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Petite histoire du château de Bressieux en 5 anecdotes

Quand : 980 - 1966

Le château | ©Thierry74 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA
Château Château de Bressieux

Une épopée arthurienne, une dame amoureuse d'un bandit de grand chemin, une autre en armure, avide de vengeance... voici 5 anecdotes sur le château de Bressieux !

1 - Un monstre de pierre

L’Homme habite le site depuis la Préhistoire, mais c'est vers 980 qu'apparaissent les premiers seigneurs de Bressieux : des hommes puissants, parmi l'une des familles les plus anciennes du pays !

Et qui figurent parmi les quatre grands barons du Dauphiné (avec ceux de Clermont, de Sassenage et de Montmaur).

En 1277, ces messieurs s’attellent à la construction de leur forteresse en brique rouge.

De forme rectangulaire, le château se composait au nord d'un grand corps de logis flanqué d'un haut donjon (23 m), et de deux tours plus petites à créneaux et mâchicoulis.

Une des tours renfermait les archives, qui tenaient, parait-il, dans une quarantaine d'armoires…

Une autre tour abritait une énorme cloche de 300 livres, soit environ 135 kg ! À l'est et à l'ouest, deux corps de bâtiment placés en retour d'équerre.

Au milieu, une cour intérieure bordée par la cuisine et la boulangerie... tout cela enfermé derrière de puissants remparts et des fossés de 30 m de large sur 12 de profondeur !

Autant vous dire qu'on a là une forteresse parée pour l'attaque !

Le château

Le château | ©Thierry74 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

2 - Kaamelott

Les ruines du fier château de Bressieux occupent un grand rôle dans le film d’Alexandre Astier, Kaamelott : Premier volet (2021).

Il devient pour l’occasion le château (hanté !) du roi Ban, le paternel de Lancelot !

Le château

Le château | ©Laurent Espitallier / Flickr / CC-BY

3 - La marquise qui faillit épouser Mandrin

Mandrin ! Le connaissez-vous ? Le contrebandier et bandit qui roule sa bosse dans le Dauphiné, au milieu du 18e siècle !

Mythique Robin de bois justicier qui lutte contre les taxes injustes de l’Ancien régime, et en paiera de sa vie.

Le rapport avec Bressieux ? Une dame. Une histoire d’amour.

Elle a pour nom Marguerite-Anne de Valbelle, marquise de Bressieux. Sa famille règne sur le château de Bressieux depuis 1720.

Dans quelles circonstances tombe-t-elle amoureuse de Mandrin, qui a alors son repaire dans le bois voisin de Chambarands, mystère…

On le dit grand, beau, des allures de chevalier, des manières de gentilhomme.

Il aime Marguerite. Ils ont prévu de se marier. Une union qui aurait peut-être fait entrer Mandrin dans une vie plus stable, qui sait ?

Mais le marquis de Bressieux, le père de Marguerite, refuse que sa fille épouse un roturier. La dame en a le cœur brisé. Elle ne voulut jamais se marier !

Elle apprend un jour l'arrestation et l'exécution de Mandrin.

La tradition rapporte que c’est pour cette raison qu’elle vend le château de Bressieux en 1780, ne pouvant plus supporter la vue de cette forteresse qui lui rappelait son amour perdu...

4 - La vengeance de Marguerite de Bressieux

Elle n’a pas vécu au château de Bressieux, mais porte le nom de cette puissante seigneurie…

C’est une héroïne, une guerrière, une amazone animée par la vengeance !

Une armée redoutable

Nous voilà en 1430. Marguerite de Bressieux, fille de Georges de Bressieux, seigneur d’Anjou en Dauphiné, prend les armes pour venger ses terribles blessures. De celles que rien ne peut soigner, pas même la vengeance, mais le sait-elle ?

En tous cas, en 1430, le prince d’Orange Louis de Châlons, allié au duc de Savoie, envahit le Viennois avec son armée d’Allemands, de Savoyards, de Bourguignons.

Ravage. Sang. Larmes amères. On donne à Châlons le nom de brûleur de donjons… Tremblez, pauvres âmes !

Un cauchemar éveillé

Le seigneur de Bressieux tente pourtant de mettre des bâtons dans les roues à l’avancée de Châlons. Mais les bâtons, Châlons déteste ça. Il jure la perte de son ennemi...

Ses troupes mettent le cap sur Anjou, brûlent tout, égorgent et violent.

Marguerite... la jeune fille était de ce nombre. Personne ne sera épargné.

Après ce carnage, Marguerite se réveille dans une brume épaisse. Elle a perdu père et mère. Tout est anéanti.

Avec quelques rescapées, après avoir inhumé leurs morts, elle quitte ce lieu de malheur, pour se réfugier chez une parente, où elles se procurent armes et chevaux. Elles s’entraînent jour et nuit, des lunes durant.

En attendant le moment de combattre Châlons...

La vengeance en marche

L’occasion se présente enfin. On voit alors venir de loin, sur le ciel pâle, une ligne de cavalières. Les voilà ! Elles franchissent le Rhône où se trouvent les troupes royales, enfin décidées à mater Châlons.

Elles sont douze, sur leurs montures noires, noires comme leurs armures.

L’une d’elle tient la hampe d’un pennon, semé de larmes d’argent et de têtes de mort. En dessous, une orange percée d’une lance, avec cette phrase : Ainsi tu seras.

C'était Marguerite...

La dame de Bressieux murmure soudain :

« Daignez, seigneurs, nous admettre dans vos rangs. Victimes du plus lâche des outrages, nous voulons le laver dans le sang. »

Le 29 mai 1430, l’armée se met en branle, les douze femmes au centre !

Un à un, ils tombent !

Les châteaux qui avaient abrité les ennemis tombent un à un. Jusqu’à ce que l’armée de Châlons soit en vue. Elles attaquent.

Au milieu de la boucherie, elles lèvent la visière de leurs heaumes. Leurs visages… impossible ! Châlons et ses soudards croient voir les fantômes de leurs victimes les encercler… Elles les massacrent un à un.

Marguerite de Bressieux, blessée, meurt quelques heures après au couvent des Sallettes de Grenoble, tandis que ses compagnes entrent dans les ordres, jusqu’à leur mort.

Le château

Le château | ©Thierry74 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

5 - Comment la ruine arrive !

Le château est vendu en 1780 par les Valbelle (pour la première fois de son histoire) à un monsieur qui, avec la Révolution grondant au loin, ne profitera pas longtemps de sa nouvelle maison !

Une époque bien sombre, qui ruinera totalement notre château.

Tellement détruit, d'ailleurs, que les propriétaires successifs abandonneront les restaurations... pour le vendre à la commune en 1966, qui le restaure depuis petit à petit.

Sources

  • Bulletin de la Société de géographie de Lille (22e année, 35e tome). 1901.
  • Paul Berret. Contes et légendes du Dauphiné. 1937.
  • Alfred Tranchant, ‎Jules Ladimir. Les femmes militaires de la France. 1866.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !