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Saint-Vincent de Senlis et Anne de Kiev : une fondation et des amours compliquées

Quand : 1060

Anne à l'entrée de l'abbaye | Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Abbaye Augustinien Anne de Kiev Ancienne abbaye Saint-Vincent de Senlis

La fondation d'Anne de Kiev à Senlis

Anne, Henri et Philippe

La reine Anne ne reconnaîtrait pas son monastère, aujourd'hui.

Reconnaîtrait-elle aussi sa bonne vieille ville de Senlis, ses forêts profondes, où elle aimait galoper des heures durant ?

Car c'est elle, Anne de Kiev, épouse du roi de France Henri Ier, qui fonde l'abbaye en 1060, à l'occasion de la naissance de leur fils Philippe.

Anne, fille du prince de Kiev Iaroslav, dont la famille se disait descendante des rois de Macédoine...

Elle a 27 ans lorsque le roi, âgé de 43 ans, demande sa main. C'est une des plus belles femmes de son temps...

Ils se marient en 1052, ils auront 4 enfants dont Philippe, futur roi de France.

Savez-vous que c'est à cette occasion que le prénom Philippe a été utilisé pour la première fois, en France ?

Un nom d'origine grecque ou byzantine, à la base...

Une abbaye à Senlis ?

La reine vient habiter avec ses enfants à Senlis, ville royale qu’elle aime particulièrement.

La chasse, la promenade dans les grandes forêts occupent ses journées...

Elle voulait faire construire un monastère depuis longtemps...

Le moment semble venu, non ?

Il existait dans les faubourgs de la ville une toute petite chapelle déjà dédiée à saint Vincent, entourée d'un très grand pré : le Pré du Roi.

L'endroit semble parfait... La fondation faite en 1060, la consécration se fait 5 ans plus tard en présence d'Anne.

L'abbaye construite, Anne fait venir des chanoines de Saint-Augustin et le monastère ne sera supprimé qu'à la Révolution...

Une deuxième vie !

Pendant ce temps, le roi de France Henri Ier était mort, laissant une jeune veuve de 35 ans.

Et parmi les seigneurs que l'on voyait venir à Senlis à la cour de la reine, on apercevait souvent le beau comte de Crépy, Raoul.

Un grand, très grand et puissant seigneur, descendant, dit-on, de Charlemagne !

Coup de foudre entre Anne et lui ! Raoul a quelques années de plus que la reine et a déjà une épouse.

Bah... Pourquoi s'embêter ? Il la répudie ! Et comme la reine l'aime en retour, il demande sa main...

Les deux amants réunis

En fait non ! Cela ne se passe pas exactement ainsi !

Raoul, tout gentleman qu'il est, a des côtés un peu rustres : le bougre enlève Anne en plein bois de Senlis, alors qu'elle fait sa petite balade digestive...

Pas très chevaleresque, le garçon ! Direction Crépy-en-Valois, où un prêtre les marie vite fait bien fait.

Scandale à la cour ! Une reine qui épouse un homme marié, à peine 3 ans après la mort de son mari ?

L'ex du comte va porter l’affaire à Rome, elle se plaint au pape !

On excommunie Raoul, on annule son mariage avec Anne. Pourtant, les deux amants ne se cachent plus et vivent toujours ensemble.

À tel point qu'on leur pardonne, même le roi Philippe Ier de France, le fils d'Anne, qui les admet de nouveau à sa cour...

Raoul meurt, laissant Anne de nouveau seule : on ne sait pas où se trouve la tombe de cette reine de France, en Russie, en France ou ailleurs...

L'abbaye et son cloître

L'église (12e - 13e siècles) a beaucoup été remaniée, au cours des siècles ; seul le clocher du 12e siècle est d'époque.

Dans les anciens bâtiments conventuels convertis en lycée, on fait le tour du cloître, construit en 1660.

De style classique, il paraît si austère, si triste !

À la Révolution, les bâtiments sont vendus comme bien national. C'est en 1836 que s’installe un internat pour garçons.

Source

  • Jean-Marie Tomasini. Crépy-en-Valois : mille ans d'histoire. Éditions Corps 9, 1983.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !