, n'était autre que le roi dont toute l'eau de la mer ne pouvait laver la noirceur. »

Église de VivonneÉglise de Vivonne | ©Peter Potrowl / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

L'arme du crime volée à Vivonne ? Pas si sûr !

Suite à cette vision qui le met dans tous ses états, Ravaillac se rend à l'Hostellerie de la Croix-Blanche, voisine de l'église de Vivonne : il y demande à manger. Alors que la servante lui tourne le dos, affairée à sa marmite, il lui pique un couteau qui traîne sur la table. L'arme qui s'abattra sur le roi...


Ravaillac pouvait quitter Vivonne et faire route vers Paris, accomplir son triste destin ! À moins que ?... Cette histoire de couteau ne serait qu'une belle tradition vivonnoise, en réalité.


L'historien Jean-Christian Petitfils, dans son livre L'assassinat d'Henri IV (2013), raconte que François Ravaillac est arrivé... sans arme, à Paris. Il se procure le couteau du crime, dans un hôtel près des Quinze-Vingts, « long comme une espèce de baïonnette et tranchant des deux côtés. »

Sources

Jacques PineauMystères de leur histoire : Lusignan, Vivonne, Couhé, Château-LarcherImprimerie Texier, 1977

Jean-Christian PetitfilsL'assassinat d'Henri IVPerrin, 2013

Anaïs BazinHistoire de France sous Louis XIII (tome 1)Libraires Wouters, Raspoet et Cie, 1842