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Napoléon III

Napoléon III par Nadar | the lost gallery / CC-BY
Napoléon III

Sous Napoléon III (1852-1870), premier président de la République en 1848 puis empereur 4 ans plus tard, c'est le style second Empire. Un style éclectique, c'est sûr ! Entre néo-gothique ou néo-renaissance, il y en a pour tous les goûts !

C'est l'architecte Charles Garnier (qui fait construire l'Opéra de Paris à la demande de l'empereur) qui répond à nos questions, aujourd'hui.  

SOMMAIRE

1 - Petit aperçu de la vie de Napoléon III 2 - Les demeures royales de Napoléon III : Compiègne, Fontainebleau, le Louvre 3 - Le baron Haussmann et Paris 4 - Viollet-le-Duc et Prosper Mérimée

Petit aperçu de la vie de Napoléon III

Anecdotrip : Alors, l'empereur ? Un bon chef d'Etat ?

Charles Garnier : Quand on pense à Napoléon III, on se dit immédiatement qu'il a eu une bien mauvaise réputation ! Peut-être parce que l'empereur a eu accès au pouvoir grâce à un coup d'Etat ?

Peut-être à cause du caractère très rigide de Napoléon, son contrôle incessant sur la presse, l'exil des opposants au pouvoir ? Peut-être.

Mais bon, second Empire rime aussi avec prospérité économique et modernité ! On bénéficie des progrès liés à la révolution industrielle, le réseau ferré se développe de façon phénoménale (les voies passent de 3 000 à 18 000 km), les grandes agglomérations grandissent d'un coup et se modernisent (à Paris, merci, monsieur Haussmann !)...

De grandes banques voient le jour à cette époque : le Crédit Lyonnais en 1863, la Société Générale en 1864. Les grands magasins fleurissent dans la capitale : le Bon Marché, la Samaritaine, le Printemps ! Et puis, rendons à César ce qui est à César, comme on dit, Napoléon a quand même fait beaucoup pour le peuple, la « classe souffrante » comme il le dit lui-même : il se dit socialiste, écrit même un petit livre sur L'Extinction du Paupérisme avant de se lancer dans la lutte contre le chômage.

Il développe les coopératives, légalise le droit aux grèves. Mais, bon, face aux grands bourgeois, on a toujours des ouvriers et des gens qui sont dans la misère : ils ont du travail, mais leurs conditions restent précaires et très difficiles. Comment Napoléon III est arrivé au pouvoir ?

D'une façon peu orthodoxe ! La IIe République ne va pas bien : après les journées révolutionnaires de 1848, le pays est en piteux état ! Il faut qu'avec les élections présidentielles, on élise quelqu’un qui rétablisse l'ordre et fasse quelque chose pour tous les ouvriers.

Qui ? On parle d'un certain Louis-Napoléon Bonaparte (hé oui ! Le neveu du petit Corse premier du nom), dont le nom ne dit pas grand chose aux gens...

Pourtant ! Louis avait tenté de prendre le pouvoir pendant la monarchie de Juillet, par un coup d'Etat mal goupillé. Direction le château de Ham, d'où notre prince s'évade et regagne la France... pour se présenter aux élections, donc ! On rit, en le voyant, d'abord : Ledru-Rollin le traite même d’imbécile ! Oui, mais en attendant, il est élu. Elu pour 4 ans avec à la fin du mandat impossibilité de se représenter...

Mais ça, Louis ne veut pas ! Il veut rester en haut de l'affiche, et pour ça... une seule solution, le coup d'Etat ! Celui du 2 décembre 1851, jour anniversaire du sacre de son tonton, en 1804.

On annonce alors la dissolution de l’Assemblée législative et le rétablissement du suffrage universel. Des barricades envahissent alors Paris : c'est la guerre ! Mais la propagande ayant bien fait son travail (de présenter Louis comme celui qui va rétablir l'ordre), le coup d'Etat est ratifié fin 1851.De nombreuses personnes sont envoyées en exil pour s'être opposées au coup d'Etat, dont Victor Hugo, envoyé dans les îles anglo-normandes...

Figurez-vous que c'est là qu'il écrit ses pamphlets Napoléon Le Petit et surtout, Les Châtiments !

Et un an jour pour jour après sa prise de pouvoir choc, Louis devient empereur sous le nom de Napoléon III. Un second Empire qui a un vague goût de monarchie, dites donc !

On fait même supprimer la devise « Liberté, égalité, fraternité »...

Les demeures royales de Napoléon III : Compiègne, Fontainebleau, le Louvre

Alors... Commençons par Compiègne (60) !

Comme pour Fontainebleau, on vient à Compiègne l'automne. Napoléon, sa femme Eugénie de Montijo et leur cour se retrouvent grâce aux célèbres « séries de Compiègne », rendez-vous de deux semaines environ, où est invité tout le gratin du second Empire pour chasser et s'amuser.

Mais en attendant, Napoléon ne chôme pas ! Il fait construire la galerie (ou salle de bal), remplacer le vieux mobilier par des meubles récents dans les grands appartements, réaménager la bibliothèque, restaurer les écuries... Aah, mais c'est à Compiègne qu'a eu lieu la fameuse dictée ?!

Mais oui ! Celle proposée par Prosper Mérimée (ami de l'impératrice depuis longtemps) pour occuper la galerie...

Saviez-vous qu'Alexandre Dumas fils fait 24 fautes, et le prince de Meternich, pourtant d'origine autrichienne, seulement 3 fautes ?

Partons à Fontainebleau (77) maintenant !

La cour de l'empereur aime à y aller en automne. Pour la beauté de la forêt enflammée de couleurs rousses, peut-être ?

C'est à cette époque que la salle de spectacle, construite en 1733 par Louis XV, part en fumée dans un incendie et que la nouvelle voit le jour.

Mais c'est aussi l'installation d'un musée chinois en 1863, qui regroupe les objets chinés par l'impératrice Eugénie ! C'est aussi là que l'empereur reçoit des ambassadeurs siamois, en juin 1861.

Reçus dans la salle des fêtes du château, le tableau (peint par Gérôme) qui représente ce moment se trouve au château de Versailles ! Et le Louvre ?

Je vais terminer avec les appartements du Louvre (75) : parce que c'est un Louvre tout nouveau, qui s'aménage à l'époque !

Après les travaux d’agrandissement d'Henri III, Henri IV, Louis XIII, Napoléon Ier, Louis-Napoléon perpétue la tradition.

C'est à l'architecte Visconti que l'empereur confie le soin de réaliser un devis, dès 1849, puis dès 1852, de construire les nouveaux bâtiments. On pose la première pierre en juillet 1852 ! Mais Visconti meurt à la fin de l'année, et c'est l'architecte Lefuel qui reprend le flambeau, l'homme qui a réaménagé Fontainebleau pour l'empereur. Lefuel construit donc les bâtiments qui se trouvent au nord et au sud de la place dite « cour Napoléon ».

Ceux du nord se composent du ministère de la Maison de l'empereur. Enfin, en août 1857, on inaugure le palais en grande pompe.

Et vous savez quoi ? Les appartements, typiques du style second Empire, se visitent ! Entre la Joconde et la Vénus de Milo, c'est un must, unique et somptueux !

Le baron Haussmann et Paris

Les travaux d'Haussmann ont transformé Paris en ville lumière, où bourgeois et aristocrates font la fête, sortent au théâtre, sur les Grands-Boulevards, dans les meilleurs restaurants...

Jacques Offenbach y crée ses opérettes, la Vie Parisienne, la Belle Hélène... une vie insouciante sous le second Empire, en somme ! Mais qu'est-ce qui a vraiment changé, avec Haussmann ?

Le Paris actuel, c'est le Paris conçu par Haussmann ! Louis-Napoléon veut une ville moderne, capitale somptueuse à l'image de la France qu'il veut plus puissante.

Pour ça, il s'entoure du préfet Haussmann pour revoir entièrement le plan des rues.

Car Paris en ce milieu de 19e siècle a encore une physionomie très médiévale, vieille, sale et sombre !

Il faut percer de grandes voies, plus claires, plus sûres, tailler des immeubles bourgeois en pierre de taille, planter des arbres, construire de larges trottoirs : ça tombe bien, le macadam inventé par l’Écossais du même nom vient juste de sortir ! Il fait son apparition à Paris sous le second Empire... Haussmann fait percer les boulevards du Sébastopol et de Saint-Michel, le boulevard Haussmann, le boulevard Malesherbes...

Tous dans un même esprit : la ligne droite.En même temps, de grands bois voient le jour à la périphérie de la ville : on a le bois de Boulogne, le parc Monceau, les Buttes-Chaumont, le bois de Vincennes ! Les Parisiens connaissent bien le bois de Boulogne ! Mais sait-on que c'est grâce à Napoléon III qu'il a cet aspect là aujourd’hui ? Et puis d'ailleurs, on doit presque tous nos jardins publics actuels à l’empereur, qui voulait offrir au peuple de petits espaces verts rien qu'à eux.

Il crée près de 2 000 ha de jardins (pour la plupart inspirés de la mode des parcs à l'anglaise), aidé de Haussmann et du service municipal des Parcs et des Plantations, avec l'ingénieur des ponts-et-chaussées Alphand et l'architecte Davioud. Le bois de Boulogne, c'est une très vieille forêt, autrefois appelée forêt de Rouvray, qui a connu bien des aménagements : percée de deux routes (de Passy à Boulogne et de Passy à Neuilly) sous Louis XI, construction du château de Madrid sous François Ier, aménagement de remparts (l'endroit est mal fréquenté) par Henri II, plantation d'arbres et aménagement d'allées pour la chasse à courre sous Louis XIV, construction de « folies » au XVIIIe s... La Révolution détruit tout et les gens délaissent la foret... jusqu'au second Empire ! L'Etat l'acquiert en 1848 et Napoléon la donne à la ville de Paris 4 ans plus tard en la chargeant d'en faire un lieu de promenade publique.

Entre 1852 et 1855, on démolit les fortifications, on développe les routes (plus de 100 km), on aménage le lac Supérieur et le lac Inférieur avec cascades et îles artificielles.

Entre 1855 et 1858, c'est au tour de l'hippodrome de Longchamp d'être construit. 400 000 arbres sont plantés, de petits pavillons font leur apparition un peu partout : comme celui du lac Inférieur, ce kiosque construit par Davioud en 1857 pour le couple impérial !

Viollet-le-Duc et Prosper Mérimée

Viollet-le-Duc a beaucoup fait pour la réhabilitation de l'architecture médiévale. Avec lui se font de grands chantiers, une première au 19e siècle : la cité de Carcassonne, Notre-Dame de Paris, les châteaux de Roquetaillade, de Pierrefonds, de Coucy... Sous le second Empire, on se passionne pour le Moyen-Age ! Normal qu'on veuille rendre leur lettre de noblesse à de grands monuments, non ?

Les premiers travaux de Viollet ?

Quand Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques (mais aussi son ami d'enfance), lui demande de restaurer l 'église de Vézelay : nous sommes alors en 1840, Eugène a 26 ans.

Et le voilà parti pour d'autres grands chantiers, dans toute la France !Autour de Mérimée gravite Viollet, mais pas que. On trouve aussi les architectes spécialement affectés à l'administration des Monuments historiques, Félix Duban (restauration du château de Blois), Emile Boeswilwald (restauration de la Sainte-Chapelle, de la cathédrale de Laon), Charles Joly-Leterme (abbaye Saint-Savin-sur-Gartempe)...

On a beaucoup reproché à Viollet de dénaturer complètement les monuments, de réinventer, d'en faire trop : un pastiche comme on les aime alors ! C'est le fameux style troubadour.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !