
Il voit le jour dans le Gers, à Vic-Fezenzac vers 1390. Il est, entre autres fiefs, seigneur de Mézerville (Aude), où son fier château se dresse toujours ! Voici Jehan d'Aulon, peut être le plus célèbre protagoniste gravitant autour de Jeanne d'Arc : son écuyer, son secrétaire, qui de 1428 à 1430, ne l'a jamais quittée d'un pouce. Sur les champs de batailles comme en prison... ils ont tout partagé !
D'Aulon entre très jeune au service du dauphin (futur Charles VII), comme écuyer, avant de devenir son conseiller, puis son maître d'hôtel. Son destin bascule en 1428. Le voilà prêt à endosser le rôle de sa vie ! Il a 38 ans, veuf depuis peu, lorsqu'on le désigne écuyer et « maistre de l'hostel » de la mythique Jeanne D'Arc. Pourquoi lui ? Oh, sans doute parce qu'il est le plus honnête, « le plus sage et vaillant homme du royaume » dixit Dunois...
Son rôle de « protecteur » envers la jeune fille de 17 ans, il ne le quittera plus. En plus de veiller sur elle, il s'occupe donc de son hôtel, c'est-à-dire de l'équipement, la nourriture, le logement des gens à son service (pages, aumonier...). Il lui sert aussi d'écuyer, pour l'aider à équiper sa lourde armure, ou encore de secrétaire, lui rédigeant ses missives.
Le roi lui avait dit de ne jamais la quitter : aussi, d'Aulon partage tout du quotidien de Jeanne ! Il dort dans la même chambre qu'elle, sur un lit de camp, la soigne quand elle est blessée (une fois à la jambe, une fois au sein)...

Oh, mais, n'allez pas croire que quelque chose de physique se soit déroulé entre les deux ! D'Aulon le confessera lui-même, dans une longue lettre destinée aux juges chargés du procès de réhabilitation de la Pucelle, en 1456 :
« Bien qu'elle fut jeune fille, belle et bien formée, et que plusieurs fois, tant en l'aidant à l'armer ou autrement, je lui aie vu les tétins, et quelquefois les jambes toutes nues, en la faisant panser de ses plaies ; et que d'elle m'approchais souventes fois, toutefois jamais pour quelque vue ou attouchement que j'eus vers la Pucelle, ne s'émut mon corps à nul désir charnel envers elle, ni pareillement ne faisait nul autre quelconque de ses gens et écuyers, ainsi que je leur ai ouï dire plusieurs fois. »
Toujours aux côtés de Jeanne, le fidèle d'Aulon est de toutes les batailles de la guerre de Cent Ans, contre les Anglais : Orléans, Patay... jusqu'au sacre tant attendu de Charles VII à Reims. En 1430, il est capturé en meme temps que la jeune fille à Compiègne : il partage même sa prison picarde de Beaulieu ! Il est libéré contre rançon 2 ans plus tard. Jehan d'Aulon meurt au combat en 1458, à l'âge (bien avancé pour l'époque) de 68 ans, comblé d'honneurs, au faîte de sa gloire...
Sources
Valérie ToureilleJeanne d'ArcPerrin, 2020
CollectifDictionnaire encyclopédique de Jeanne d'ArcDesclée De Brouwer, 2017
Claude PasteurLes hommes célèbres racontés par leurs descendantsFayard, 1965