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Petite histoire de Notre-Dame-des-Victoires de Paris en 7 anecdotes

Quand : 1628 - 1809

L'église | Mbzt / CC-BY-SA
Basilique Basilique Notre-Dame-des-Victoires

1 - Un vœu de Louis XIII à l'origine de l'église

Notre-Dame-des-Victoires est à la base l’église du couvent des Petits Pères ou des Augustins déchaussés.

Ces religieux s’installent ici en 1628, après avoir été chassés de leur précédent monastère, rue Bonaparte, par la reine Margot… la raison ? Ils chantaient faux !

Ils y font construire un couvent, supprimé à la Révolution et démoli en 1850. L’église actuelle en est le seul vestige !

Les religieux avaient demandé à Louis XIII de bien vouloir être le fondateur de cette dernière.

Il accepte, à condition qu’elle soit dédiée à la Vierge Marie, en reconnaissance des victoires remportées contre les protestants, notamment au siège de La Rochelle.

Le roi pose la première pierre de l'église actuelle le 9 décembre 1629.

On distingue plusieurs campagnes de travaux :

  • Pierre Le Muet réalise le chœur, entre 1629 et 1632 ;
  • Libéral-Bruant s'occupe du transept et de la dernière travée de la nef, entre 1642 et 1666 ;
  • l'architecte du roi Sylvain Cartaud se charge du portail, en 1739.

Le tout s'achève par les voûtes, toujours réalisées par Cartaud, entre 1737 et 1740.

Le Fiacre (Ch. de Luna, 1845)

Le Fiacre (Ch. de Luna, 1845) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

2 - Frère Fiacre... et les fiacres !

Le plus connu des frères de la communauté des Petits Pères s’appelle Fiacre.

En novembre 1637, il a une révélation : la Vierge Marie lui apparaît et lui annonce la naissance prochaine du futur Louis XIV, l’héritier tant attendu !

Mais figurez-vous que ce moine a laissé son nom à la célèbre voiture à cheval, le « fiacre » !

Déjà connues dès l’époque d’Henri IV, ces voitures, très utilisées à Paris, n’avaient pas de nom particulier.

À sa mort, Fiacre acquiert une réputation de sainteté, grâce à ses reliques miraculeuses. On ne jurait que par lui.

Les cochers des voitures publiques se placent donc sous la protection du saint : ils disposent des images de Fiacre partout dans leur véhicule, pour se préserver d’accidents, pendant leurs courses !

De là le nom de saint Fiacre donné à ces voitures, puis, par abréviation, fiacre tout court !

Voeu de Louis XIII à la Rochelle (Van Loo, 1628)

Vœu de Louis XIII à la Rochelle (Van Loo, 1628) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet/ CC0

3 - Les tableaux de Van Loo, suspects à la Révolution !

Le chœur de Notre-Dame-des-Victoires abrite sept toiles de Carle Van Loo, avec, au centre, Le Vœu de Louis XIII pendant le siège de La Rochelle.

Les six autres illustrent des passages de la vie de saint Augustin.

La toile du Vœu de Louis XIII a vécu un drôle d’épisode, pendant la Révolution, en 1793...

Plusieurs décrets de la Convention ordonnent de faire disparaître, de tous les monuments de France, les emblèmes de la royauté et de la féodalité. La toile des Van Loo est signalée comme suspecte...

On charge le citoyen Martin Laporte du travail. Ce peintre rapporte qu’il lui a fallu 5 jours pour supprimer le cordon bleu porté par le cardinal de Richelieu, en peignant un pan de robe rouge par-dessus ; idem pour les fleurs de lys sur le drapeau au premier plan.

Avant d’ajouter, dans un mémoire sur son travail :

« J’ai été obligé de faire ce travail à près de 20 pieds de hauteur, sur une échelle tremblante pour éviter les frais d’un échafaud. »

Aujourd’hui, le tableau a été rétabli dans sa version originelle !

Cénotaphe de Lully

Cénotaphe de Lully | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

4 - La tombe Lully… et son trésor

L’église abrite le cénotaphe de Jean-Baptiste Lully, musicien de Louis XIV !

Pendant la Commune de Paris, en mai 1871, toute l’église est passée en revue par les fédérés : tout est fouillé à la recherche d’armes ou de dépôts de poudre.

Jusqu’au moment où l’un d’eux propose de sonder les murs, à la recherche de prétendus trésors cachés… On envoie chercher pelles et pioches, et hop, au travail !

On ouvre les caveaux, on viole les tombes.

Arrivé au tombeau de Lully, on y découvre une cachette contenant toutes les richesses de l’église :

  • calices et ciboires ornés de pierres précieuses ;
  • les deux couronnes en or données par le pape pour la statue de la Vierge ;
  • deux couronnes ornées d’améthystes, offertes par la vice-reine d’Irlande ;
  • quantité de diamants et de bijoux précieux…

Les émeutiers pillent et ravagent finalement toute l’église, jusqu’à tard dans la nuit.

La Vierge

La Vierge en plâtre | ©Vassil / Wikimedia Commons / CC0

5 - Le sauvetage de la statue de la Vierge en 1871

La statue actuelle de la Vierge nous vient d’Italie, réalisée en plâtre par un artiste anonyme, et installée dans l’église en 1822.

Elle succède à la statue originelle de Notre-Dame de Savone : rapportée d’Italie par saint Fiacre, au début du 17e siècle, elle est remplacée par une autre statue offerte par Louis XIV, avant de disparaître en 1796.

La statue actuelle, elle, a bien failli être détruite, pendant la Commune de Paris, en 1871 ! C’est la page Facebook officielle de la Basilique Notre-Dame-des-Victoires qui nous apprend l’anecdote.

Le 17 mai 1871, un certain Jacques Libman sauve la Vierge du saccage des Communards. Il prétexte qu’elle lui appartient, puisqu’il vient de l’acheter !

En 1903, il offre un ex-voto commémorant l’évènement : la plaque se trouve aujourd’hui au pied de la statue.

Ce monsieur est un amoureux du patrimoine : la même année, il sauve aussi la Chapelle expiatoire !

Les ex votos

Les ex voto | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

6 - Les ex-voto

Il y aurait 37 000 ex-voto, indique le livre Paris méconnu (Jacques Garance, 2017), du nom de ces petits tableaux de marbre blanc, offerts en remerciement d’un vœu exaucé.

Ici, les murs en sont presque entièrement couverts… impressionnant !

La façade

La façade et ses pyramides | ©Chabe01 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

7 - Reconversion insolite : bourse des valeurs et Guillaume Tell

C’est dans l’église que la Bourse des valeurs s’installe le 8 janvier 1796, en vertu d’un arrêté du Directoire du 18 nivôse an IV.

« Ainsi, le Dieu véritable auquel un roi très chrétien a consacré cet édifice, est remplacé dans ce lieu par le génie du lucre et de la cupidité, inspirateur de tant de crimes ; et aux cantiques sacrés, qu’on entendait naguère retentir sous les voûtes du saint temple, succèdent le bruit discordant de l’argent et de l’or, et les cris des agents qui proclament la hausse ou la baisse »...

La Bourse bouge ensuite en 1809 au Palais-Royal, avant son installation définitive à son emplacement actuel : le palais Brongniart !

En 1793, après la fermeture de l’église, on voit débarquer la « Société patriotique et populaire du quartier du Mail », dite Société Guillaume Tell, qui y tient ses séances plusieurs mois durant.

À la même époque, la croix qui dominait le fronton de l’église est supprimée : et l'on avait, sur les deux pyramides flanquant la façade, mis des bonnets phrygiens, seulement retirés en août 1807 !

Sources

  • Victor Dumax. Le pèlerin à Notre-Dame-des-Victoires. 1894.
  • Ch. Bertrand. Histoire de l'église de Notre-Dame-des-Victoires. 1872.
  • Jacques Hillairet. Connaissance du vieux Paris. Éditions Princesse, 1963.
  • Nouveau tableau de Paris au 19e siècle. 1834.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !