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Bramevaque, la prison de Marguerite de Comminges

Quand : 1421 - 1443

Le château et son donjon | ©Père Igor / Wikimedia Commons / CC-BY-SA
Château Emprisonnement Légende Château de Bramevaque

Nous nous trouvons là à Bramevaque, dans la prison de la comtesse Marguerite, dernière souveraine de Comminges...

Le château

Il ne reste qu’une ruine du fier château des comtes de Comminges, des 12e et 13e siècles : le donjon carré et son escalier de pierre, la chapelle, son enceinte…

À la base, c’est Arnaud Ier de Labarthe qui construit la première forteresse, en 1067.

Le calvaire de Marguerite de Comminges

Un pion sur l'échiquier

De 1421 à 1443, le donjon a été la sombre prison de Marguerite de Comminges, comtesse et martyre, à sa façon.

À une époque où les femmes de haute naissance n’étaient que de vulgaires jouets, des pions sur l’échiquier du pouvoir des hommes.

Marguerite est la fille de Raymond II de Comminges.

Le Comminges ? Un ancien comté fondé au 10e siècle, entre les actuels départements du Gers, de la Haute-Garonne et des Hautes-Pyrénées.

Premier mariage...

On la marie trois fois.

La première, c’est avec le comte d’Armagnac : elle a 12 ans, c’est un « viol en noces légales », comme le note si bien le Guide des Pyrénées mystérieuses des éditions Tchou.

Mais Marguerite n’a pas le temps de souffrir du caractère brutal et soudard de ce premier mari : celui-ci trouve la mort en 1418 à Paris, pendant la révolte des Armagnacs contre la populace.

Et de deux

Le deuxième mari a pour titre comte de Pardiac, c’est aussi un Armagnac : il n’en veut en fait qu’à l’argent de Marguerite.

Celle-ci est obligée de se battre contre lui, afin de conserver ses droits.

Et de trois

Voilà qu’entre en scène son troisième mari, un seigneur de la maison de Foix.

C’est cet individu-là qui deviendra son bourreau : il s’appelle Mathieu, il est le fils d’Isabelle de Foix-Castelbon et d’Archambault de Grailly.

À peine avait-il épousé la pauvre Marguerite (de 20 ans son aînée, elle a alors 55 ans) et obtenu le titre de comte de Comminges, qu’il la fait enfermer dans la forteresse de Bramevaque.

Il donne l’ordre à ses sbires qu’elle ne puisse jamais en sortir. Plus jamais !

On est en 1421. Personne ne se souciera de son sort. Oh, oui, il y avait bien eu le roi Charles VII, qui demanda mollement la libération de Marguerite, en vain…

22 ans de captivité

La liberté n’arrive qu’en 1443.

22 ans. 22 terribles années d’enfermement. Une vie entière, vous vous rendez compte ?

La prisonnière de Bramevaque n’était plus que l’ombre d’elle-même. Elle rend d’ailleurs son dernier souffle, quelques mois plus tard.

La dernière comtesse et représentante de la maison des Comminges disparue, le comté se faisait rattacher au royaume de France, en 1498.

L’origine du nom

Hé bien, on doit ce nom étrange et pourtant tellement évocateur de Bramevaque à Marguerite !

La légende raconte que la comtesse était en fait une ogresse, une goule, une morte-vivante.

Chose que l’on pouvait comprendre : son emprisonnement l’avait littéralement transformée en monstre.

Elle devait, pour se rassasier, manger de la chair humaine tous les jours. Un enfant, de préférence.

Un jour, n’ayant pas pu en trouver un, ses hommes de main prennent un veau nouveau-né, mais les beuglements plaintifs de la pauvre vache alertent la comtesse et tout le pays.

Ce qui donna le nom de bramevaque, littéralement en patois local la « vache qui meugle »…

Sources

  • Bernard Duhourcau. Guide des Pyrénées mystérieuses. Éditions Tchou, 2002.
  • Légendes et récits de Bigorre. Éditions des Régionalismes, 2014.
  • Paul Perret. Les Pyrénées françaises. 1884.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !