Petite histoire du château de Bienassis en 5 propriétaires

Un corsaire, une aïeule de Sissi l'impératrice...

Du Quélennec, corsaire... et pirate !

François du Quélennec est seigneur de Bienassis à la fin du 15e siècle.

Le cousin de l’amiral Jean du Quélénnec, grâce à qui probablement il commence sa carrière de corsaire.

Il se bat d’abord contre les pirates anglais qui ravagent les côtes bretonnes, mais, en 1486, un traité de commerce signé entre le duc de Bretagne et le roi d’Angleterre interdit la piraterie.

Quélennec se fait pirate… Le duc ordonne son emprisonnement, il a enfreint les lois !

L’ordre n’est pas exécuté, on retrouve Quélennec en 1501 participant à la dernière croisade lancée par le pape Alexandre VI, contre les Ottomans en mer Égée.

Rien de bien glorieux, il rentre en Bretagne où il meurt en 1504.

Douves et enceinte du château | ©Patrbe / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Les Visdelou, en pleine tourmente

Françoise du Quélennec, héritière du domaine, l'apporte en dot à son second mari Gilles Visdelou, seigneur de la Goublaye, en 1592.

Celui-ci va entièrement remanier le château.

Visdelou suit le parti d'Henri IV, pendant les guerres de la Ligue...

Très mauvais choix, qui lui coûte très cher, puisque les capitaines Chefdorge et Vieuxville-Villevolette occupent l'endroit, le pillent, et privent Visdelou des revenus de sa seigneurie pendant 10 années !

Il est fait prisonnier et doit payer sa propre rançon.

Quoi qu'il en soit, en 1620, il fait reconstruire l'enceinte de Bienassis et transforme le château en celui que nous voyons aujourd’hui.

Photo ancienne du château | ©Musée de Bretagne / Public domain

Une ancêtre de Sissi !

René François, le dernier des propriétaires précédents, les Visdelou, meurt en 1715.

Sa fille, Marie Anne Hyacinthe, épouse en 1727 Louis Engilbert de La Marck.

Leur fille unique Louise Marguerite de La Marck épouse en 1748 Charles de Ligne, duc et prince d’Arenberg.

Une de leurs petites-filles, par son mariage avec un membre de la famille des ducs de Bavière, sera la grand-mère de l’impératrice Élisabeth d’Autriche, Sissi !

Sissi, vers 1862-70 | ©Rijksmuseum / CC0

Le général de Valletaux... au service de la reine !

Le général de Valletaux, d’origine charentaise, acquiert Bienassis en 1796 en tant que bien national.

Jean André Valletaux, général de la Révolution et de l’Empire !

En pleine Révolution, en tant qu’adjudant sous-officier, il est désigné pour servir dans la garde du roi Louis XVI.

Il y est encore, en 1792, quand le peuple parisien envahit le palais des Tuileries et force le roi à coiffer le bonnet phrygien.

Valletaux, qui n’est pourtant pas de service, se rue dans l’appartement du roi et tombe sur la reine, le dauphin dans ses bras.

Le sabre à la main, il se place entre elle et le peuple et hurle des injures en les repoussant.

Quelqu’un fait remarquer à la reine la grossièreté du rustre, complètement déplacée devant sa majesté…

La reine répond de le laisser dire, qu’il faudrait plus de Français qui lui ressemblent !

Valletaux meurt le 23 juin 1811 à 53 ans en Espagne, en pleine guerre napoléonienne.

L’empereur ne sait pas qu’il vient de mourir... pour le récompenser de ses services, il le nomme commandant de la Légion d’honneur, le 14 juillet 1811.

On oublie même de graver son nom sous l’Arc de Triomphe ! Erreur réparée grâce au maréchal Soult.

Portail d'entrée du château | ©Musée de Bretagne / Public domain

L'amiral de Kerjégu, aux quatre coins du globe

Jules de Kerjégu, le frère des Kerjégu qu’on a rencontrés au château de Trévarez, acquiert Bienassis en 1876 des mains des descendants du général Valletaux.

Lui est amiral et homme politique (sénateur des Côtes-d’Armor).

Il participe aux campagnes en Baltique, Chine, Cochinchine (actuel Vietnam), Mexique.

Sources

• Jean-François d'Hozier. Les chevaliers bretons de Saint-Michel. 1884.
• Le nécrologe universel.
• Adolphe Bitard. Dictionnaire de biographie contemporaine française et étrangère. 1887.
• Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas.