
Un bouton. Un bête bouton d’argent accroché à la veste d’un moine dominicain.
Qui tombe sur une plaque de verre coloriée, que l’on met sur le feu.
Après cuisson, surprise : une auréole dorée s’était formée autour du bouton fondu.
Ça, c'est ce que la légende dit sur le jaune d’argent, le jaune d’Évreux : découvert par hasard !
Voilà ce qui fait la rareté de certains des vitraux de la cathédrale d'Évreux : l’utilisation du jaune d’argent, aussi connu sous le nom de jaune d'Évreux !
Un jaune composé d’ocre orangé mélangée à du chlorure d’argent.

On le découvre au milieu du 14e siècle, et l’art du vitrail se retrouve tout chamboulé : avant, si on voulait par exemple obtenir une robe jaune, on se servait d’un verre teint dans sa masse en jaune, ensuite découpé selon la forme voulue.
Après, on enfermait cette forme dans du plomb qui en épousait les contours.
Mais avec le jaune d’argent, on a une nouvelle couleur à ajouter à la palette, que l’on applique directement sur le verre, au pinceau.
Plus des infinis camaïeux de jaune, du doré au orangé ardent !
Sans compter les combinaisons, par exemple avec le bleu, pour obtenir du vert. Magique...
Les plus beaux exemples utilisant le jaune d’Évreux dans la cathédrale Notre-Dame se trouvent parmi les vitraux de la baie nord :
- celui représentant le chanoine Raoul de Ferrières et une Vierge à l’Enfant (début 14e siècle) ;
- celui avec l’évêque Geoffroy Faë et saint Martin.