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D'où vient l'expression mouton de Panurge ?

Quand : 1548

Moutons | ©Päivi Nietosvaara / Pixabay
Maison Expression française François Rabelais Maison de La Devinière

Mouton de Panurge, késaco ?

On appelle ainsi celui qui agit bêtement comme les autres, sans réfléchir.

L’expression nous vient de François Rabelais : une allusion au tour que Panurge joue à Dindenault dans le roman Pantagruel, Quart Livre, chapitre 8 (1548).

Un peu plus de détails

Pantagruel, Panurge et Epsitemon, qui ont pris la mer pour consulter l’oracle de la Dive Bouteille, tombent sur un bateau marchand.

On discute, on échange les dernières nouvelles… jusqu’à ce que Panurge se prenne le bec avec le marchand de moutons Dindenault, qui le traite de face de cocu.

Aaaah, Panurge… soulard, bagarreur, sans scrupules, la peur de sa vie est de se retrouver cocu.

Il voudrait bien se marier, mais… il a peur d’être fait cocu. L’insulte du marchand de bestiaux lui fait donc vriller la tête !

Panurge l’insulte à son tour. Paf ! Le marchand veut dégainer son couteau, mais l’air salée de la mer a rouillé la lame : elle reste coincée dans le fourreau.

Panurge appelle son ami Pantagruel à la rescousse.

Celui-ci sort sa lame et « eut félonnement occis le marchand » si les passagers du bateau n’étaient pas intervenus...

Allez : les esprits finissent par se calmer, on se retrouve autour d’un verre.

Panurge, néanmoins, rumine sa vengeance. Il murmure à ses amis de rester à l’écart et de le regarder faire.

Il demande alors au marchand de lui vendre un de ses moutons. Dindenault rigole, se moque, l’insulte à nouveau.

Panurge reste de marbre : il veut acheter un mouton, point barre ! Il le paiera une fortune, s’il le faut !

Le marché finit par se faire. Panurge paie, choisit son mouton et l’emporte tout bêlant. Ses autres congénères quadrupèdes, bêlant tous à qui mieux mieux, le regardent partir.

Sur quoi sans crier gare, Panurge jette le pauvre mouton à la mer, « criant et bêlant », suivi… par tous les autres moutons criant et bêlant !

« La foule était à qui premier y sauterait après leur compagnon. Possible n’était les en garder. Comme vous savez être du mouton le naturel, toujours suivre le premier, quelque part qu’il aille. Aussi le dit Aristote, être le plus sot et inepte animal du monde. Le marchand, tout effrayé de ce que devant ses yeux périr voyait et noyer ses moutons, s’efforçait les empêcher et retenir de tout son pouvoir, mais c’était en vain. Tous à la file sautaient dedans la mer et périssaient. »

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !