De quoi est mort Dagobert ?
Dagobert meurt le 19 janvier 638, à l’âge de 36 ans, dans son domaine d’Épinay-sur-Seine.
Un terrible flux de ventre le tenaillait depuis début 638.
Par flux de ventre, on entend... dysenterie. Que l'on ne soigne pas encore à l’époque !
Tradition cassée
À l’inverse de ses prédécesseurs, ensevelis à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, Dagobert casse la tradition : il se fait inhumer à Saint-Denis.
Ce qui en fait le tout premier roi enterré à Saint-Denis !
La tradition murmure d’ailleurs qu’on lui doit la fondation de la basilique…
Son arrière-grand-mère Arégonde y reposait déjà, depuis 570.
La tombe de Saint-Denis
À Saint-Denis, Dagobert se fait inhumer près du grand autel.
Repos éternel un brin troublé par l’invasion normande, au 9e siècle : les barbares détruisent son tombeau !
La sépulture actuelle date de l’époque de saint Louis.
En forme de chapelle ogivale, elle a été sculptée en pierre de liais, un calcaire au grain très fin, parfait pour les sculptures.
Coup de bol, le corps du roi a échappé au saccage des Normands.
On a placé sa dépouille dans un sarcophage de lumachelle gris, creusé dans la masse : une tombe plate sur laquelle le roi est représenté en relief.
Ce que racontent les sculptures du tombeau
De chaque côté du sarcophage, vous verrez Nanthilde, l’épouse de Dagobert et Clovis II, leur fils.
Nanchilde, qui survit trois ans à Dagobert, se trouvait inhumée de l’autre côté du monument.
Au-dessus, c’est là que cela commence à devenir intéressant. On a l’histoire légendaire, sur trois étages, de la façon dont saint Denis sauve l’âme de Dagobert…
Acte 1
Un prince franc, Ansoald, revenait de Sicile, peu après la mort de Dagobert.
Voulant se reposer un peu, il accoste sur une île, y rencontre l'ermite Jean, avec qui il se met à discuter.
De fil en aiguille, les deux hommes en arrivent à causer de Dagobert.
Enfin, c’est Jean, qui commence : il dit à Ansoald qu’il faut prier pour l’âme du roi, qu’il a vu, tenez-vous bien, en bien mauvaise posture en Enfer !
Acte 2
Le deuxième acte s’ouvre : Jean a vu le pauvre Dagobert traversant le Styx, enjambant des démons immondes tentant de l’en empêcher.
Dagobert hurlait, hurlait, priait saints Denis et Martin de le délivrer de là...
Acte 3
Place à l'acte final ! L’âme de Dagobert, sous la forme d’un enfant, monte au ciel, accueillie par saints Denis, Maurice et Martin, qui l’ont finalement sauvée des démons...
1793, l'ouverture du tombeau
Une statue androgyne !
1793 ! Sale temps, pour Saint-Denis.
Des révolutionnaires survoltés brisent le corps en pierre du roi Dagobert et la tête de la reine Nanthilde.
Quand on restaure le tombeau, au 19e siècle, on soude ensemble les deux parties conservées.
Cet ensemble androgyne a été admiré par une foule de curieux avec des oooh et des aaah de ravissement...
Avant qu’on ne décide de donner un corps d’homme à la tête de Dagobert et un corps de femme à la tête de Nanthilde !
Soie et plomb
Le 19 octobre 1793, à l’ouverture des tombeaux, on trouve les restes du roi enveloppés dans des morceaux de soie, renfermés dans un coffre de bois garni de plomb.
Tout près, ceux de la reine Nanthilde.
La tête de Dagobert, séparée du corps, reposait dans un trou creusé dans la pierre (La Mosaïque, 1834).
Source
- Ferdinand de Guilhermy. Monographie de l'église royale de Saint-Denis. 1848.