Nous sommes en 1720. Le duc d'Estrées, maréchal de France, acquiert un petit terrain à la lisière du bois de Boulogne, pour y faire construire un château et aménager un jardin pour sa femme.
Le nom de Bagatelle est tout trouvé : la maréchale peut recevoir en toute quiétude et organiser toutes les fêtes frivoles qu’elle veut !
L’endroit est intime, avec des dimensions très humaines : au rez-de-chaussée, une salle-à-manger (qui ne peut accueillir qu’une dizaine d’invités), un cabinet et une chambre.
Parva sed apta comme le dit l’inscription sur le fronton, « petit mais commode » !
C’est comme si le maréchal avait offert à sa femme un petit paradis parfait pour recevoir ses amants... ce qu’elle fait allégrement.
Le marquis d’Argenson rapporte dans ses Mémoires : « On y passe joyeusement le temps, on y fait l’amour, si vous voulez ; tout est bien réglé. »
Même le Régent (celui qui organise des orgies avec sa fille Jouflotte) y vient avec sa nouvelle maîtresse en titre (depuis qu’il a chassé La Parabère).
À partir de 1737, c’est Louis XV qui vient y faire ses petites affaires.
Le maréchal meurt en 1737. Sa femme suit en 1745.
Sources
- Juliette Benzoni. Le roman des châteaux de France. Perrin, 2012.
- Jacques Barozzi. Bagatelle. Éditions Ouest-France, 1997.