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Petite histoire de l'abbaye Saint-Victor de Marseille

L'abbaye | Guiguilacagouille / CC-BY-SA
Abbaye Bénédictin Abbaye Saint-Victor de Marseille

La fondation de Victor

Il semble que Lazare soit venu à Marseille pour évangéliser les habitants.

Mais l'histoire ne plaît pas aux Romains, qui le font arrêter et exécuter !

Son corps est inhumé dans une grotte en dehors de la ville, grotte sur laquelle les compagnons de Lazare font construire une petite église souterraine, bientôt agrandie : plus tard, on construit dessus l'abbaye !

Pourquoi ce nom de Saint-Victor, alors ?

Hé bien parce que dans cette grotte, devenue catacombes, on place les corps d'autres martyrs comme saint Victor, à qui les premiers Marseillais vouent un culte très fort, au 3e siècle !

Et voilà qu'arrive au 5e siècle Cassien, qui fonde l'abbaye actuelle sur les vieilles catacombes.

Le monastère bénéficie de nombreux privilèges !

Droit d'ancrage dans le port, grâce à Charlemagne ; exemption de toute juridiction en 1010 ; droit de faire construire des châteaux sur toutes leurs terres (et ils en ont), grâce au roi d'Aragon...

Une puissante abbaye

C'est une très grande abbaye, dont dépend quantité de monastères, en Italie et en Espagne !

Mais du 5e au 7e siècle, l'abbaye subit plusieurs invasions de Barbares. Celle du 9e siècle lui est fatale...

Le vicomte de Marseille Guillaume Ier la relève de ses ruines.

Puis en 1040, le pape Benoît IX dédicace l'église en grande pompe, cérémonie où se pressent plus de 10 000 personnes...

L'église est reconstruite entre 1200 et 1280, sûrement sous l'égide de l'abbé Hugues de Glazinis ; le pape Urbain V (aussi abbé de Saint-Victor sous le nom de Guillaume de Grimoard), fait construire les grandes tours carrées (dont l'une sert de clocher, avec plus de 23 cloches) et fortifier toute l'abbaye.

Il place les reliques de Victor, Cassien et plusieurs autres dans de magnifiques reliquaires en or et pierres précieuses (disparus pendant la Révolution).

Vers 1480, on place l'abbaye en commende ; en 1746, on la sécularise.

Et attention, si jamais vous vouliez vous y retirer, on accepte que la crème de la crème, l’élite !

Seuls les chanoines avec plus de 150 ans de noblesse (et qui en ont la preuve) peuvent entrer dans l’abbaye !

Et en 1774, honneur suprême : les chanoines portent le titre de comte !

Malheureusement, le monastère est vendu à la Révolution comme bien national, puis détruit.

Seuls restent le mur fortifié nord, les cryptes et l'église supérieure.

On visite quoi ?

Les bâtiments qui composent la silhouette austère de l'abbaye, sur le port, datent du 5e au 14e siècle.

On a ici les deux tours : celle d'Isarn d'abord, utilisée comme entrée principale, et la tour d'Urbain V.

Toutes deux ont été construites en pierre calcaire rose.

Passons à la crypte : de vraies catacombes, aménagées dès le 3e siècle ! Elle abrite une petite statue en noyer du 13e siècle, la Vierge Noire.

Elle représente Notre-Dame-de-la-Confession, sainte encore très vénérée à Marseille, surtout à la Chandeleur en février !

La crypte se compose de la grotte Saint-Victor avec ses tombes ; de la chapelle d'Isarn avec la tombe de celui-ci (11e siècle) ; de la chapelle Saint-André du 11e siècle.

Allez, suivez-moi dans l'église supérieure, maintenant !

De style roman, sa nef principale date du 11e siècle, tandis que les deux autres nefs et l'abside remontent au 14e siècle.

Et vous savez quoi ? Là se trouvaient les reliques de Victor et le gisant d'Urbain V...

Sources

  • Jean-Paul Clébert. Guide de la Provence mystérieuse. Éditions Tchou, 1968.
  • Moine Théophile. Saint-Victor de Marseille et Notre-Dame de la Garde. 1892.
  • Charles Kothen. Notice sur les cryptes de l'abbaye Saint-Victor : précis historique. 1864.
  • M. Guérard. Cartulaire de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille. 1857.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !