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Anna de Noailles au château de Pupetières et le Vallon de Lamartine

Quand : 1907

Anna de Noailles (Rodin, 1907) | ©The Metropolitan Museum of Art / CC0
Château Alphonse de Lamartine Château de Pupetières

Qui est-elle ?

  • Née Anna Élisabeth Bassaraba de Brancova à Paris en 1876, d'un père de la noblesse roumaine et d'une mère d'origine grecque ;
  • elle prend le nom de comtesse de Noailles après son mariage en 1897 à l'âge de 19 ans (il en a 3 de plus) avec Mathieu de Noailles ;
  • romancière et poétesse, son œuvre sensible, mélancolique et romantique, où la nature, l’amour et la mort sont omniprésents, rencontre de son vivant un immense succès ;
  • elle entretient une abondante correspondance avec Marcel Proust, entre 1893 et 1922 (année de la mort de l'écrivain) ;
  • en 1904, Anna de Noailles crée, avec d'autres femmes de lettres, le prix Vie heureuse, du nom d'une revue féminine éditée par Hachette, qui change de nom en 1922 pour devenir le célèbre prix littéraire Femina. Un prix qui récompense la meilleure œuvre française de poésie : un pied-de-nez au prix Goncourt, jugé très misogyne !
  • Anna de Noailles devient en 1931 la toute première femme commandeur de la Légion d'honneur ;
  • elle écrit plusieurs romans (La Nouvelle Espérance, Le Visage Émerveillé), deux autobiographies, de nombreux poèmes (Le Cœur Innombrable, Les Vivants et les Morts, Les Forces Éternelles, L'Ombre des Jours...)
Anna de Noailles (J.-L. Forain, 1905)

Anna de Noailles (J.-L. Forain, 1905) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Le château de Pupetières

C'est entre 1861 et 1866 qu'Alphonse de Virieu confie la reconstruction du château familial du 13e siècle, entièrement ruiné à la Révolution, à Eugène Viollet-le-Duc, dans le style alors à la mode : le néogothique.

La famille dauphinoise de Virieu possède le domaine de Pupetières depuis le Moyen Âge.

Un site bucolique qui va notamment inspirer le poète Alphonse de Lamartine, ami du propriétaire (le père d'Alphonse de Virieu), puis des décennies plus tard, Anna de Noailles, proche elle aussi des Virieu.

Et les deux sont liés par un seul et même poème, Le Vallon, qui évoque Pupetières !

Château de Pupetières

Château de Pupetières | ©Pethrus / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Lamartine et son Vallon

Car remontons à l'époque où le poète Alphonse de Lamartine débarque à la Pupetières !

Il vient souvent au domaine et ses environs : il est ami avec Aymon, le père d'Alphonse de Virieu (futur bâtisseur du château actuel).

Un château qui, à l'époque de la venue de Lamartine, est en ruine, incendié et rasé pendant la Révolution française.

Mais c'est son site pittoresque et sa belle campagne environnante, qui l'inspire pour composer son poème Le Vallon, publié en 1820.

Lamartine y évoque « l’étroit sentier de l’obscure vallée : Du flanc de ses coteaux pendent des bois épais, Qui, courbant sur mon front leur ombre entremêlée, Me couvrent tout entier de silence et de paix. »

Château de Pupetières : le parc

Château de Pupetières : le parc | ©Jean-Paul Corlin / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Anna de Noailles sur les pas de Lamartine

Anna de Noailles arrive donc au château de Pupetières le 10 juillet 1899, pour une semaine, ainsi que le rapportent les journaux de l'époque dans leurs chroniques mondaines, à l'image du Matin ou du New York Herald.

Anna rend en fait visite à son beau-frère Wilfrid de Virieu et son épouse Élisabeth.

Le Vallon écrit par Lamartine en 1820 l'inspire fortement pour, à son tour, écrire le poème Le Vallon de Lamartine, publié en 1907 dans le recueil Les Éblouissements !

« Dans ce vallon tintant de fraîcheur argentine J’ai mis mes faibles pas dans vos pas, Lamartine, Et je vais, le cœur grave et le regard penché, Sur les chemins étroits où vos pieds ont marché. Ah si lourdes que soient vos plaintes immortelles Vous avez moins souffert, car vous aviez des ailes. Vous n’avez pas connu, sur ce montant chemin, La gloire et la douleur de n’être rien qu’humain, De n’avoir pour secours et pour lueur divine Que l’immense soleil qui monte et qui s’incline ; Si tendre que soit l’or de son visage ardent Vous ne pouvez savoir comme est soudain strident Ce besoin que l’on a de ne pas disparaître, D’être, d’être toujours et sans fin, d’être, d’être ! »

Source

  • Article en ligne de Radio France, tiré du podcast Histoires de Musique. Anna de Noailles ou le prix de La Vie heureuse. 2/07/2023.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !