Bellac en Limousin : Jean de La Fontaine y a écrit sa fable Le Coche et la Mouche !

Saviez-vous que Jean de La Fontaine a écrit sa fable Le Coche et la Mouche lors de son passage à Bellac ? Le moins que l'on puisse dire, c'est que la jolie petite ville limousine... n'a pas du tout été à son goût !

Que fait La Fontaine à Bellac ?

Tout commence avec Jean de La Fontaine, en route pour Limoges depuis Paris. Il s'arrête à Bellac. Mais pourquoi donc va-t-il à Limoges ?

Louis XIV venait de disgracier Fouquet. Il avait envoyé l'épouse de ce dernier à Limoges en exil. Un ami de Fouquet, Jannart, venait lui aussi d'y être exilé. Le sieur Jannart ayant épousé la tante de La Fontaine, voilà pourquoi notre poète le suivait !

Vue de Bellac | ©Daniel Jolivet / Flickr / CC-BY

Un poète très peu emballé par son sejour à Bellac !

Voilà donc La Fontaine faisant escale pour une nuit à Bellac. Il évoque la petite cité dans une lettre à son épouse, datée du 19 septembre 1663... de manière peu reluisante !

« L'abord de ce lieu m'a semblé une chose singulière, et qui vaut la peine d'être décrite. Quand, de huit ou dix personnes qui y ont passé sans descendre de cheval ou de carrosse, il n'y en a que trois ou quatre qui se soient rompu le cou, on remercie Dieu. »

Il continue :

« Autant que l'abord de cette ville est fâcheux, autant elle est désagréable ; ses rues vilaines, ses maisons mal accommodées et mal prises. Dispensez-moi, vous qui êtes propre, de vous en rien dire. On place en ce pays-là la cuisine au second étage. Qui a une fois vu ces cuisines n'a pas grande curiosité pour les sauces qu'on y apprête. Ce sont des gens capables de faire un très méchant mets d'un très bon morceau. Quoique nous eussions choisi la meilleure hôtellerie, nous y bûmes du vin à teindre les nappes, et qu'on appelle communément la tromperie de Bellac. Ce proverbe a cela de bon que Louis XIII en est l'auteur. »

Il passe une nuit à l'hôtel des Pyramides, actuelle rue Thiers, et repart.

Bellac, hôtel des Pyramides | ©Krzysztof Golik / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Le Coche et la Mouche

Le séjour du poète à Bellac va surtout l'inspirer pour l'écriture de sa fable Le Coche et la Mouche, publiée en 1678 dans le second recueil de ses Fables (livre VII, fable IX).

Dans cette histoire inspirée de Phèdre, une mouche entend aider un cocher à grimper une pente caillouteuse, mais elle brasse plus d'air qu'autre chose...

L'inspiration, il l'a eue sur la route depuis Paris. Il a traversé des campagnes où personne ne parle français, il fait chaud, le voyage est interminable. Avant Bellac, la route est si raide, que l'on doit descendre du coche, pour que les chevaux épuisés puissent tirer une voiture allégée...

« Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, Et de tous les côtés au soleil exposé, Six forts chevaux tiraient un coche. L'attelage suait, soufflait, était rendu. Une mouche survient, et des chevaux s'approche ; Prétend les animer par son bourdonnement... »