« Ce siècle avait deux ans » : la naissance de Victor Hugo à Besançon

Extrait de naissance de V. HugoExtrait de naissance de V. Hugo | ©Maison de Victor Hugo - Hauteville House / CC0

« Ce siècle avait deux ans »

« Le 8e mois de Ventôse, l'an X de la République (26 février 1802), à dix heures et demie du soir » naissait dans cette maison de Besançon le futur et mythique écrivain, homme politique, homme de tous les combats : Victor Hugo.

Mais n’allez pas croire que le futur monstre sacré est franc-comtois !

De naissance, oui, mais il est d'origine lorraine par son père, bretonne par sa mère, ainsi qu’il le dit lui-même dans Les Feuilles d'automne :

« Ce siècle avait deux ans. [...] Alors dans Besançon, vieille ville espagnole, Jeté comme la graine au gré de l'air qui vole, Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois, Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix. »

Il écrit aussi en 1867, à propos des origines de sa famille :

« Il y a dans ma famille un cordonnier et un évêque, des gueux et des monseigneurs. C'est un peu l'histoire de tout le monde. »

Maison natale de V. HugoMaison natale de V. Hugo | ©Patrick - Morio60 / Flickr / CC-BY-SA

Les parents de Victor Hugo

Victor est le 3e fils du couple Hugo, après Abel (1798) et Eugène (1800). Au moment de sa naissance, Sophie Trébuchet, sa mère, a 30 ans, son père, Léopold Hugo, 29.

Sa mère, Sophie Trébuchet

Sophie Françoise Trébuchet naît à Nantes en 1772, fille d'un capitaine dans la marine marchande.

Orpheline à 8 ans, sa tante, qui habite Châteaubriant, non loin de Nantes, s’occupe de son éducation.

Son père, Léopold Hugo

Joseph Léopold Sigisbert Hugo est né à Nancy en 1773, fils d'un menuisier, lui-même fils d’un laboureur.

Léopold fait carrière dans les armes, pendant la Révolution puis l'Empire (très mal récompensé, puisque son nom ne figure pas aux côtés de ceux de ses collègues, gravé sous l’arc de Triomphe).

Leur rencontre, leur mariage

Les parents de Victor se rencontrent en 1796, alors que Léopold est en garnison à Châteaubriant.

Petite ville où Sophie habite depuis 1794, chassée par la Terreur qui s'était emparée de sa ville natale de Nantes.

Elle tombe amoureuse du beau jeune homme ! Ils se marient en 1797, à Paris, puis s'installent à Nancy.

Le général Léopold Hugo (1827)Le général Léopold Hugo (1827) | ©Paris Musées - Maison de Victor Hugo - Hauteville House / CC0

L'arrivée à Besançon

C'est parce que son père officier se fait muter de Nancy à Besançon, que Victor Hugo naît dans le chef-lieu du département du Doubs !

Léopold, alors capitaine, y a en effet été nommé pour commander le 4e bataillon de la 20e demi-brigade.

Sophie Trébuchet (C. Faivre, 19e s)Sophie Trébuchet (C. Faivre, 19e s) | ©Paris Musées - Maison de Victor Hugo - Hauteville House / CC0

Un bébé à la santé trop fragile

Léopold Hugo a déjà eu deux fils, il voudrait cette fois une fille... on a même déjà pensé à un prénom : Victorine. Ce sera finalement Victor : Victor Marie Hugo !

Mais c'est un petit fragile, chétif, en mauvaise santé, qui voit le jour. Le médecin accoucheur dit même qu'il ne va pas survivre.

Sa mère dit qu'il n'était pas plus long qu'un couteau, son père « qu'il ressemble si peu à un être humain. »

On appelle ses frères, pour le voir. Il est si petit, qu’Eugène, 2 ans à peine, articule en l'apercevant : « Oh ! La bêbête ! »

L'enfant survit

Les parents portent l'enfant le lendemain matin à la mairie, afin de l’enregistrer à l'état civil.

En étant persuadés, la mort dans l’âme, que dans quelques heures, le petit serait mort.

Mais Victor ne meurt pas, malgré « sa petite tête qu'il ne porte pas encore et qui tombe sur son épaule », et « ses petites jambes et ses petits bras qui n'ont que des peaux qui pendent », comme le disent ses nourrices.

Sa mère aimante et bienveillante le couve de toutes les attentions...

Après Besançon, Marseille

6 semaines après la naissance de Victor, la famille Hugo déménageait à Marseille. Mais ça, c’est une autre histoire !

Sources

  • Max Gallo. Victor Hugo. XO Éditions, 2017.
  • Raymond Escholier. Victor Hugo raconté par ceux qui l'ont vu. Stock, 1931.