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Petite histoire du Pont-au-Change en 5 anecdotes

Quand : 1141 - 1860

Le pont | Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Pont Pont au Change

1 - L'origine du nom

Ce sont les changeurs qui s'installent les premiers sur ce pont de pierre et de bois, grâce à un édit du roi Louis VII, en 1141.

Interdiction d’aller exercer leur profession ailleurs ! Des changeurs qui lui laissent tout naturellement leur nom : pont au Change !

Paris sous Louis XIV : monuments et vues (Auguste Maquet, 1889) rapporte :

« En 1618, 50 forges d’orfèvres étaient établis sur un côté de ce pont, 54 changeurs avaient leurs boutiques sur l’autre côté. »

Impressionnant !

Le pont au Change en 1650, vue rétrospective (Hoffbauer)

Le pont au Change en 1650, vue rétrospective (Hoffbauer) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

2 - Les pigeons ont leur marché

Plusieurs fois détruit par les crues de la Seine, incendié en 1621 (oui, parce reconstruit tout en bois)…

L'architecte Androuet du Cerceau le réédifie entre 1639 et 1647 et aussitôt, on voit de petites maisons de 5 étages pousser comme des champignons et le recouvrir entièrement !

Le mercredi et le samedi, un marché aux arbres et aux fleurs s’y tenait.

Le dimanche matin, on vendait des oiseaux et des pigeons, à condition que les vendeurs y lâchent deux cents douzaines d'entre eux, quand les rois et les reines passaient sur ce pont, lors de leurs entrées solennelles.

Des vendeurs de tous poils venaient écouler tout ce qui, de près ou de loin, ressemblait à de la ferraille : vaisselle, ustensiles…

La démolition de ces maisons date de 1788.

Démolition des maison du pont au Change (Demachy, 1788)

Démolition des maison du pont au Change (Demachy, 1788) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

3 - Un vestige... au Louvre

Saviez-vous que l'on trouvait à cette époque, à l'extrémité du Pont-au-Change, une statue de Louis XIII flanquée de son épouse Anne d'Autriche et du petit Louis XIV ?

Un groupe sculpté par François Guillain, que l'on peut aujourd'hui voir au musée du Louvre !

Les trois bronzes ont été installés lors de la reconstruction du pont en pierre, commencée en 1639 et achevée en 1647.

Un monument sur fond de marbre noir, construit « au-dessus de la boutique d’un marchand, qui fait un angle formé par deux rues », rapporte le livre Monuments érigés en France a la gloire de Louis XV de Pierre Patte (1767).

L’équivalent de l’actuelle place du Châtelet, en somme...

Avant la destruction du monument en 1791, on pouvait lire ce petit mot :

« Ce pont a été commencé le 19 de septembre 1659 du glorieux règne de Louis XIII le Juste et achevé le 20 d’octobre 1647 régnant Louis XIV sous l’heureuse régence de la reine Anne d’Autriche sa mère. »
Monument du Pont au Change

Monument du Pont au Change | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

4 - Passage royal !

Rois et reines flanqués de leur cour passent par le Pont-au-Change, pour se rendre à la messe à Notre-Dame !

Mais pas que... pour les entrées officielles aussi.

Août 1389. La reine Isabeau de Bavière, la toute nouvelle reine de France (épouse de Charles VI) traverse le pont, lorsqu’elle fait son entrée dans la capitale.

Il fait nuit. L’air est doux, empli de mille parfums de fleurs. Au-dessus d’elle, un ange... non, attendez !

Un acrobate italien habillé en ange, qui avait tendu une corde entre une des tours de Notre-Dame et une maison construite sur le pont !

Il se laisse glisser pile sous la reine, un flambeau dans une main, pour lui déposer une couronne sur la tête.

Et repart par où il était arrivé, comme par magie...

Le Pont-au-Change en reconstruction, v. 1865

Le Pont-au-Change en reconstruction, v. 1865 | ©Paris Musée - Musée Carnavalet / CC0

5 - Le pont actuel et ses plombs

Le pont sur lequel nous nous trouvons aujourd'hui date de 1860 : à l'époque, le baron Haussmann réaménage tout Paris !

Le pont-au-Change doit se trouver dans l'alignement du tout nouveau boulevard du Palais.

C’est justement en 1855, lors de ces travaux monumentaux, qu’un certain Arthur Forgeais, antiquaire parisien, trouve des objets enfouis dans le lit de la Seine, lors de dragages.

Quantité d’objets accumulés, jetés là au fil des siècles…

Parmi cette fabuleuse collection, des plombs historiés et autres enseignes de diverses corporations, ainsi que de petites figurines en plomb des 16e/17e siècles, représentant gens du peuple, religieux et chevaliers.

À quoi servaient-elles ? Mystère. Les chevaliers pourraient avoir servi pour les pèlerins, qui les collaient dans les petites cavités creusées dans leur bâton de marche.

Un usage plus étrange, peut-être : des objets d’envoûtements pratiqués contre Henri III et ses mignons par des Parisiens complètement fanatisés par les troupes de la Ligue du duc de Guise, rapporte le Guide mystérieux de Paris des éditions Tchou..

À la mort d’Henri III en 1589, les Parisiens se dépêchent de jeter les figurines dans la Seine, de peur de représailles !

Ces « plombs de la Seine » sont conservés au musée de Cluny. Ils ne sont malheureusement pas exposés….

Sources

  • François Caradec. Guide de Paris mystérieux. Éditions Tchou, 2019.
  • Antoine Dulaure. Histoire physique, civile et morale de Paris. 1823.
  • Jacques Saint-Victor. Tableau historique et pittoresque de Paris. 1808.
  • Joséphine Marie de Gaulle. Nouvelle Histoire de Paris et de ses environs. 1839.
  • Emile de La Bédollière. Le nouveau Paris. 1860.
  • Article La pompe de la Samaritaine et le monument du Pont-au-Change dans Le magasin pittoresque. 1835.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !