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Nostradamus à Salon : lait virginal, confitures et pronostics

Quand : 14 décembre 1503 - 1555

Nostradamus | ©Wellcome Collection /.Public Domain
Musée Mystère Maison Nostradamus Musée Nostradamus

Une grande destinée

Secrets du ciel et peste noire

La famille de Nostradamus est originaire du Comtat venaissin.

Le Comtat ? Vers Carpentras, si vous voulez. Le père, Jaume Nostredame, est notaire.

La légende dit que l'un de ses ancêtres avait occupé le poste de médecin du roi, rien que ça !

Michel, lui, naît le 14 décembre 1503 à Saint-Rémy-de-Provence. Son aïeul Jean lui apprend à lire le ciel, les secrets de la nature.

Le petit Michel a toujours envie d'apprendre plus ! Alors, il part tout jeune étudier à Avignon, où il montre une grande vivacité d'esprit et une curiosité sans limites.

Ensuite, ce sera l'Université de Montpellier, pour étudier la médecine.

Cela tombe bien, une épidémie de peste noire ravage tout le sud-ouest de la France : Michel part soigner les malades.

Pour cela, il a un médicament de son invention... qui enraye l'apparition des symptômes !

Maison de Nostradamus

Maison de Nostradamus | ©Shadowgate / Flickr / CC-BY

Poudre miracle !

En 1530, il est reçu médecin après ses examens.

Michel a la bougeotte : le voilà passant de ville en ville, en Provence. Ce qu'il fait ?

Il fabrique des fards, des parfums et des philtres d'amours. Il arrive à en vivre, en plus ! Même plutôt bien.

Ses pas le conduisent bientôt à Aix-en-Provence, où la peste se remet à frapper.

Nous sommes en 1546 : Michel va soigner les malades avec sa poudre miracle...

Il la fabrique à base d'écorce de cyprès, d'iris, d'ambre gris, de musc et d'aloès, sans oublier l'élément essentiel selon lui : des pétales de roses rouges, cueillies à l'aurore...

La poudre, bien sûr, ne soigne pas les malades !

Mais elle assainit l'air et empêche le mal de se propager dans des endroits clos.

Encore une fois, Michel a sauvé la situation... mais tous ces succès lui attirent la jalousie de ses confrères.

Nostradamus

Nostradamus | ©Wellcome Collection / CC-BY

Michel à Salon-de-Provence

Épouse et enfants

Et voilà Michel qui s'installe à Salon. Là, il se marie : elle s'appelle Anne Ponsard.

Vous savez ? Celle que l'épitaphe de l'église Saint-Laurent de Salon désigne à tort comme Anne Ponce Gemelle.

Ils auront 6 enfants, là dans leur maison du 2 de la rue Nostradamus, dans laquelle Michel vivra 19 ans, jusqu'à sa mort.

Comme au bon vieux temps, il commence par vendre ses cosmétiques et recevoir quelques patients.

Lait virginal et dents pourries

C'est à Salon qu'il rédige son Traité des fardements (1552).

On y apprend à distiller les eaux, confectionner des parfums et autres lotions contre la mauvaise haleine.

Parmi ces recettes :

  • « une pommade d'une souveraine odeur ;
  • une « poudre de violette » ;
  • une « huile de noix de muscade » ;
  • une « poudre pour nettoyer et emblanchir les dents, les rend blanches comme ivoire pour noires et rousses qu'elles soient » (et d'ajouter qu'il y a une autre recette pour les dents « fort pourries et corrompues ») ;
  • une crème pour rendre les mains « d'une parfaite blancheur et douces à manier » ;
  • le « lait virginal », pour « ôter les macules du visage. »

Il offre aussi aux dames la possibilité de se teindre les cheveux, pour « avoir en 4 jours le poil blond comme or de ducat » !

La meilleure de toutes ces recettes, selon le maître ?

Le philtre d'amour de Médée, à base de mandragore et de sang de passereaux mâles « saignés par l'aile sénestre. »

Nostradamus

Nostradamus | ©Rijksmuseum / CC0

Le roi de la confitures !

Michel publie aussi un recueil sur les confitures (1555).

On y apprend à faire des « confitures de plusieurs sortes, tant en miel que sucre et vin cuit. »

Les recettes vont :

  • du « sirop rosat » au « sucre candi » ;
  • des « tourrons d'Espagne » aux zestes de citrons confits ;
  • de la « confiture de guignes ou agryotes » à la « confiture de gingembre vert » ;
  • de la gelée de coings aux tartes de massepain...

Pressentir l'avenir !

Alors, ce pronostic ?

Mais surtout, Michel commence à s'adonner à l'astrologie : la prédiction via les astres, qu'il scrute toutes les nuits avec application.

On le dit astrophile à l'époque et le voilà qui publie ses premières prédictions : La Grande pronostication.

En même temps, il commence à recevoir des clients à qui il dit l'avenir.

Sacrée activité lucrative, dites donc ! Encore mieux que les fards...

Les mauvaises langues ne tardent pas à l'accuser de tous les maux de la terre : « Sorcier ! Hérétique »...

Oh, mais Michel s'en fiche bien ! Il a du pain sur la planche. Un best-seller en cours de rédaction !

La publication des Centuries

En 1555 sortent les Centuries et peu après un recueil des Prophéties : des prédictions sur le futur, tellement floues et obscures, que l'on peut les interpréter de multiples façons.

En tous cas, le livre fait un malheur. Même que le best-seller arrive à la Cour !

Dans les oreilles de Catherine de Médicis, que l'on sait friande d'astrologie et de magie.

Toute impatiente, elle le fait venir à Paris à l'été 1555. Michel prédira l'avenir de ses fils et rentrera chez lui dans le Sud les poches gonflées d'écus...

Salon-de-Provence

Salon-de-Provence | ©Shadowgate / Flickr / CC-BY

Nostradamus fait le buzz

Quant à savoir si les prédictions de Michel sont exactes...

Je crois surtout qu'il avait bien compris qu'il se ferait beaucoup d'argent en jouant avec la naïveté et les peurs des gens.

Ses quatrains sont écrits dans un langage équivoque, sibyllin, propice à de multiples interprétations.

Il écrivait très bien, savait mettre la juste dose pour entretenir le mystère ! Disons-le : Nostradamus savait fait le buzz.

On sait maintenant que ses prophéties n'en sont pas : ce sont juste le récit de faits divers de l'époque, des histoires du 16e siècle dans lequel il vivait !

Il y ajoutait une tournure de phrase particulière (remarquez l'emploi de l'infinitif, l'oubli de date) et hop, le doute était semé...

Prédiction d'un bain de sang

Tenez : en 1562, le baron de Crussol débarque avec ses troupes catholiques dans le Sud, pour mater les protestants...

Crussol passe par Salon : il demande à Michel si tout va bien se dérouler.

Michel répond que sa mission prendrait fin « quand les arbres seront chargés de nouveaux fruits »...

Quelques jours plus tard, on apprend que les catholiques massacrent les protestants, à Barjols.

Crussol débarque, remet de l'ordre et punit tout le monde... en les pendant à des arbres. Alors, la prédiction de Nostradamus s'est-elle réalisée ?

Non, Michel comme d'autres avait vu la montée des troubles religieux et pensait bien que cela dégénérerait un jour.

Dans ces situations-là, tout se finit toujours dans le sang... Observateur, Michel !

Le musée Nostradamus

Le musée se trouve dans la maison où Nostradamus passe la dernière partie de sa vie.

Il y rédige les 1 000 quatrains de ses Centuries : encore aujourd'hui, c'est le livre le plus lu après la Bible, avec quelque 5 000 éditions !

On découvre 10 tableaux sonorisés pour revivre les grands moments de la vie de Nostradamus.

On retrouve sa généalogie, ses livres de prophéties dans des éditions anciennes, son cabinet de travail et des œuvres de son fils César...

À découvrir aussi, une salle consacrée à la vie quotidienne au 16e siècle, avec pots à pharmacie ainsi que tout l'attirail du médecin...

Source

  • Jean-Paul Clébert. Guide de la Provence mystérieuse. Éditions Tchou, 1968.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !