Le mariage avec l'héritière d'Azay
Milieu du 17e siècle. Voilà qu’arrive, dans l’histoire du château d’Azay-le-Rideau, le chevalier Henri-François, marquis de Vassé.
Il vient d'épouser une demoiselle de Lansac, en 1651 : Marie Madeleine de Saint-Gelais, dite Mlle de Lésignan.
L’héritière de la longue liste de seigneurs d’Azay, descendante d’un fils naturel (présumé) du roi François Ier...
Vassé devait se marier avec une dame de Tresmes, mais il a trouvé plus riche, en la personne de cette Mlle de Lésignan. Il laisse donc tomber la première !
Son épouse est un peu boiteuse, mais très, très riche :
« On dit encore que Vassé même, N’a plus de dessein pour la Tresmes, Mais pour la jeune de Lansac, Qui vaut d’écus plein un grand sac, Car beaucoup de gens disent d’elle Qu’elle est fort aimable et fort belle. Il est vrai que l’on dit ceci, Qu’elle est un peu boiteuse aussi, Mais pour boiter un peu n’importe. Car maint célèbre auteur rapporte Qu’une boiteuse a des appâts, Que les droites même n’ont pas. »
Son Impertinence !
Lui est originaire du Maine, il est riche, très riche !
Scarron écrit de lui :
« Monsieur de Vassé le Manceau qui n’est encore qu’un jouvenceau Mais dont le bien, que je ne mente Vaut quinze mille écus de rente. »
Il est cousin avec Madame de Sévigné, aussi...
Rouville le surnomme « Son Impertinence », dixit Tallemant des Réaux, dans ses Historiettes !
Avant d’ajouter :
« Plus il va en avant, plus on trouve qu'il est bien nommé. »
Scandale à Paris
Henri-François de Vassé, donc, vient de se marier.
Mais pas question de ne plus voir ses maîtresses !
Il a eu une relation qui a fait scandale, à Paris, avec la présidente Lescalopier, en 1646.
Le mari cocu va même jusqu’à aller enfermer lui-même sa femme au couvent des Feuillantines, à Paris, tandis qu’une chanson courait dans la capitale, pour se moquer :
« En ce moment a passé Son Vassé Criant comme un insensé Au secours, voisins, voisines, On la fourre, on la fourre aux Feuillantines. »
Ensuite, Vassé tombe amoureux de Madame de Sévigné (oui, sa propre cousine), puis un autre jour, il enlève une jeune mariée en pleine noce...
Tentative d’empoisonnement
L'épouse du chevalier, qui a la base avait de l’argent, se retrouve bientôt avec la peur au ventre de tout perdre, que cet imbécile qui lui sert de mari dilapide tout.
Aussi, on apprend dans Archives de la Bastille : 1678-1679 que la dame aurait voulu faire empoisonner le chevalier, « faire mourir et languir son mari » : elle offre 10 000 livres à qui la délivrera de ce monstre !
Vassé a dû être un peu empoisonné, car Mme de Sévigné raconte dans une lettre de juin 1675 : « Je vis entrer Vassé hier au soir : nous crûmes que c’était son esprit, c’était son corps très maléficié »...
L'exil à Azay
En attendant, le chevalier de Vassé, qui n’avait que très rarement mis les pieds à Azay-le-Rideau, lui préférant Paris, se retrouve exilé sur ses terres en 1669 « pour avoir mal parlé au roi ».
Mais comme le château ressemblait encore à l’époque à une forteresse, il se met en tête de l’accommoder un peu.
Vassé vit la vie... de château ! Le chevalier dépense d'ailleurs beaucoup pour Azay : il reçoit énormément, et il aménage de nouvelles cuisines et un garde-manger !
Vassé meurt au château d’Azay le 28 avril 1684.
Sources
- Marie Latour. Le Château d'Azay-le-Rideau. Éditions du Patrimoine, 2008.
- Jean Loret. La muze historique. 1857.
- Tallemant des Réaux. Les Historiettes.
- Lettres de la marquise de Sévigné.