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Françoise de Foix a-t-elle été assassinée ?

Quand : 1537

Françoise de Chateaubriant | ©Musée de Bretagne / Public domain
Château Fantôme Château de Châteaubriant

Deux chirurgiens. Six hommes masqués qui saignent la comtesse aux quatre membres et la laisse agoniser...

La mort de Françoise de Foix au château de Chateaubriant ne passe pas inaperçue.

Pourquoi ? Parce qu’on l’a assassinée ! Et que son fantôme hante encore les murs du château.

Alors : légende ou réalité ?

Le très jaloux Jean de Laval

Le gouverneur de Bretagne et seigneur de Châteaubriant Jean de Laval épouse Françoise de Foix, en 1505.

Elle a à peine 12 ans. Elle devient très, très belle, en grandissant.

Mais la jolie rose mourrait d’ennui dans son vieux château lugubre, seule, avec son mari décrépit !

Le roi François Ier, qui raffole de chair fraîche, entend parler de la demoiselle : cela ne loupe pas, il la veut à sa cour de Fontainebleau.

Pour en faire sa maîtresse, pardi ! Il invite le couple à le rejoindre.

Mais Jean est très jaloux. Il veut bien venir. Mais sans Françoise !

Et avant de partir, il fait faire deux bagues identiques : une pour Françoise, une pour lui.

En grognant qu’elle ne devait quitter leur château breton sous aucun prétexte, uniquement sur demande écrite de sa part, accompagnée de la bague !

Françoise de Chateaubriant

Françoise de Chateaubriant | ©Musée de Bretagne / Public domain

À Fontainebleau

À Fontainebleau, François Ier est bien déçu de ne pas voir Françoise...

Avant d’entendre parler de la ruse du mari jaloux... il fait voler la bague pour en réaliser une copie.

Il l’envoie dans une lettre à Françoise en se faisant passer pour son mari, lui demandant de le rejoindre à la cour : la dame débarque, sans se douter de rien.

Françoise finit par devenir la maîtresse du roi.

Jean ? Ouh là ! Le sieur rentre honteux, humilié, à Chateaubriant !

En attendant, l'histoire d'amour entre Françoise et le roi dure une dizaine d’années... jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle favorite, dans le cœur du souverain.

Vengeance !

Voilà Françoise qui s'en retourne à Chateaubriant... auprès de Jean. Qui rumine sa vengeance !

Il l’enferme 6 mois dans une petite pièce toute tendue de noir, dès 1537...

On retrouve la belle, agonisante, les veines ouvertes aux pieds et aux mains... un meurtre ? Cela y ressemble !

En tous cas depuis, la légende dit que tous les 16 octobre, la nuit, on peut assister à l’apparition sinistre et fantomatique de Françoise, suivie de la cour de François Ier...

Chambre de Françoise à Chateaubriant

Chambre de Françoise à Chateaubriant | ©Musée de Bretagne / Public domain

La vérité dans tout ça ?

Cette histoire paraît trop belle pour être vraie !

C’est Varillas qui l’invente, auteur en 1685 d'une Histoire de François Premier.

La réalité ?

Quelques jours après la mort de son épouse, Laval tombe gravement malade. Le chagrin ?

Il s’en remet, mais reste sombre, à l’image de cette phrase qu’il grave dans la pierre de son château : « De mieux en mieux pour l’achever je devins vieux. 1538. »

Il meurt en 1543, et tout porte à croire que la mort de son épouse le dévaste jusqu'au bout.

Pourtant, une lettre de Marguerite d’Angoulême à M. de Montmorency, en 1521, sème le trouble : « Je trouve fort étrange que le seigneur de Châteaubriant use de main mise »... de corrections physiques, si vous préférez.

Le seigneur aurait été violent avec sa moitié, à cause de l'infidélité de celle-ci, ce qui fait naître l'idée qu'il aurait pu la faire assassiner...

Infidélité malheureusement bien réelle, si l'on en croit le grand chroniqueur de l'époque, Brantôme.

Jean de Laval a pourtant fait élever un beau tombeau à Françoise, dans l’église des Mathurins de Chateaubriant, avec cette épitaphe :

« Sous ce tombeau, gît Françoise de Foix, De qui tout bien chacun voulait en dire, Et le disant onc une seule voix Ne s’advença d’y vouloir contredire. De grande beauté, de grâce qui attire, De bon savoir, d’intelligence prompte, De biens, d’honneur, et mieux que raconte, Dieu éternel richement l’étoffa. »

Un mystère, toute cette histoire... Il semble que Françoise de Chateaubriant a emporté son secret dans sa tombe !

Sources

  • Abbé Guillotin de Corson. Article Histoire de Jean de Laval et de Françoise de Foix dans Revue de Bretagne et de Vendée (volume 26). 1869.
  • Georges Touchard-Lafosse. La Loire historique, pittoresque et biographique. 1844.
  • Émile Gaboriau. Les cotillons célèbres (volume 1). 1887.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !