Petite histoire de l'abbaye Saint-Sauveur de Charroux

Une abbaye privilégiée

Fondée par Roger, comte de Limoges et son épouse Euphrasie en 785, Charroux bénéficie de beaux cadeaux de « naissance » !

Charlemagne fait don de la relique d'un morceau de la vraie Croix, plus celle du Saint-Vœu (le prépuce de Jésus-Christ), ainsi que d'autres objets précieux.

En 799 a lieu la consécration de l'église en bois, dédiée à saint Sauveur et à la Vierge, par le pape Léon III, accompagné de l'évêque de Poitiers.

Les grands du royaume commencent à donner sans compter : Louis le Débonnaire fait achever l'église en pierre et donne des privilèges aux religieux.

Les moines peuvent ainsi se nommer eux-mêmes abbés, et ne paient plus aucun péage pour leurs bateaux, quel que soit le port de France où ils se trouvent !

Charles le Chauve leur fait ensuite don d'une couronne d'épines et de clous.

Les papes prennent quant à eux Charroux sous leur protection. Voilà donc notre abbaye à peine éclose et déjà si riche !

Des temps plus durs

Mais, peu avant l'an 1000, le village et son abbaye subissent des pillages et des destructions.

On restaure aussitôt le monastère : l'église, reconstruite vers 1016, est consacrée en 1028.

Très puissante, au sommet de sa gloire à l'époque médiévale, l'abbaye possède de nombreux biens en France : régions de Poitiers, de Bordeaux, de Beauvais, d'Agen... mais aussi en Angleterre : une centaine d'églises, une dizaine de monastères, deux château-forts et un nombre incalculable de terres !

Mais en 1136, alors que l’abbaye s'est relevée de ses précédents incendies, un nouveau brasier la frappe.

Heureusement, donations et privilèges se poursuivent pendant tout le Moyen Âge...

Mais si le feu n'a pas eu raison d'elle, la folie des hommes va causer sa perte...

Nous voilà pendant les guerres de Religion. En 1569, le baron protestant Carbonnières, allant rejoindre l'amiral de Coligny au siège de Poitiers, passe à Charroux et pille la ville.

L'abbaye pourtant fortifiée se fait assiéger, incendier, ses moines massacrés.

Les reliques, les objets en or, les manuscrits sont détruits, tout comme les voûtes du chœur et la nef.

Charroux ne se relèvera pas... À la Révolution, on vend ses bâtiments morceau par morceau.

De l'imposante église abbatiale longue de 127 m, il reste l'étrange tour octogonale dite de Charlemagne, soutenue par 8 faisceaux de colonnes, qui surplombait autrefois l'autel de l'église sous lequel étaient placées les reliques, dans une crypte.

Sources

• Amédée Brouillet. Description des reliquaires trouvés dans l'ancienne abbaye de Charroux, le 9 août 1856. 1861.
• M. de Chergé. Article Notice sur l'abbaye de Charroux. Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest (tome 1). 1836.