This website requires JavaScript.

Petite histoire de l'hôtel-de-ville de Lyon et de la place des Terreaux en 7 anecdotes

Quand : 1646 - 1944

L'hôtel-de-ville | Jean Housen / CC-BY-SA
Hôtel de ville Hôtel de ville de Lyon

1 - L'ancien hôtel-de-ville existe toujours

Saviez-vous que l'hôtel-de-ville ne s'est pas toujours trouvé ici, sur la place des Terreaux ?

En effet, autrefois, le conseil municipal lyonnais tenait ses séances dans l'hôtel de la Couronne, au 13 rue de la Poulaillerie.

Devinez quoi… l’endroit existe encore !

Une plaque commémore son existence : il s’agit de l’actuel musée de l’Imprimerie.

Endroit très peu commode, étroit, à vrai dire, qui nécessite un déménagement sur la place des Terreaux, en 1646...

Fontaine Bartholdi

Fontaine Bartholdi | ©Zairon / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

2 - La fontaine : la Garonne… à Lyon !

La fontaine Bartholdi porte le nom de son illustre sculpteur, Auguste Bartholdi.

Vous savez ? Le papa de la statue de la Liberté et du Lion de Belfort ! Elle a été inaugurée en 1892.

Elle représente une allégorie de la France et ses quatre fleuves, représentés par des chevaux.

Mais à la base, il s’agit d’une commande de la ville de Bordeaux !

Le groupe s’appelle alors « Char triomphal de la Garonne » : l’allégorie principale représentant la Garonne, avec ses principaux affluents se jetant dans l’océan.

Mais le groupe coûte trop cher, pour la ville de Bordeaux, après l’Exposition Universelle de 1889.

Ce n’est pas perdu pour tout le monde... le maire de Lyon le rachète en 1890 !

L'hôtel-de-ville

L'hôtel-de-ville | ©Zairon / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

3 - La guillotine s'installe sur la place des Terreaux

La guillotine, arrivée de Paris en octobre 1792, est d’abord installée sur la place Bellecour (renommée place de la Fédération), puis sur celle des Terreaux (dite de la Liberté).

Elle y reste en permanence, le temps de la Terreur, aménagée devant le perron de l’hôtel-de-ville.

On guillotine alors à la pelle :

« Le 27 frimaire, 13 condamnés exécutés en 10 minutes. Le I nivôse, 32 en 25 minutes. Le 18 nivôse, 12 en 5 minutes, etc. Ce qui fait, on le voit, plus de 2 têtes par minute. »

Le sang imprègne littéralement le sol de la place des Terreaux :

« Un fossé, creusé sous l’échafaud, conduisait le sang des suppliciés dans le canal, qui recevait le trop-plein des eaux de la fontaine, que l’on voyait alors sur la place des Terreaux. Malgré cette précaution, le sang coulait dans toutes les directions, et par le piétinement des hommes et des chevaux, formait une boue affreuse aux odeurs de cadavres. »

On tente bien de faire déplacer plus loin l’atroce engin de mort, en vain :

« Le sang, n’étant pas conduit dans un canal souterrain, coulait en telle abondance sur cette partie de la place, que les habitants du quartier signèrent des pétitions pour demander que la guillotine fût transportée ailleurs. On l’établit à l’autre extrémité de la place, dans l’axe du perron entre la rue Sainte-Marie et la rue Saint-Pierre. »

Et à chaque nouvelle fournée de victimes, c’est le même ballet macabre :

« Le sang répandu sur le sol et sur toutes les planches de l’instrument des vengeances nationales, exhale des miasmes que quelques degrés de chaleur de plus pouvaient rendre contagieux. On a lavé les parois intérieures et extérieures avec du lait de chaux ; on a fait pomper le sang en stagnation par du gravier frais, qui a été enlevé de suite et remplacé. »

4 - La place des Terreaux, le lieu des exécutions capitales !

La place des Terreaux a servi de sombre cadre aux exécutions capitales, pendant plusieurs siècles.

A l’instar de celle du sergent Belair, reconnu coupable dans l’affaire de la tristement célèbre bousculade du pont de la Guillotière, en 1711.

Il meurt roué vif sur la place des Terreaux, le 21 octobre 1711.

Mais connaissez-vous les deux plus célèbres exécutions, qui ont eu lieu sur la place ?

Celles de François-Auguste de Thou et Joseph Chalier : elles ont le point commun d’avoir viré à la boucherie...

Exécution de Cinq-Mars et De Thou (C. Luyken, 1701)

Exécution de Cinq-Mars et De Thou (C. Luyken, 1701) | ©Rijksmuseum / CC0

Exécution de De Thou

De Thou a trempé dans la conspiration du marquis de Cinq-Mars, contre le cardinal de Richelieu.

Condamnés pour crime de lèse-majesté, les deux compères allaient être décapités, le 12 septembre 1642.

Le marquis de Fontrailles raconte :

« Le bourreau était un vieux gagne-deniers de la ville, qui n'avait jamais fait exercice, et duquel l'on fut contraint de se servir, à cause que l'exécuteur ordinaire avait eu une jambe rompue depuis un mois ou deux… »

Ça commence mal ! Le bourreau commence à abattre sa lame sur le cou de De Thou, avec « un couteau fait à la façon des haches anciennes. »

Pas assez fort... le cou de la victime n'est entamé qu'à moitié !

Le corps de De Thou se renverse sur le côté, ses bras et ses jambes convulsent.

Le bourreau, fébrile, frappe, frappe, encore et encore... il faut 6 à 7 coups, pour venir à bout du conspirateur !

Joseph Chalier (A. Briceau, 1793)

Joseph Chalier (A. Briceau, 1793) | ©Rijksmuseum / CC0

Exécution de Chalier

Ironie du sort… Chalier, qui avait fait amener la guillotine à Lyon, est le premier à inaugurer la machine !

Joseph Chalier est un orateur montagnard lyonnais, un ardent révolutionnaire. Il participe à la prise de la Bastille, en juillet 1789 !

Il finit exécuté le 16 juillet 1793, sur la place des Terreaux.

Le bourreau, Jean Ripert, n'a aucune connaissance de la guillotine, qu'il utilise pour la première fois.

Lorsqu'il déclenche le couperet, la lame tombe. Mollement. Lentement.

Elle ne fait qu’entamer le cou de Chalier. Ripert, tremblant, re-déclenche le couperet. Pas mieux !

Troisième fois. La colonne vertébrale n'est même pas tranchée ! Ripert doit donc, avec son couteau, trancher le cou du supplicié.

La tête tombe enfin dans le panier prévu à cet effet. Le bourreau se devait alors de montrer la tête tranchée à la foule.

Sauf que... Chalier est chauve ! Ripert attrape le trophée sanglant comme il le peut... par les oreilles !

La lune du beffroi

La lune du beffroi | ©Romainbehar / Wikimedia Commons / CC0

5 - La lune du beffroi

La voyez-vous, cette boule bicolore, mi-noire, mi-dorée, encastrée dans le beffroi de l’hôtel-de-ville ?

Il s’agit d’une belle horloge lunaire !

Ce genre d’horloge est généralement intégré dans des horloges monumentales publiques, ou des horloges astronomiques.

Leur utilité ? Indiquer les différentes phases de la lune. La partie dorée correspond, bien sûr, à la partie visible de la lune, au moment où on la regarde.

La boule actuelle date probablement du milieu du 19e siècle.

Le mètre étalon : double décimètre

Le mètre étalon : double décimètre | ©Romainbehar / Wikimedia Commons / CC0

6 - Un rare mètre-étalon révolutionnaire

A la toute fin du 18e siècle, il existe une foultitude d’unités de mesures, en France. Coudée, toise, pas… difficile de s’y retrouver !

Une mesure unique, universelle, plus pratique, pour plus d’égalité entre les différentes régions du royaume, est mise en place : le mètre.

Le 22 juin 1799, le mètre-étalon est présenté à l’Assemblée nationale.

Afin de familiariser les Français avec cette nouveauté, des mètres-étalons sont apposés sur les murs de plusieurs grandes villes.

Il en reste encore deux en marbre à Paris, mais aussi un en fer à Lyon, dans la cour intérieure de l’hôtel-de-ville !

L'hôtel-de-ville : le balcon

L'hôtel-de-ville : le balcon | ©Zairon / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

7 - Lyon, la « fière capitale de la résistance »

C’est du balcon de l’hôtel-de-ville que le général de Gaulle proclame Lyon « capitale de la résistance », le 14 septembre 1944.

La ville vient tout juste d’être libérée, )à la suite du débarquement allié en Provence, un mois plus tôt.

Le général entame alors une tournée des grandes villes françaises libérées, en commençant par Lyon.

Depuis l’hôtel-de-ville, devant une place des Terreaux noire de monde, il prononce un célèbre discours où il proclame Lyon « capitale gauloise qui fut la capitale de la Résistance française » !

Sources

  • Tony Desjardins. Histoire de l'Hôtel-de-Ville de Lyon depuis l'époque de sa construction jusqu'à nos jours. 1871.
  • A. Gaillard. Tableau de la ville de Lyon depuis les temps romains jusqu'à nos jours. 1847.
  • Jacques Delarue. Le métier de bourreau du Moyen Age à aujourd'hui. Fayard, 2014.
  • Achille Raverat. Lyon sous la Révolution : suivi de la liste des condamnés à mort. 1883.
  • Conjuration de Cinq-Mars. Hachette, 1856.
  • Article Les horloges à lune sur le site patrimoine-horloge.fr.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !