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Le héros médiéval et neveu de Charlemagne Roland serait-il enterré à Blaye ?

Quand : 15 août 778

La citadelle | Havang(nl) / CC-BY-SA
Fortification Légende Lieu de sépulture Roland Charlemagne Citadelle de Blaye

Le héros Roland

Saviez-vous que c'est à Blaye que la légende situe le tombeau de Roland, le neveu de Charlemagne ?

Oui, LE célèbre Roland mort à Roncevaux (Espagne), lors de la célèbre bataille qui a lieu le 15 août 778.

C’est en partie cette histoire (très romancée) que racontent les 4002 vers de La Chanson de Roland, poème épique écrit en anglo-normand.

Roland serait enterré à Blaye avec son olifant. Pourquoi Blaye ? Roland est en fait comte de Blaye !

Roland (C. Nouailher, 1541)

Roland (C. Nouailher, 1541) | ©The Metropolitan Museum of Art / CC0

Charlemagne en Espagne : prélude à la mort de Roland

Roi des Francs, futur empereur

Le roi des Francs Charles Ier ? Fils de Pépin le Bref, fondateur de la dynastie carolingienne : il n’est pas encore l’empereur Charlemagne, à l’heure où se déroule notre histoire !

Non : il combat un peu partout entre Allemagne et Espagne, afin d’agrandir son territoire, et tenter d’instaurer la foi chrétienne, là où il passe.

Alliance contre Byzance

Puis, en 777, le wali (gouverneur) musulman de Saragosse, en Espagne, Suleiman Ibn Al-Arabi, rencontre Charles, afin de lui parler de ce qui le préoccupe : l’émir de Cordoue Abd er-Rahman, soutenu par l’empereur de Byzance, rejette le pouvoir du calife de Bagdad.

Si le roi des Francs et le wali ont bien un point commun, c’est qu’ils détestent l’empereur byzantin…

Pourquoi ne pas faire alliance ? Cela permettrait de rendre service au calife, grand ennemi du Byzantin !

Cap sur l'Espagne

Au printemps 778, voilà donc Charles le Franc et son armée qui traversent les Pyrénées, direction l’Espagne.

Sauf qu’il trouve une situation compliquée, là-bas ! Le wali de Saragosse a changé, entre-temps : le nouveau venu ne porte pas vraiment les Francs dans son cœur…

Charles a en plus appris qu’un chef Saxon s’approche du Rhin. Il n’a qu’une idée, à présent : aller en découdre !

On rebrousse chemin, vers le nord. L’émir de Cordoue, Abd er-Rahman, lui, se dirige avec ses hommes à la rencontre des Francs…

Charlemagne (anonyme, 19e s)

Charlemagne (anonyme, 19e s) | ©Rijksmuseum / CC0

La bataille de Roncevaux

Voilà les Francs repassant donc les Pyrénées, au col de Roncevaux. On est à la queue-leu-leu. On avance doucement, lentement, dans la caillasse poussiéreuse.

Le 15 août 778, l’arrière-garde de l’armée se fait attaquer par des Vascons (ancêtres des Basques et des Gascons), en représailles du sac de la ville de Pampelune par l’armée franque, quelques jours plus tôt.

Cette arrière-garde peu nombreuse, commandée par Roland, encadre en effet des chariots bourrés à craquer des trésors de guerre pris à Pampelune…

À noter, que ce sont bien les Vascons, qui attaquent les Francs, et non les Maures, comme le raconte La Chanson de Roland.

Dans celle-ci, le beau-frère du futur Charlemagne, Ganelon, jaloux de Roland, se venge en tendant un piège à ce dernier : il le place à l’arrière-garde de l’armée franque, et donne sa position au légendaire roi de Saragosse, un Sarrasin, pour qu’il puisse l’attaquer...

Roland à Roncevaux (BL Royal 16 G VI, f. 178v)

Roland à Roncevaux (BL Royal 16 G VI, f. 178v) | ©British Library Board / CC-BY

La mort (mythique) de Roland !

Les Vascons surgissent de nulle part. Attaquent tout ce qui bouge. Un massacre ! Puis repartent avec les chariots remplis des trésors de guerre.

On compte les morts à la pelle. Parmi eux, Roland. Roland agonise, gravement blessé. Avant de mourir, il trouve la force de se réfugier sous un pin, et sort son épée une dernière fois, la célèbre Durandal.

Pour qu’elle ne tombe pas entre les mains des ennemis, il tente d’en briser la lame en la frappant contre la roche. La maudite lame ne casse pas… c’est même le rocher qui éclate en deux !

Il l’envoie de toutes ses forces dans la vallée.

  • La légende dit qu’elle serait allée se planter dans la roche à Rocamadour (à 300 km !) ;
  • une autre qu’elle s’envola jusqu’au cirque de Gavarnie, dans les Pyrénées, où elle entaille la montagne, créant ainsi la « brèche de Roland. »

Bref ! On y est, Roland va mourir. Un signe qui ne trompe pas… « par les oreilles lui sort la cervelle » !

Il sonne de l’olifant (un cor en ivoire), pour appeler son oncle Charles au secours. Qui arrivera bien trop tard...

Mort de Roland (BL Royal 16 G VI, f. 180v)

Mort de Roland (BL Royal 16 G VI, f. 180v) | ©British Library Board / CC-BY

La tombe de Roland à Blaye

Le tombeau du plus ou moins légendaire et mythique Roland se trouverait à différents endroits, dans le Sud de la France.

Toutefois, la localisation la plus célèbre reste celle de Blaye, en l’ancienne basilique Saint-Romain.

Un lieu en grande partie détruit lors de la construction de la citadelle, au 17e siècle, et dont il ne reste que des ruines.

Pourquoi Blaye ?

  • Le neveu de Charlemagne était comte de Blaye ;
  • Blaye est l'une des cités les plus importantes sur la route romaine qui menait de la Gaule aux rives du Rhin, ainsi qu'en Espagne.
Funérailles de Roland (BL Royal 16 G VI, f. 182v)

Funérailles de Roland (BL Royal 16 G VI, f. 182v) | ©British Library Board / CC-BY

La basilique Saint-Romain de Blaye

L’évangélisateur saint Romain meurt à Blaye, en 385. Certains le disent venu d’Afrique du Nord, envoyé par saint Martin de Tours, pour évangéliser la région de Blaye.

Son corps est enseveli dans son ermitage, au pied de la forteresse de Blaye. Un modeste ermitage agrandi et converti en nécropole par les rois d’Aquitaine, au 7e siècle.

Un grand pèlerinage se met en place, étape incontournable sur le chemin qui menait en Galice à Saint-Jacques de Compostelle.

Le petit ermitage originel est transformé en basilique, au 6e siècle, dédiée à saint Romain.

Ruines de St-Romain, Blaye

Ruines de St-Romain, Blaye | ©Jibi44 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

L'inhumation de Roland à Blaye

La légende (et non l’Histoire, car nous ne disposons d’aucunes preuves) raconte que Charlemagne a mené le corps de son neveu en la basilique de Blaye.

Roland repose dans un sarcophage auprès de deux autres compagnons d’armes, morts eux aussi à Roncevaux : son ami et beau-frère Olivier, ainsi que Turpin, archevêque légendaire.

La Chanson de Roland dit :

« Entresque a Blaive a conduit son nevold En blancs sarcous fait mettre les seigneurs, A Seint Roman : la gisent li baron. »

Aude, la fiancée de Roland, se trouve à Blaye, lorsqu’elle apprend la mort de son frère et son fiancé.

Elle veillera leurs corps dans la basilique, avant de mourir à son tour, ensevelie par Charlemagne auprès d’eux.

Un Charlemagne qui fait aussi inhumer à Blaye les corps de douze pairs, morts à Roncevaux !

Roland repose-t-il à Blaye ?

Tous ces détails proviennent de deux sources : la Chronique de Turpin et le Codex de Compostelle. Ce sont ces récits qui placent le tombeau de Roland dans la basilique Saint-Romain de Blaye.

François Ier, en tous cas, s’est fait ouvrir la tombe en 1526, et il y contemple les ossements du chevalier.

L’existence de la tombe est attestée peu après par l’écrivain Leodius, qui décrit un sarcophage de 3 pieds de long, en marbre, surmonté d’un couvercle, renfermant un petit tas d’os.

Un tombeau probablement détruit lors des guerres de Religion, avant que la basilique ne soit rasée sous Louis XIV, pour construire l’actuelle citadelle.

Ces deux témoins ont-ils réellement vu les restes de Roland ? Sa tombe était-elle authentique ? Mystère !

Sources

  • Nicolas Faucherre. La citadelle de Blaye. Congrès archéologique de France janvier, 1987.
  • Denise Péricard-Méa, Louis Mollaret. Dictionnaire de Saint-Jacques et Compostelle. Éditions Gisserot, 2006.
  • C. Jullian. La tombe de Roland à Blaye. Revue Romania, 1896.
  • Paul Courteault. Bordeaux et le pays bordelais dans les chansons de geste. Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde. 1912.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !