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Châteaux hantés

Image d'illustration | ©Reinhold Silbermann / Pixabay
Légende Mystère Fantôme

Dame blanche, dame verte, pauvres âmes égarées... Quel château de France n'a pas son fantôme ?

Anecdotrip vous a sélectionné quelques unes des histoires les plus marquantes...

SOMMAIRE

1 - Donjon de Jouy (18) 2 - Château d'Alençon (61) 3 - Château de Montmaur (05) 4 - Château de Lichecourt (88) 5 - Château du Rocher (53) 6 - Château de Veauce (03) 7 - Château de Montségur-sur-Lauzon (26) 8 - Château de Puymartin (24)

Donjon de Jouy (18)

Une étrange découverte

Nous voilà à Sancoins, petite commune située aux confins du Cher et de la Bourgogne. Et qu'y a-t-il à voir, ici ? Un donjon en ruine au milieu de son parc. Elle est bien belle, cette ruine, même si le temps a fait son œuvre !

Haut de 27 m, autrefois, le donjon n'est plus habité depuis les guerres de Religion.

La redécouverte date de 1862 ; un certain monsieur Desnoyers devient propriétaire des ruines. Il décide de désencombrer l'édifice et ses alentours de tous les gravats qui s'accumulent là depuis des siècles.

Mais dans une des salles du second étage, stupeur !

On découvre... deux squelettes (dont on suppose qu'ils ont dû souffrir avant de mourir, on verra pourquoi), l'un portant au doigt une bague en or avec l'inscription gothique « Je suis neuve aussi », anneau de fiançailles typique. Ça alors !

La belle et les bêtes

Ces deux corps pourraient-ils avoir un rapport avec cette légende, qui dit qu'encore aujourd'hui, deux silhouettes blanches gémissantes hantent la tour à la tombée du jour ?...

La tradition locale veut que ce soient les restes d'un couple de jeunes gens qui aurait péri dans l'incendie du château de Jouy, brasier allumé par le sieur de Grivel, comte d'Ourouer et seigneur de Grossouvre...

Voilà toute l'histoire : nous sommes à la fin du XVe s. Au château de Jouy vit un jeune seigneur, dont on n'a pas retenu le nom. Au château voisin de Grossouvre vit le sire de Grivel avec sa fille, une demoiselle très jolie, la plus belle du pays !

Les deux seigneurs entretiennent d'excellents rapports de voisinage et viennent souvent se rendre une petite visite dans leur château respectif.

Un jour, le jeune homme aperçoit la belle et bien sûr... en tombe éperdument amoureux. Et les sentiments sont réciproques ! Mais Grivel n'est pas vraiment d'accord... Le seigneur attendait peut-être mieux pour sa fille ! On n'en sait rien !

En tous cas, les deux hommes n'arrivent pas à se mettre d'accord, s'embrouillent, se disputent violemment. Mais, trop tard... le sire de Jouy avait déjà passé l'anneau de fiançailles au doigt de la jeune fille...

Faits comme des rats

Elle prie alors son père de se calmer et d'accepter leur union. Mais rien à faire...

Désespérée, elle décide un soir de quitter la demeure familiale, aidée de son fiancé qui l'attend un peu plus loin avec des chevaux. C'est que de Grossouvre à Sancoins, on n'a pas beaucoup de route à faire...

Mais quand le père s'aperçoit de l'absence de sa fille, il se met à tempêter et rager si fort qu'il jure de faire payer les deux jeunes gens.

Il appelle tous ses hommes, avec un seul mot d'ordre : assiéger le château de Jouy ! Mais une fois sur place, le seigneur de Grivel se heurte à un problème de taille.

Les puissants murs de Jouy les empêchent de faire quoique ce soit ! Alors, il y met le feu...

Un gigantesque brasier qui ne tarde pas à déloger les deux amants ; paniqués, ils escaladent tant bien que mal le sommet du donjon, jusqu'à se rendre compte... qu'ils sont piégés comme des rats !

Cheval fantôme

Prisonniers des flammes, condamnés à une mort atroce... Le seigneur de Givrel a-t-il vu sa propre fille succomber, brûlée vive ?

En tous cas, on raconte que tous les ans, le jour de l'accident, on voit en haut de la tour la châtelaine en robe de deuil avec un chevalier à ses côtés ; qu'ils montent sur un cheval noir et s'envolent dans les airs...

D'autres fois, des gens ont aperçu deux silhouettes sur un cheval faisant en silence le tour du donjon ; d'autres ont vu dans la terre l'empreinte des pas de la jeune femme, à l'entrée d'un souterrain qu'on trouve sous le château...

Sources

  • A.Menu. Les fiancés des châteaux de Jouy et de Grossouvre. Revue du Centre. avril 1881.
  • Compte-rendu des travaux de la Société du Berry à Paris (10e année). 1863.

Château d'Alençon (61)

Un seigneur jaloux

Grosse forteresse, que le château d'Alençon, autrefois ! De larges fossés profonds et un haut mur d'enceinte flanqué de 11 tours le défendaient ; on compte parmi elles la tour Giroie (détruite vers 1780), la tour Salée et la tour Couronnée, composée de deux tours crénelées.

Celle-ci servait de logement aux gouverneurs, mais il y a longtemps, elle abritait les appartements d'une très belle dame, Marie Anson. Et voilà le début de notre histoire !

C'est parti...

Marie Anson avait épousé un chevalier, Renaud, qui malheureusement partait longtemps guerroyer. En plus, pas de chance, le seigneur est très, très jaloux ! La belle accouche d'un fils pendant une de ses absences.

A son retour, Renaud apprend la nouvelle : il se précipite dans la chambre de sa femme, saisit le nouveau-né... et le tue. Il attache ensuite son épouse à la queue de son cheval et la traîne au galop sur les cailloux dans tout le parc d'Alençon.

Pauvre dame blanche

La pauvre Marie meurt à la fin de son calvaire. Pauvre, oui ! Car n'en déplaise à son mari, la jeune femme avait toujours été d'une parfaite fidélité !

Si, si... Renaud l'apprend de la bouche de sa femme, qui voulait se confesser à un prêtre juste avant de mourir : elle n'a rien fait... Elle ne peut pas mentir, pas juste avant de rendre l'âme... Innocente...

Le mot tourne dans la tête de Renaud, sans cesse. On dit qu'il mourra très vite, dévoré par les regrets. Depuis la « dame du parc » apparaît vers minuit : elle jette un cri déchirant et disparaît aussitôt.

On dit aussi qu'en bas du château, on l'a vu laver ses vêtements ensanglantés dans les eaux de la Briante, au pied de la tour... une lavandière de nuit ?

La légende de Marie Anson

Il existe une autre version de la légende, qui dit qu'un traître (un amoureux éconduit ?) a volé à Marie son anneau d'or, pour en faire un double et le porter au mari : voilà la preuve flagrante de l'infidélité de sa femme ! Il aurait reçu son alliance en gage d'amour...

En tous cas, une chose reste sûre : on ne sait pas si c'est un fait réel, mais aucune histoire de ce genre n'a été notée dans toute l'histoire du château.

On ne connaît pas de sieur d'Ançon ou Anson, mais peut-être Marie Anson est en fait Mariançon, diminutif de Marianne ?

Source

  • M. de La Sicotière. La légende de Marie Anson. Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne (tome 1). 1882.

Château de Montmaur (05)

Balthazar, c'est moi

Certaines nuits, on entend son pas lourd traîner dans les couloirs du château... On le connaît bien ici, et on est plus étonné de rencontrer sa silhouette, dans ce château de Montmaur qui fut le sien, bien des siècles auparavant...

Mais qui ça ?! Balthazar de Flotte de Montauban ! Un personnage haut en couleur, celui-là.

Né en 1554, on le couvre très vite de tous les honneurs possibles et inimaginables :

  • comte de La Roche, baron de Montmaur ;
  • guidon de la compagnie du maréchal de Bellegarde en 1577 ;
  • gouverneur du Languedoc en 1578 ;
  • chevalier de l'ordre du roi en 1580 ;
  • capitaine d'une compagnie de 50 hommes ;
  • gouverneur de Romans entre 1587 et 1598...

Bigame !

Mais Balthazar prend part dans une conspiration contre le duc de Savoie Charles-Emmanuel : le complot échoue, et le duc chasse Balthazar de la ville de Romans dont il était pourtant gouverneur. Il s'enfuit en Savoie histoire de se faire oublier, et Henri IV lui pardonne : mieux, on le fait écuyer du roi en 1603 !

On n'est pas trop rancunier... Balthazar ne s'assagit pas pour autant. Le voilà qui devient bigame ! Oui, puisque le monsieur avait épousé dans le plus grand secret Isabeau des Astards en 1573, avant de se marier en 1590 avec Marthe de Clermont d'Amboise.

Bien sûr, on lui fait un procès et on lui confisque la moitié de sa fortune.

Je reviendrai vous hanter

Comme si ça ne suffisait pas... En 1612, notre Balthazar est accusé d'avoir participé à l'assassinat d'un prêtre italien, don Stéphano, qui détenait des papiers pouvant intéresser le duc de Savoie... Cette fois, il n'y coupera pas !

Il sera exécuté en place de Grève le 6 août 1614...

Sa famille, complètement ruinée et déshonorée, perd la puissante situation qu'elle avait sur tout le Dauphiné. Et voilà !

Depuis, la légende dit que Balthazar revient hanter les murs de son beau château. Mais quel château ? Celui de Montmaur, autrefois siège d'une des 4 grandes baronnies du Dauphiné !

Source

  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas. 2001.

Château de Lichecourt (88)

Mort au château

Les chouettes et autres hiboux ululent la nuit, doux bruit qui normalement ne devraient pas faire dresser les cheveux... à moins qu'on ne soit du côté de Lichecourt, une nuit de pleine lune !

Un hibou blanc vient vous frôler le dos, poussant un cri à vous glacer le sang... voilà la Dame de Lichecourt !

Triste légende qui rappelle pourquoi on a longtemps confondu l'envol rapide des petites chouettes effraie avec l’apparition de Dames blanches, fugaces éclairs blancs dans la nuit noire...

Voilà la légende : nous voilà au XVIIIe s : Anne de Henenzel de Grandmont, épouse de Jacques de Fleury, meurt de maladie dans une des chambres du château de Lichecourt.

Une sinistre chouette blanche

Ses parents, son mari inconsolables la pleurent longtemps avant de l'inhumer dans la chapelle castrale. A peine quelques heures se sont écoulées que sa gouvernante venue se recueillir sur sa tombe entend des grattements, puis des coup sourds frappés... depuis l'intérieur du cercueil.

Affolée, elle s'enfuit prévenir le veuf, qui immédiatement fait ouvrir le caveau et délivre sa femme !

La légende veut que la dame de Grandmont, revenue d'entre les morts, ait été complètement déstabilisée par l'attitude de ses parents et de son mari.

En effet, il semble qu'elle ait amassé une immense richesse : une fois morte, sa fortune se serait partagée entre ses proches, plutôt réjouis de la nouvelle !

Avouons le, la voir ressuscitée ne fait plaisir à personne... Complètement retournée, Anne serait morte quelques jours plus tard en ayant prédit qu'elle reviendrait hanter le château et les environs sous la forme d'un hibou blanc.

Les cris stridents à vous glacer de sang qu'on entend parfois certaines nuits seraient porteurs de mauvais présages...

Source

  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas. 2001.

Château du Rocher (53)

La Dame blanche du Rocher est en réalité une Dame verte ! Variante qui s'explique par la couleur des vêtements de ces fantômes, peut-être pour, disent des légendes d'origine celtes, mieux se fondre dans les feuillages..

Et ça tombe, bien, parce qu'ici, la Dame verte, fantôme d’Éléonore de Bouilé, duchesse du Lude et dame du Rocher de 1644 à 1665, a pratiquement passé sa vie dans les bois à chasser ! Une sorte de Diane, alors ?

Non, car son portrait n'est pas très flatteur : on la dit dure, hautaine, très originale ; pour tout dire, on la craignait autant qu'on la détestait.

Passionnée de chasse, elle entre un jour à cheval avec sa meute de chiens dans l'église des Bénédictines d'Etival-en-Charnie (72).

Un autre jour, elle aurait fait ôter la vie d'un paysan qui l'aurait vue tomber de cheval et se retrouver dans une posture peu avantageuse... Vous voyez un peu le personnage !

Le mémorialiste Dangeau en dit : « Elle était sans cesse dans ses terres, ne se plaisait qu'à ses chevaux et faisait trembler tout le pays. » Mais oui, vous avez bien entendu, son écurie lui servait de résidence secondaire...

A la Cour, Mme de Sévigné se souvient d'une scène ne particulier : le « cinéma » que madame fait en apprenant que son mari part pour la guerre... elle se met à bourrer son chapeau de coup de poings en pleurant d'une façon un peu exagérée : « Elle avait un chapeau gris qu'elle enfonçait dans l'excès de ses déplaisirs... »

Celle qu'on appelait la « grande chasseresse de la forêt de Charnie » devient après sa mort la célébrissime Dame verte du Rocher.

Pourquoi Éléonore revient hanter son château ? Personne ne le sait ! En tout cas, elle meurt en 1681, sans descendance, après avoir cédé son château en 1665 à son beau-frère, le duc de Roquelaure... mais ça, c'est une autre histoire !

Sources

  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas. 2001.
  • Fortuné Legeay. Recherches historiques sur Aubigné et Verneil. 1857.

Château de Veauce (03)

Alors, les faits ?

Ah ! S'il existe un château bel et bien hanté en France, c'est celui de Veauce ! Allez chercher le nom de Veauce sur le Web, vous verrez les quantités de résultats qu'il existe sur son fantôme, la quantité de reportages faits depuis les années 80...

On y a même pris une photo montrant une forme blanche, on y a enregistré un son qui ressemble à un cri...

En fait, la légende ne repose sur aucun fait historique. Elle dit qu'au milieu du XVIe s, le seigneur de Veauce, un certain Guy de Daillon, tombe fou amoureux d'une jeune fille roturière sans le sou, Lucie.

La femme de Guy, Jacqueline de La Fayette, ne tarde pas à apprendre l'aventure de son mari !

Hors d'elle, elle fait enfermer la jeune femme dans l'oubliette la plus sombre du château. La légende dit que Lucie y est morte lentement, dans d'horribles souffrances...

Très médiatisée, Lucie !

Depuis, certains affirment avoir vu cette âme en peine hanter les courtines dès minuit sonné... Certains ? Mais qui ça ? On veut des noms !

Et bien, l'histoire attire très vite les journalistes : TF1, France Inter, France 3 viennent tour à tour dans l’espoir de capturer ne serait-ce qu'une petite image...

Ne serait-ce pas parce que qu'Ephraïm Tagori de La Tour, son fantasque propriétaire dans les années 80, a fait courir le bruit qu'un fantôme rode dans le château ?

Parce qu'avant lui, personne n'a entendu parlé de Lucie ! Enfin bon... On a pensé à l'époque que le monsieur manquait d'argent, et qu'ouvrir le château à la visite avec cette histoire de fantôme lui assurerait une petite gloire et un peu d'argent...

En tout cas, un son et une image ont été capturé en 1984 par l'équipe d'un journaliste parisien de France Inter. A minuit, un globe lumineux apparaît sur les courtines et se promène. L'apparition dure une vingtaine de minutes.

La caméra n'enregistre rien, mais quelques pellicules ont capturé quelque chose, une... silhouette. Dès 1990, on s’intéressa beaucoup moins au fantôme de Veauce, peut-être parce qu'Ephraïm, très vieux maintenant, n'organise plus rien autour de son château...

Il meurt en 1998 et Veauce est vendu. Depuis, Lucie se sait bien rare, mais il émane des pièces de l’austère forteresse comme un sentiment d'étrangeté...

Sources

  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas. 2001.
  • Fabrice Colin. Atlas de la France mystérieuse : 40 histoires vraies qui font vaciller la raison. Éditions Autrement, 2015.

Château de Montségur-sur-Lauzon (26)

Le beau mariage

Au début du XVIIIe s, le château appartient à la famille de Pracontal. En 1715, Lucie de Pracontal, âgé de 18 ans, se marie avec le seigneur de Quinsonnas.

Une foule très nombreuse se presse pour l’événement, jusque dans la petite église du village.Ensuite, tout le monde revient au château.

On commence à servir à boire, à manger quelques sucreries et des fruits en attendant le grand banquet du soir. Lucie fait de même, prend un fruit sec qu'elle veut couper en deux pour donner la moitié à son mari.

Mais le manche du couteau dérape et vient taper contre l'alliance... qui se brise en deux par terre. Oups ! Terrible présage...

Le silence se fait un moment, la mariée pâlit. Elle finit par se reprendre et change de conversation : et si on jouait à cache cache ? Tous les invités prennent part au jeu pendant une heure. Puis vient l'heure du repas. Une seule personne manque à l'appel : Lucie !

Engloutie par les ténèbres ?

On la cherche dans ses appartements, dans tout le château, le parc... mais rien. Soudain, les parents de Lucie se mettent à penser à ce trou béant au milieu de la pelouse, sous un des murs de la façade. Un abîme sans fond qui engloutirait celui qui y tomberait...

Des accidents étaient déjà arrivés. On se précipite alors devant ce trou, et persuadé que la jeune femme est tombée là, on se met à partir à sa recherche, le marié le premier.

Mais en bas, aucune trace de Lucie, pas une trace !On passe la soirée à parcourir cette brèche dans les moindres recoins.

Pendant ce temps, on fouille le puits et le village de Montségur, car des gens du voyage installés là aurait pu agresser la jeune fille pour lui voler ses beaux bijoux. Mais toujours rien ! On ne savait pas ce qu'était devenu Lucie.

Et sans corps, les parents ne peuvent pas faire leur deuil. La mère fait placer devant la brèche une petite croix avec ces mots, « Lucie de Pracontal, 25 juin 1715 », mais aussi une petite muraille pour éviter que pareil accident ne se reproduise.

Puis la mère se retire loin de son château, se réfugiant dans la prière. Mais déjà la légende d'une Dame blanche fleurit...

30 ans plus tard...

Les années passent. Nous voilà en 1745. Le château n'est plus habité que par un gardien qui le fait visiter aux touristes de passage.

Trois jeunes gens de la région, Paul de Causans, Louis de Crussol, Maurice de Rabasteins, justement, veulent y faire un tour. On leur fait visiter toutes les pièces. Arrivé devant le trou, le gardien raconte l'histoire de Lucie.

Et puis, il les laisse refaire le tour du château. Les jeunes gens se mettent à jouer à cache-cache ! Maurice de Rabasteins sent qu'il va dénicher la meilleure cachette...

Il traverse plusieurs pièces, puis s'arrête dans l'une d'elles, en très mauvais état.Il entend ses amis rire juste à côté, alors il se rabat brusquement contre le mur pour ne pas être vu.

Mais là, il sent le mur se dérober ! Maurice vient de tomber dans une sorte de couloir, fermé par un mécanisme secret qu'il a dû actionner sans faire exprès. Il décide de s'y enfoncer ; le couloir est très, très étroit, très sombre ! Il sent sous ses doigts, dans le mur qu'il tâtonne, un autre mécanisme.

Une porte s'ouvre, donnant sur une petite chambre. Se tenant toujours à la porte, il se penche un peu, mais glisse, tombe, et la porte... se referme derrière lui ! Pas de verrou, pas de poignée...

Le cœur battant, Maurice découvre qu'il s'est fait enfermer. La pièce est uniquement éclairé par deux petits soupiraux.

Pris au piège !

Tentant de calmer les battements de son cœur, il commence à s'habituer à la pénombre : ses yeux détaillent le mobilier sommaire, une sorte de lit, un fauteuil, une petite table... et s'il se trouvait dans la cachette du baron des Adrets ?

Dans le fauteuil, il distingue une forme humaine comme... endormie. Mais son sang se glace quand il s'aperçoit qu'elle ne dort pas et qu'elle porte une robe de mariée... Lucie !

La voilà, celle qu'on croyait disparue, qui a fini sa vie ici, enfermée, morte de soif et de faim ! Le même sort l'attend... Horrifié par ce terrifiant corps momifié, il commence à hurler. Mais sa voix ne porte pas loin, les murs sont trop épais.

Il ne peut pas non plus s'enfuir par le soupirail. Non, la situation semble désespérée... et la nuit tombe. Pendant ce temps, ses amis le cherchent, là-haut ! Toute la nuit...

Au petit matin, Maurice se fait réveiller par deux yeux jaunes : un chat !Le matou revient le voir plusieurs fois, et repart toujours par le soupirail. Le jeune homme saisit sa chance : il attache sa cravate autour de l'animal et le lance par la petite ouverture.

Les amis tombent sur le chat dans la journée et reprennent espoir : en suivant le chat, peut-être qu'ils trouveront leur ami...

Effectivement, le félin finit par retourner dans le soupirail à la nuit tombée. Maurice est là ! Ils se mettent à élargir l'ouverture, et le sauvent de sa prison. En deux jours, ses cheveux sont devenus tout blancs...

La mère de Lucie viendra reconnaître sa fille. Des ouvriers appelés là ne découvrirent jamais comment le baron des Adrets faisait pour ouvrir la porte de l'intérieur. On plaça Lucie dans une chapelle construite dans le château ; tout cela a été détruit en 1793...

Source

  • Juliette Benzoni. Le roman des châteaux de France. Perrin, 2012.

Château de Puymartin (24)

Ça vous dit, un petit tête-à-tête avec la Dame blanche de Puymartin ?

Beaucoup, beaucoup de châteaux et de lieux en France se vantent d'avoir une Dame blanche, pauvre âme perdue condamnée à une errance sans fin...

Ici, donc, en Périgord, notre fantôme s'appelle Thérèse de Saint-Clar, héroïne malgré elle d'une sinistre histoire...

Nous voilà revenus au XVIe s ; Thérèse se trouve être la jeune et belle épouse du seigneur de Puymartin, Jean de Saint-Clar.

Mariage bien malheureux ! Le mari est beaucoup plus âgé, mais en plus, il quitte souvent sa femme pour guerroyer dans des contrées lointaines...

Le temps semble long, tellement long, dans ce petit coin d'Aquitaine... Lassée, Thérèse finit par tomber amoureuse d'un jeune gentilhomme.

Ils se voient presque tous les jours, leur passion grandit, tant et si bien qu'ils en oublient toute précaution ! Et le mari, rentré à l'improviste, trouve sa femme dans les bras de son amant... en bien fâcheuse posture !

Ni une ni deux, il pourfend son rival et fait enfermer Thérèse dans la petite chambre de la tour Nord qui avait accueilli tout ce temps ses ébats.

Seule, elle ne parle à personne ; on la ravitaille à travers une petite trappe qu'on voit encore dans le plafond...Elle meurt au bout de 15 ans passés dans cette petite pièce.

On raconte que son mari refuse de lui donner une sépulture décente, laissant son âme alors sans repos...

Pire, on dit qu'il a emmuré son corps... brrr, sinistre, je vous le disais ! Depuis, visiteurs comme propriétaires disent avoir vu une silhouette sortir de la chambre et faire le tour du château... sans pourtant pouvoir préciser à quoi ressemble cette apparition, et si c'est bien Thérèse de Saint-Clar.

En tout cas, une atmosphère plus qu'étrange règne à Puymartin !

Source

  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !