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Louis XV

Louis par Quentin de La Tour | Anecdotrip.com
Louis XV

Louis XV (1715-1774) : anecdotes et histoires sur sa table, ses filles, ses maîtresses, les parfums qu'on s'arrache à la Cour de Versailles... C'est le mystérieux comte de Saint-Germain qui répond à nos petites questions !

SOMMAIRE

1 - Petit aperçu de la vie de Louis 2 - Le château de Versailles 3 - Parfums et hygiène à la cour 4 - A la table de Louis 5 - La mode sous Louis XV 6 - Ameublement et style Louis XV 7 - Louis XV et les femmes

Petit aperçu de la vie de Louis

Anecdotrip : Alors ? Entre soupers fins et petits plaisirs, comment se passe ce règne ?

Comte de Saint-Germain : Vous le dites bien, le règne de Louis, c'est celui des Lumières, du plaisir, des fêtes galantes, du progrès des techniques, de la science, de l'amélioration de l'hygiène, l'ouverture des esprits. Même si, on est d'accord, ces grands progrès ne touchent qu'une infime partie du peuple ! Tout ça avec un affaiblissement de la monarchie, pourtant...

Au début de son règne, Louis jouit d'une très grande popularité : c'est le Bien-Aimé. Entre 1740 et 1748  a lieu la guerre de Succession d'Autriche. Avec une première campagne qui se termine par un succès : le roi revient à Paris en 1744 en paradant à travers les rues, la foule l'acclamant ! On murmure que Louis s'est comporté en vrai héros, qu'il a fait preuve d'un sang-froid sans faille. Et Louis devient le Mal-Aimé...

Dès 1748, rien ne va plus. Le traité d'Aix-la-Chapelle (1748), à la suite de la guerre avec l'Autriche, se solde par un échec : les troupes françaises ont gagné, oui, mais rien n'est fait pour la paix et on court à la catastrophe (la guerre de Sept Ans en découlera) ! Le peuple est très remonté contre son roi, qui se met à jaser : « Bête comme la paix » ! dit-on.

En plus, les aventures du roi avec ses différentes maîtresses font plus que jamais jaser ! Le pire, c'est lorsque les gens apprennent les sommes monstrueuses que La Pompadour engloutit dans ses toilettes, ses objets d'art, ses châteaux, ses nombreux hôtels particuliers (l'actuel palais de l'Elysée, entre autre). Et c'est le roi qui lui donne, cet argent ! Pendant que le peuple meurt de faim, tiens...

Les choses ne s’arrangent pas, avec ce fait divers très étrange : en 1750, des enfants et adolescents disparaissent subitement ! Les rumeurs les plus folles commencent à circuler, comme le bruit qu'un noble lépreux les enlève pour prendre des bains avec leur sang, pour se soigner ! Et qui devient le bouc émissaire, le coupable idéal ? Le roi !

C'est même peut-être lui, ce lépreux... L’imagination s'emballe, les esprits s’échauffent, et voilà Louis devenu le Mal-Aimé... En plus, la France ne fait que céder des terres, des terres, encore des terres ! Avec le traité de Paris, entre autre, en 1763 : l'Angleterre obtient une partie du Mississippi, les îles Grenadines, le Canada et toutes les colonies américaines...

L’Espagne obtient une partie de la Louisiane.C'est du propre ! A ça s'ajoute la décision, en 1763, d'instaurer la libre circulation des grains et des farines : un décret royal très mal accueilli par le peuple, qui se sent lésé encore une fois, et qui parle de « pacte de la famine ».

Surtout lorsqu'en 1767 le mauvais temps entraîne de très mauvaises récoltes et une hausse des prix du grain... Quand je vous disais que le pouvoir du roi se faisait de plus en plus contester, et bien voilà ! Dès 1768, les grandes villes de province et Paris rétablissent leurs propres règles concernant la vente des grains. Et tant pis pour le roi et son gouvernement ! Alors, le bilan de ce règne ?

On a souvent reproché à Louis son incapacité à prendre des décisions, sa maladresse, sa trop grande sensibilité... et le peu de décisions qu'il prend, il les prend mal ! Un des plus mauvais rois de France ? A vous de juger. En tout cas, il meurt oublié de tous, haï, même, en avril 1774...

Le château de Versailles

Louis XV, c'est le seul roi à être né et mort au château de Versailles, non ?

Oui ! Il y a vécu 57 ans. Et le chantier du château se poursuit tout le long de son règne, avec la construction du Petit Trianon et de l'Opéra. Commençons par le Trianon, alors !

Louis XIV fait construire le Grand Trianon : pour Louis XV, ce sera le Petit. Avant la construction de ce joli pavillon, on trouve des serres et un jardin botanique. Passionné d'agronomie, Louis charge Jussieu, dès 1751, de l'aménagement de ce jardin. La Marine de Louis rapporte des espèces rares du monde entier, des ananas, des micocouliers... que Louis cultive lui-même !

Et voilà qu'en 1762 se construit le Trianon, par Gabriel. Mme de Pompadour, pour qui Louis a fait aménager ce petit château, n'en profitera pas : elle meurt 4 ans avant son achèvement ! Le roi remplace sa favorite et hop ! Le voilà dans l'intimité de son Trianon avec Mme du Barry !

C'est aussi ici que Louis tombe gravement malade, en 1774. Son médecin le force à regagner le château... ne pouvant pas le laisser mourir dans un cadre aussi peu officiel.Bref ! Voilà l'Opéra, maintenant, commencé par Gabriel entre 1768 et 1770. Une grande première, ce théâtre !

Parce que sous Louis XIV, on n'a pas de théâtre à proprement parlé : on joue les pièces dans un genre de théâtre éphémère, soit dans les jardins, soit dans les Grandes Ecuries. A peine achevé, l'Opéra sert de cadre au mariage du futur Louis XVI et de Marie-Antoinette ! On y donne un spectacle sur une musique de Lully pour l'occasion.

Louis fait aussi des modifications dans le château, je crois ?

Mais oui ! Il transforme les grandes pièces pompeuses de son arrière-grand-père en petits appartements et en boudoirs très intimes ! Il y aménage par exemple le Cabinet de la Pendule, autrefois un petit salon de jeu : la pièce s’appelle comme ça parce qu’on y trouvait un mur composé de plusieurs cadrans astronomiques.

C'est là qu'il fait installer en 1754 la pendule de Passemant, une pièce rare et unique qui affiche le jour, le mois, l'année ! On dit que Louis adore regarder le passage à la nouvelle année, chaque 31 décembre... Il fait aménager aussi les « Salles neuves » à l'emplacement des appartements de Mme de Montespan. Au second étage, il fait aménager les petits Appartements : là même où ont vécu Mme du Barry et la Pompadour !

De vraies petites pièces, à taille humaine, très intimes, quoi ! Et vous savez quoi ? C'est dans ces appartements que le petit Mozart, alors âgé de 7 ans, joue pour Louis et sa femme, la reine Marie en janvier 1764 ! Dans le Salon du Grand Couvert, plus exactement... Le jeune Wolfgang est accompagné de son père et de sa sœur... et il séduit Marie et ses filles ! Elle lui sert d'interprète auprès du roi, et le prodige compose des sonates pour les demoiselles.

Parfums et hygiène à la cour

Ah ! Alors, cette hygiène ? Les choses ont pas mal bougé, depuis le règne du roi Soleil !

Effectivement, au 17e siècle, on privilégie la « toilette sèche », mais le 18e siècle signe le grand retour du bain ! A la cour de Louis, on aime les parfums doux. L'eau de Cologne date de cette époque, d'ailleurs : il devient le parfum préféré du roi ! La cour des Lumières s'appellera désormais la « cour parfumée »... Tous les courtisans ont chez eux leur propre « cave à parfums », qui leur permet de faire eux-mêmes leurs mélanges.

Pour le bain, on le prend dans une baignoire le plus souvent en cuivre, recouvert d'un drap pour filtrer l'eau : en effet, plusieurs personnes utilisent souvent la même eau d'affilée. Et puis, on y passe beaucoup de temps, dans ce bain, car grâce à différents accessoires, on peut y lire ou y écrire ! Le bidet, les tables de toilettes avec leurs boîtes à mouches et les nécessaires de toilette comprenant savons et huiles parfumées voient aussi le jour... Vous pouvez nous en dire plus, sur l'eau de Cologne ?

Bien sûr ! Aah... l'eau de Cologne ! Vous en utilisez encore de vos jours, pas vrai ? C'est un Italien du nom de Jean-François Farina, installé à Cologne, qui met au point cette eau en 1708 (appelée « eau admirable ») dans sa parfumerie, la Farina gegenüber. Il écrit même un petit manuel, Vertus de l'eau admirable, appelée eau de Cologne ! Dès fois qu'on ne saurait pas quoi en faire ?

Mais, c'est que la chose n’est pas forcément évidente, parce qu'elle parfume, notre eau, mais elle soigne, surtout ! Dans ce manuel, donc, Farina rapporte comment son élixir a la propriété de « rétablir les parties du corps attaqués de quelque mal, de les fortifier en leur insinuant une chaleur modérée et vivifiante. »

A l'époque, on peut même en mettre quelques gouttes dans du vin ou du bouillon ! Ou simplement s'en frotter « les parties affligées » ou les tempes. « C'est un remède souverain contre « l'apoplexie, la paralysie, les tremblements, et généralement toutes les maladies du cerveau... » Mais elle guérit aussi la migraine, la colique, les brûlures, les contusions, les palpitations, la « puanteur d'haleine »... Un médicament plus qu'un parfum, donc, vous voyez ! Mais au fait, de quoi est-elle faite, cette eau miraculeuse ?

De beaucoup de choses ! Voilà pour ceux qui voudraient refaire la recette originale chez eux... On a besoin de mélisse ou de marjolaine, de thym, de romarin, d'absinthe, de fleurs de lavande, de racines d'angélique, de cardamome, de baies de genièvre, d'anis, de carvi, de fenouil, de cannelle, de muscade, de girofle, d'écorces de citrons, d’huile de bergamote.

A la table de Louis

Comment se passent les repas de Louis ?

L'heure n'est plus aux grands soupers cérémonieux : on préfère les soupers fins, plus intimes. Louis aime prendre ses repas en famille. Famille qui mange comme des ogres ! On rapporte qu'un jour, la reine engloutit quinze douzaines d’huîtres avec 4 chopes de bières !

Mais bon, la palme dans ce domaine revient à Louis : il ne passe pas beaucoup de temps à table mais il mange beaucoup ! Allez, disons-le franchement, il adore manger : on raconte qu'une fois, en 1726, il fait un copieux repas dans un de ses châteaux franciliens, de retour de chasse. Il rentre à Versailles quelques heures plus tard et se remet à table... ce qui lui vaut une belle indigestion le matin même : résultat, des saignées ! Il adore les poissons d'eau douce. Il mange les œufs à la coque et les gens, parait-il, admirent la dextérité avec laquelle il enlève d'un seul coup de cuillère le haut de la coque ! Avec Mme de Pompadour, Louis mange des plats inventés par elle et son cuisinier : les poulets de Lurlubie, les tourtereaux à l'impromptu... surprenants et délicieux, dites donc ! La cuisine du 18e siècle est globalement plus fine, plus savoureuse !

Hé, on est au siècle des Lumières, oui ou non ? La cuisine sous Louis XV est totalement différente de celle du Moyen Age ou du 17e siècle : finies les sauces grasses, les épices !

On en vient à quelque chose de fin et de raffiné, moins lourd, bien sûr ! Le cuisinier Marin met en avant les fonds de sauce ; on cuit moins longtemps les viandes ; on fait revenir de plus petits morceaux de viande dans de la matière grasse et on les déglace avec du vin ou de la liqueur.

Tenez, à propos, saviez-vous que Marin, cuisinier du prince de Soubise, a inventé une omelette royale aux crêtes de coq et aux laitances de carpe exprès pour Louis XV ? Elle coûte alors 100 écus... Mouthier, le cuisinier de Mme de Pompadour, compose des plats qui garantissent une vie longue et saine !

Et les livres de cuisines sont toujours aussi populaires ! Sous le règne de Louis XV, on voit paraître Le Cuisinier moderne, écrit en 1735 par Vincent La Chapelle. En 1739, François Martin publie Les Délices de la Table. Un livre en particulier, Eléments de Politesse et de bienséance ou la civilité qui se pratique parmi les honnêtes gens, paru en 1766, dicte les règles de bonne conduite :

« Ne poussez pas du coude ceux qui vous sont proches. Ne témoignez par aucun geste que vous avez faim et ne regardez pas les viandes avec une espèce d'avidité, comme si vous deviez tout dévorer. Ne mangez pas goulûment. Ne faites pas de bruit en vous servant, n'en faites pas non plus en mâchant les viandes. Ne sucez pas les os pour en tirer la moelle. Ne mordez pas dans votre pain. Il est incivil de se nettoyer les dents avec un couteau ou une fourchette... Quand on a les doigts gras, il faut les essuyer à la serviette et jamais à la nappe ni à son pain. »

Allez, donnez-nous faim avec un exemple de menu tel que le mange Louis XV !

Et bien, voilà par exemple le menu pour les jours gras (sans poissons) : deux potages de chapons vieux et de perdrix aux choux ; deux moyens potages à la bisque de pigeonneaux et de crêtes de coq, 4 petits potages hors-d’œuvre faits de chapons haché, de perdrix aux lentilles, de poulets farcis et de chapon au blanc.

en entrée, quartier de veau et pigeonneaux en tourte ; deux moyennes entrées : poulet fricassé et perdrix en hachis ; 6 petites entrées hors-d’œuvres : perdrix au jus, tourtes à la braise, dindons grillés, poulet gras aux truffes, poularde dépecées aux truffes ; rôts : deux plats avec chapons gras, poulets, pigeons de volière, perdrix et tourtes ; deux plats de rôts avec bécasses, sarcelles, perdrix. Plus légumes, salades, crèmes, rissoles, beignets... Appétissant, dites donc... Et les nouveautés ?

Ah, beaucoup de choses ! Saviez-vous que la reine Marie Leszczyńska passe pour avoir inventé les bouchées à la Reine ? Et que Nicolas Stohrer, pâtissier de Marie, invente le baba au rhum ? Son père, le roi de Pologne Stanislas, adore ce gâteau arrosé de vin...

Sinon, le thé, le café, le chocolat ont enfin fait des adeptes : on utilise des cafetières, des théières, des sucriers... On adore aussi les glaces et surtout les sorbets, faits de glaces pilées et de fruits frais ou en coulis. La glace prélevée en hiver est conservée dans des glacières très profondes, et on peut manger ces sorbets en été..

Et puis, en 1733, on se met à cultiver un nouveau fruit, l'ananas, pour la première fois ! Jean de Léry l'avait pourtant rapporté du Brésil vers 1550, mais ce fruit trop exotique n'avait pas vraiment séduit les Français... On le met dans des serres, car ce fruit ne pousse bien sûr que dans un climat tropical...

Côté art de la table, on mange dans de magnifiques services de porcelaine de Sèvres ! Issus de la manufacture royale fondée en 1738 à Vincennes et transférée à Sèvres en 1756... Enfin, on avait vu que sous Louis XIV, on mettait les verres sur une desserte, « loin » des convives, mais là, on met enfin les verres à table ! Plus pratique, en effet ! Et les boissons ?

On boit depuis un moment déjà le vin de champagne, blanc ou rouge (le roi Soleil adore). Mais pas de champagne pétillant tel que vous le buvez maintenant ! Un moine du nom de Dom Pérignon avait déjà initié le mouvement, sous le règne de Louis XIV, en inventant le système de fabrication du champagne actuel. Malheureusement pour lui, le succès n'est pas au rendez-vous...

Il faut attendre le règne de Louis XV pour que le champagne gagne ses lettres de noblesse. On en met même dans les sauces ! Mme de Pompadour en raffole et le popularise auprès des courtisans. Une boisson légère comme les mœurs du temps... Sinon, Louis adore le café. Il le prépare lui-même pour ses courtisans. Le jardinier en chef de Versailles, Lenormand, cultive une dizaine de caféiers en serre, dont le roi se sert pour sa consommation personnelle.

La mode sous Louis XV

Alors, cette mode ? Toujours aussi extravagante ?

Les hommes d'abord. Rien de bien compliqué : on porte une veste (brodée d'or dans les cas les plus chers) entrouverte sur un jabot de dentelle ; en bas, une culotte étroite. Des souliers en cuir verni flanqué de hauts talons : talons rouges, bien sûr, que seuls les nobles portent en signe de reconnaissance !

Ces messieurs sous Louis XV portent beaucoup de bijoux ! Bagues aux doigts, boucles d'or aux souliers, gardes d'épées ornées de pierres précieuses, pommeaux de cannes... et dire que Georg Frederich Strass vient d'inventer son faux diamant en 1738 ! Un homme célèbre, qui entre deux ans plus tard dans le dictionnaire de l'Académie française !

On a toujours la perruque : en 1757, L'encyclopédie perruquière paraît, gros livre qui regroupe une cinquantaine de perruques toutes différentes, inventées par les sieurs André et Beaumont : perruques aux nids de pie, à la rhinocéros, à la comète, à la lunatique, à l’inconstant, à la cabriolet... Les femmes ne sont pas en reste.

Leurs coiffures, leurs accessoires, leurs rubans ont des noms incroyables : coiffure à la culbute, sourcils de hanneton, battans pouce, suffoquans, bagnolettes... Ah, les femmes ! Côté mode, elles sont servies ! Un coiffeur, Legros, ouvre une Académie de coiffure, et publie son livre L'Art de la Coiffure des dames Françaises.Tout un art, la coiffure, à l'époque !

Peu avant la mort de Louis XV, le coiffeur Léonard rivalise d'inventivité : la coiffure à la Dauphine, à la monte au ciel, à la loge d'opéra, à la quésaco, en pouf... Celle-ci est un amas de plumes, de bijoux, de rubans, de fruits, de fleurs, de petits oiseaux tout en carton peint ! Oui, on compose de vraies petites scènes miniatures dans les cheveux de ces dames...

Quoi ? Comment faire pour passer les portes, vous dites ? Bonne question ! Ces dames utilisent toujours les mouches, qu'on taille en forme de lune, d'étoile ! Elles font toujours ressortir la blancheur de la peau, sans en mettre trop, bien sûr : une courtisane en met en général 7 et ne sort jamais sans sa boîte à mouche !

Les femmes aiment les éventails, toute l'année, en bois précieux parfumés et incrustés de bijoux. Les mouchoirs, aussi, qu'on n'utilisent jamais pour se moucher, mais comme objet de luxe qu'on montre comme signe extérieur de richesse... car brodés d'or, souvent !

Les chaussures des femmes sont mordorées, dorées ou argentées, en cuir, à talon pointu. Les boucles sont en or, de vrais bijoux ! La mode dite « à la grecque » se développe : la coiffure à la grecque, avec les cheveux crêpés et relevés en toupet, flanqués d'un bonnet de dentelles et de plumes.

Puis, toutes les parties des vêtements deviennent « à la grecque », sans qu'on puisse vraiment définir en quoi cette mode consiste vraiment ! Par exemple, on porte à la cour de Louis la mode « à la Jeanne d'Arc », mais on ne s'habille pas en garçonne guerrière pour autant...

Même chose pour le costume « à la Henri IV ». Après le mariage de Louis et de Marie, la mode devient tout naturellement « à la polonaise ». On voit aussi le retour de la mode « à l'espagnole », avec les mantilles en fourrures et en velours. Qui a dit que la mode est un éternel retour ?

Ameublement et style Louis XV

On a plusieurs styles : le style rocaille, le style Pompadour (entre 1750 et 1774), le style grec (entre 1759 et 1764). Mais qu'est-ce qui caractérise vraiment ce style Louis XV ?

Une grande légèreté, en réaction au style très lourd des meubles de Louis XIV. On ne veut plus des meubles pour régner, commander, mais un mobilier confortable, propice aux confidences et à l'intimité, avec des coussins moelleux...

On veut des meubles qui s'accordent aux pièces plus petites, plus chaleureuses, avec des boiseries couleur pastel, comme le vert d'eau, le rose pâle. On appelle ces meubles « meubles volants », en opposition avec les « meublants » de Louis XIV ! Ca veut tout dire, non ?

On place des glaces avec des cadres dorés, des meublés laqués, des petits meubles Boulle (tiens, souvenirs du règne du roi Soleil, pas trop encombrant, ceux-là !), on recouvre les fauteuils de tissus en satin ou en soie de couleur très douce. On préfère les fins tapis orientaux aux tapis trop épais des Flandres.

En fin de compte, le mobilier Louis XV est petit, ce sont surtout des tables de jeux, des commodes... Pour ces meubles, on aime le bois précieux, avec une décoration fine faite de volutes et d'éléments floraux. On aime les panneaux laqués, d'où l'utilisation du vernis Martin. Le vernis Martin ?

Oui ! Elaboré par les frères Martin pour remplacer la laque chinoise très coûteuse. Les frères appliquent leur vernis partout, sur des lambris, des tabatières, des chaises à porteurs, des meubles, des coffres...  Le plus bel exemple à l'époque reste un magnifique carrosse sur fond « vert aventurine », entièrement décoré de motifs floraux ! Car, oui, on peut teinter la laque dans toutes les couleurs possibles !

La renommée des deux frères grandit vite, à tel point qu'ils possèdent 3 ateliers à Paris avec le titre de manufacture royale ! Louis (qui adore cette laque !) réquisitionne même un des Martin pour la décoration de ses appartements de Versailles, entre 1749 et 1756.

Et comme tout ce que le roi aime, la laque devient une grande mode ! Mme de Pompadour (qui a beaucoup fait pour les arts et collectionne de très beaux meubles) aime particulièrement ce vernis. Ah, et bien, tenez, on parle de Mme de Pompadour, et bien, allons faire un tour du côté de chez elle, au château de Ménars : comment l'a-t-elle meublé ?

On trouve dans le grand salon des lambris sculptés, deux canapés et 6 chaises recouverts de tapisserie des Gobelins pour les premiers et de de damas rayé vert et blanc à motifs floraux sur les fauteuils, des dessus de porte dorés et sobrement sculptés.

Dans sa chambre, tous les tissus du lit, des murs, des fauteuils sont « de perse à fond blanc et taffetas vert », du mobilier « à la grecque » en acajou. Toutes les pièces ont des tissus spécialement composés par la marquise, tous fleuris.

Louis XV et les femmes

Ah ! Voilà un chapitre intéressant... Quid de ses maîtresses ?

Louis est un homme séduisant. Sa femme, la reine Marie Leszczyńska, lui voue un amour inconditionnel. Elle dit : « Je suis plus flattée d'être la femme du roi et la mère de mon fils que d'être la reine. N'en dites pas mot, mais j'aime le premier à la folie » Marie donne à Louis 10 enfants, dont 7 restent en vie, 6 filles et un garçon ! Victoire, Adélaïde, Sophie, Elisabeth, Henriette, Louise, les 3 premières surnommées par leur père Loque, Chiffe et Graille !

Louis voue pour ses filles un très grand amour.Oui, mais c'est sans compter ses nombreuses favorites, qui viennent troubler la quiétude de la reine !

Ah, c'est que Louis en a eu, des maîtresses ! Les 4 sœurs de Mailly-Nesle (la comtesse de Mailly, la comtesse de Vintimille, la duchesse de Lauraguais, la duchesse de Châteauroux) ; Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour ; Jeanne Bécu de Cantigny, comtesse du Barry ; Marie-Louise O'Murphy ; la duchesse de Narbonne-Lara ; la marquise de Montmélas ; la baronne de Meilly-Coulonge ; Mme de Bonneval et j'en passe...

Mais dès 1750, Louis « consomme » véritablement les femmes, toutes très, très jeunes, comme la célèbre Marie-Louise O'Murphy, immortalisé par le tableau coquin de François Boucher... L'Histoire a surtout retenu les noms de La Pompadour et de la Du Barry. La Du Barry : c'est une fille du peuple ?

Jeanne Bécu n'a rien d'une noble. Oh que non, fille de domestique, née en Lorraine (à Vaucouleurs) en 1746, elle sort du couvent et monte à Paris vers l'âge de 15 ans pour entrer comme vendeuse dans un magasin de mode de la rue Saint-Honoré. Elle entre alors comme demoiselle de compagnie de plusieurs dames.

Et là, elle croise le chemin du comte Jean-Baptiste du Barry, qui en fait sa maîtresse. On dit même qu'il la prostitue ! Jeanne est superbe : elle a des yeux bleus, des sourcils noirs, des joues rosées qui porte des mouches, un nez fin et un regard voluptueux. En 1768, Du Barry se vante de sa magnifique fiancée dans tout Paris ! Et on se met en tête de la présenter au roi !

En 1768, la chose arrive... et lorsque Louis croise son regard... coup de foudre ! Mais lorsque plus tard, le roi veut la présenter en tant que nouvelle favorite, problème, Jeanne n'est pas mariée ! Louis décide donc, puisque Jean-Baptiste Du Barry s'est casé depuis, de la marier avec son frère Guillaume Du Barry !

Mais elle n'est pas noble, et pour que le monsieur ne rechigne pas, on la renomme Jeanne Gomard de Vaubernier. Et la voilà devenue comtesse... Elle peut entrer à Versailles. Mais les mauvaises langues déversent vite leur poison : les pamphlets se multiplient à l’encontre de cette femme du bas peuple ! L'un d'eux dit :« France, quel est donc ton destin, D'être soumise à la femelle ? Ton salut vint d'une pucelle, tu périras par la catin. »

Un autre dit : « Elle excite avec art un vieux paillard, En maison bonne elle a pris des leçons, elle en sait long. » Une chanson appelle Louis « monsieur Blaise » et la Du Barry « la belle Bourbonnaise » et on la chante partout à Paris ! Même Voltaire (qui n'aime pas vraiment la dame) est suspecté d'avoir écrit un pamphlet injurieux, La Cour du Roi Pétaud :

« Il vous souvient encore de cette tour de Nesles, Mintiville, Lymail, Rouxchâteau, Papomdour, Dans cette foule enfin de peut-être cent belles Qu'il honora de son amour Pour choisir celle qu'à la cour On soutenait n'avoir jamais été cruelle La bonne pâte de femelle, Combien d'heureux fit-elle, dans ses bras ! Qui, dans Paris, ne connut ses appâts ? Du laquais au marquis, chacun se souvient d'elle. »


Personne ne l'aime à la Cour. Vous savez quoi ? Un jour qu'elle se trouve à Marly, Jeanne s’assoit sur un banc dans le jardin à côté de la princesse de Guéménée... qui se lève brusquement, en lâchant un sonore « Fi ! L'horreur ! » A peine une heure après, on chassait la dame de Marly... On raconte que Jeanne parle comme un charretier : « Ah, je suis frite ! » s'exclame-t-elle en perdant un soir aux cartes. On lui répond : « Il faut vous en croire, vous devez vous y connaître ! » Sa mère avait été cuisinière, parait-il, c'est pour ça...

Un autre jour, le roi se fait du café, lais il a laissé la cafetière brûler. Mme du Barry aurait dit : « Eh, la France, prend garde, ton café fout le camp ! » Le roi et sa maîtresse ne se tutoyait jamais, et la France, c'est le valet de madame ! Contrairement à Mme de Pompadour, elle ne cherche pas à s'impliquer dans les affaires d'Etat ou celle du roi ; en matière de gouvernement.

Les mauvaises langues se sont beaucoup déchaînées, mais vous savez bien, entre la jalousie et l'envie... La Du Barry serait en fait cultivée, très délicate !En attendant... Louis aime tellement les femmes qu'il finit par attraper la petite vérole : dès avril 1774, la maladie se déclare. Il mourra à peine 10 jours plus tard... Louis XVI s'empresse de chasser la Du Barry au couvent de l'abbaye de Pont-aux-Dames.

Pourtant, elle se fait construire le pavillon de Louveciennes par Ledoux, et même Louis XVI lui donne une rente ! Elle finit par s'y installer et y dépense tout son argent, fait des dettes colossales. Jeanne la roturière connaîtra une fin terrible, en pleine tourmente révolutionnaire : en décembre 1793, on la guillotine place de la Concorde, en tant qu' « ennemi de la Révolution »... Ses derniers mots auraient été : « Encore un instant, Monsieur le bourreau. »... La Pompadour : avec elle, c'est élégance et volupté !

Tout le contraire de la Du Barry, oui... Belle, cultivée, intelligente, délicate et raffinée. Plus qu'une favorite, elle devient l’âme sœur de Louis ! C'est pendant le « bal des Ifs » que Louis fait la connaissance de Jeanne, un bal donné à l'occasion du mariage de son fils à Versailles. Nous sommes en février 1745, et le roi vient de perdre sa maîtresse, Mme de Châteauroux...

Les courtisans costumés rivalisent de beauté, mais la palme revient aux jeunes femmes : surtout l'une d'elle, dont le regard croise celui du roi : elle est déguisée en Diane chasseresse, ses yeux qui brillent derrière son masque sont magnifiques.Quelques jours plus tard, lors d'un bal à Paris, ils se rencontrent à nouveau.

Le roi l'invitera ensuite à Versailles, de plus en plus souvent, jusqu'à ce qu'elle devienne sa maîtresse. Pourtant, le roi avait déjà rencontré la belle Jeanne-Antoinette Poisson, épouse du seigneur d'Etioles, dans la foret de Sénart, pendant ses parties de chasse... Une jeune femme magnifique que sa mère avait éduquée de la meilleure façon, au cas où elle rencontrerait un prince !

Sa mère a toujours dit de Jeanne : « C'est un vrai morceau de roi, vous verrez quand elle sera grande ! » Ah, mais ça, on a vu, oui... Jeanne est mariée, mais elle ne pense qu'au roi : elle l'aime ! Elle suit tout de sa vie, de ses maîtresses, de ses parties de chasse où elle va à cheval ou dans une calèche, espérant l’apercevoir...

En 1745, donc, Louis fait de Jeanne sa maîtresse officielle. Sauf que... on ne peut pas la présenter en tant que « mademoiselle Poisson » ! Ni Le Normand d'Etioles, d'ailleurs... Alors, le roi lui donne le titre de marquise de Pompadour, du nom de la terre auvergnate qu'il vient de lui donner. C'est mieux !

Le soir du 14 septembre 1745, Jeanne est présentée à la foule, « curieux de voir cette petite bourgeoise prendre rang au milieu de la cour. » Très vite, Jeanne dispose de 180 000 livres de rentes, de superbes appartements à Versailles (et dans tous les châteaux de Louis XV) et le marquisat de Pompadour. Bon, je ne vous cache pas que certains jouent aux mauvaises langues derrière le dos de la marquise !

On chante alors dans tout Paris :« Autrefois de Versailles Nous venait le bon goût Aujourd'hui la canaille Règne et tient le haut bout. Si la Cour se ravale, De quoi s'étonne-t-on ? N'est-ce pas de la halle, Que nous vient le poisson ? »

Une méchanceté gratuite, qui n'empêche pas notre marquise de se mêler des affaires du pays et de philosophie ; elle soutient Voltaire et même les auteurs de l'Encyclopédie. Elle encourage tous les arts : le sculpteur Pigalle, le peintre Nattier, l'artisan Galluchat, l’ébéniste Oeben...

Elle contribue à la fondation de la manufacture de porcelaine de Sèvres. Elle même possède plus de 3 000 pièces de porcelaine dans ses différentes demeures ! Elle adore les pièces uniques à forme étrange, comme les vases « à têtes d’éléphants », les pots-pourris, avec des couleurs nouvelles comme le bleu céleste et le lapis-lazuli.

Elle ne veut que le bonheur de son amant, lui concocte des plats spéciaux lors de leurs petits soupers ; elle-même a ses propres élixirs, des repas à base de chocolat « à triple vanille et ambré », des truffes et du potage au céleri. « J'ai le malheur d'être d'un tempérament excessivement froid, dit-elle. J'ai imaginé prendre un régime un peu échauffant, pour réparer ce défaut, et depuis deux jours, cet élixir me fait du bien. » La marquise n'aura jamais d'enfants avec Louis. Elle s'éteint à l'âge de 42 ans, en 1764.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !